Ils descendirent sur le flanc de la colline, et s'approchèrent peu à peu des lumières de Felestor. Au fur et à mesure, Gabriel voyait se dessiner les ruelles pavées qui serpentaient à travers la ville. Les immeubles étaient d'une architecture très variée. À droite des bâtiments de pierre, de la même couleur que la Flèche, en forme de cubes, et percés de quatre fenêtres de chaque côté, avec des portes en forme de fer à cheval. Gabriel n'arrivait pas à déterminer si ces bâtiments étaient modernes ou anciens.
À gauche, les habitations semblaient constituées de coquillages collés les uns aux autres. Arrivé à la moitié de la colline, on pouvait toujours distinguer les sept quartiers, séparés par de larges avenues centrales, qui partaient de la Place des Sept jusqu'aux frontières de la ville.
Ils arrivèrent enfin au bas de la colline, passèrent les portes d'enceinte et s'engagèrent dans l'une des larges avenues qui séparait les quartiers de la cité. De chaque côté de l'avenue, des bannières flottaient, accrochées aux fenêtres.
Apparemment, ils devaient se trouver à la frontière entre deux quartiers car les bannières n'étaient pas les mêmes de chaque côté de la rue. Du côté gauche, les bannières représentaient un calmar géant. Le fond de la bannière était bleu ciel, et les lettres blanches tracées sous le dessin brillaient à la lumière des lampadaires.
— Strongest in the sea..., lut Gabriel. Le plus puissant en mer...
Donc l'un des sept fondateurs était gardien des calmars. Comment avait-il découvert ses pouvoirs ? Il ne devait probablement pas rencontrer de calmar tous les jours...Peut-être en avait-il vu dans un zoo ou un parc ? Non, à l'époque, cela n'existait probablement pas...
De l'autre côté de l'avenue, les bannières représentaient un cheval noir, cabré sur ses pattes arrières. Le vent qui agitait les bannières semblait lui donner vie, et sa crinière virevoltait furieusement. Le fond des bannières était gris, et les lettres vert sombre traçaient un seul mot : « Purebred ». Pur-sang...
À cet instant, un homme en haillons surgit en courant d'une des rues adjacentes et vint s'écraser devant eux. Il n'avait pas de chaussures, et ses longs cheveux sales lui couvraient le visage. Leur petit groupe s'immobilisa, surpris, mais le contrôleur se contenta de contourner l'homme, qui sanglotait à présent, et continua son chemin comme si de rien n'était.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda quelqu'un derrière Gabriel. Pourquoi est-ce qu'on s'arrête ?
Des éclats de rire et des quolibets s'élevèrent de la ruelle d'où l'homme était arrivé, et un second groupe surgit dans l'avenue principale. Ils étaient tous vêtus de gris. À leur tête, un homme grand, aux longs cheveux roux et aux yeux bleus, arborait un sourire découvrant des canines pointues.
— La prochaine fois, réfléchis-y avant de venir dans notre quartier, sale raille, lança-t-il à l'homme en haillons, qui leva les bras comme pour se protéger des paroles du roux.
Le vagabond répondit dans une langue que Gabriel ne connaissait pas ; mais ce qu'il dit ne plut pas à l'homme roux. Celui-ci s'approcha du vagabond en serrant les poings.
— Eho ! s'exclama le contrôleur en revenant sur ses pas. Qu'est-ce que vous attendez, vous tous ?! Nous sommes déjà très en retard ! Suivez-moi ! Laissez-les s'occuper de son cas, ce n'est qu'un raille !
Le groupe se remit en marche tandis que le roux s'approchait de l'homme tombé à terre. Gabriel ressentit un élan de compassion envers lui. Il savait ce que c'était que d'être le souffre-douleur des autres. Depuis son enfance, on le surnommait « fils du diable » ou « démon ». Cet homme avait l'air d'avoir traversé mille souffrances. La sueur qui coulait sur son visage ridé se mêlait au sang qui suintait de sa plaie à la lèvre inférieure.
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Le Gardien des Cerfs - Tomes 1 & 2
FantasiGabriel, un ado de quinze ans, découvre qu'il a un lien particulier avec les cerfs. Ses pouvoirs étranges suscitent l'intérêt d'une organisation appelée "l'Ordre des Gardiens". Mais Gabriel ne sait pas quelles sont leurs réelles intentions. Il...