Chapitre 79 : Querelle contre Amour

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79 : «  Querelle contre Amour »

Noyée dans les propos de la veille, je fais le ménage. Je m'imagine plusieurs scènes; et s'il meurt... Je chasse toutes ces pensées négatives et me concentre dans ce que je fais. Je sors les vêtements de la machine et pars les étendre sur la terrasse. Je prends mon courage à deux mains et monte les quelques marches qui me séparent de lui. Il est assis sur le balcon, perdu dans ses réflexions. Il ne remarque pas ma présence. Je le sens vraiment ailleurs, dans une autre galaxie. J'étends le linge tout en l'observant du coin de l'œil. Quand il est dans cet état, c'est difficile d'avoir une conversation avec lui, il préfère s'isoler voire se couper de la réalité quelques jours. J'aime pas cette situation. Toutes les embûches par lesquelles nous sommes passés ne battent pas son silence.. le voir complètement débranché me fait un pincement au cœur.

Malgré mon regard insistant sur lui, il ne se démonte pas et reste dans son monde. Je prends mes affaires et descend vaquer à mes occupations. Avant de reprendre mon ménage, je pars dans ma chambre pour appeler mes parents pour savoir comment va mon prince. Bizarrement, personne ne décroche. J'insiste pas plus, peut-être qu'ils dorment. Il rentre dans la pièce, prend ses clefs de voitures sur la table de chevet, s'assoit sur le lit, enfile ses chaussures et s'en va sans m'adresser la parole. Wallah, son silence me tue, j'en ai eu une boule au ventre. Je réagis pas sur le coup, c'était trop violent. J'attrape mon voile et sors pieds nus à l'extérieur. Il s'apprête à prendre sa voiture mais il s'énerve sur la portière qui ne veut pas s'ouvrir. Ne remarquant pas ma présence, je pose ma main sur la sienne pour l'aider. Il m'envoie valser comme une inconnue.

- Tu vas où ?

- Hâlim : Je bouge.

- Où ?

- Hâlim : Je reviens.

- Pourquoi tu me parles sèchement, tu sais très bien que ça a le don de m'énerver ! Je sais que par rapport à la nuit dernière, tu te sens mal, mais c'est pas une raison pour te comporter avec moi comme si j'étais une simple étrangère. Je suis ta femme, j'ai des droits sur toi, et je veux savoir où est-ce que tu vas. Imagine que tu perds connaissance sur la route. Je veux pas que tu sortes.

- Hâlim : Voilà ! Voilà ! C'est ce genre d'action que j'veux pas ! J'veux pas être un poids, ni un fardeau. Si t'as pas remarqué, je suis pas handicapé, j'ai encore tous mes membres qui fonctionnent. J'ai besoin de prendre l'air, j'étouffe dans cette merde.

- Cette merde, c'est chez nous.

- Hâlim : Ce chez nous me pèse, j'peux ? S'insurge-t-il en ouvrant la portière.

- T'en a rien faire de ce que je te demande ?

- Hâlim : Tu cherches la p'tite bête pour me prendre la tête Hâyat. Je suis un grand garçon, je me suis toujours débrouillé, hassoul, je préfère bouger pour pas me ze3ef pour rien.

- C'est la meilleure, maintenant je te prends la tête. Merci de me le dire si gentiment.

- Hâlim : Arrête Wallah !

- J'agite le drapeau blanc... murmurai-je calmement. S'il te plaît rentre à la maison, je veux pas qu'il t'arrive quelque chose en chemin. Ce qu'il t'es arrivé hier, peut arriver au volant. S'il te plaît.

Le moteur gronde. Il me lance un regard furtif et sors du domicile familiale sans prêter attention à ma demande. Mon mal être du fait qu'il se comporte comme ça s'est transformé en agacement. J'observe la voiture se faire bouffer par la route. Il disparaît en une fraction de seconde. L'étriper, pour qu'il meurt de mes mains, m'est monté à la gorge. Je rentre en priant pour qu'il ne lui arrive rien de mal. Mes idées sont paradoxales, c'est dingue ! Son entêtement le mène toujours dans des tunnels sombres, humides et vides. Peut-être que ces quelques heures tout seul le feront réfléchir, du moins j'espère.. surtout qu'il ne lui arrive rien. Faire le ménage n'est plus devenu ma principale occupation ; je pars dans la chambre. J'enfile des vêtements, mets mon voile à la va vite et sors.

Chronique d'Hâyat - « Destin enflammés, cœurs carbonisés.»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant