Chapitre 71 : Les virages

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La nuit tombe, la lune et les étoiles éclairent son visage. Il dort profondément, et semble apaisé. Ma main est toujours dans la sienne, posé sur son cœur. Je me suis mise dans une position où je peux contemplé chaque trait de son visage. Sur le moment, plusieurs scènes se sont défilés dans ma tête, une pluralité de diaporama atroce... plus les minutes s'écoulent, plus je me rends compte que mon cœur ne bat qu'au rythme du sien, que je l'aime à en mourir. Un sentiment qui semble un poids pesé dans mon cœur. Ce poids est lourd au point de me demander des efforts pour le porter. Notre différence fait notre complémentarité mais aussi notre destruction. Quelques heures auparavant aucune larmes ne voulait se manifester mais là, j'ai la gorge noué, les larmes au bord des yeux. L'amour cause tellement de dégât sur son passage qu'on aimerait pas le croisé dans les parages.

Cet amour m'est tombé dessus comme un fruit tombant de son arbre. J'ai toujours su que ma vie ne serait pas rose et que le noir ferait constamment partie de ma vie, mais au point de me faire tellement mal, non ! Mon cœur se comprime au rythme des pensées qui défilent. J'ai peur des conséquences qu'engendrera cette énième rencontre entre eux ; un combat de coq, qui ne mène à rien. Il sacrifie un faisceau de chose pour moi. Je me sens coupable de tout ce qui arrive, c'est un fardeau que je porte constamment. Je suis la cause de tout ses sacrifices. Il s'offre sur l'autel de la mort. Cette larme qui danse au bord de mes cils, finit par tomber lentement... l'orange ne contient plus son jus. J'ai mal, mal pour lui... mal pour moi... mal pour nous.

Je n'ai jamais rêvé d'une vie pareil. Je suis une amoureuse de la paix, et tout ce que j'ai c'est la violence. Les péripéties de ma vie sont tatoués sur ma peau, chaque souvenir, chaque moment n'arrive pas à s'effacer. La tristesse est le tatouage que je porte. Le soleil à l'extérieur, les pleurs à l'intérieur. Chaque perle qui coulent, m'entaillent la gorge, la boule qui s'est formé dans mon ventre se froisse et engendre une sensation âpre. C'est rude comme saignement. Hâlim ne mérite pas tout ça, il ne mérite aucunement qu'un homme vienne s'interposer dans la nouvelle vie qu'il veut construire.

Je réfléchis, une réflexion qui ne mène strictement à rien puisque je n'ai pas de solution. Mes yeux se ferment pour contenir ses fichus larmes. Rêveuse que je suis, pour me consoler, je rêve d'une autre vie, je rêve d'un autre voyage en Algérie, je rêve de la grande et spacieuse demeure de sa famille, je rêve des paroles de sagesse de sa grand-mère, je rêve de ses enfants qui jouent dans leur cours, je rêve que mon fils connaisse cette ambiance chaleureuse du pays d'origine de son père, je rêve que mon mari soit en paix. Les rêves sont réalisable quand on y pense fort... mes rêves m'étouffent, j'ouvre mes yeux.

Il est là, me fixant. Il n'est pas expressif, son regard est complètement vide contrairement à son cœur que je sens battre. J'enlève ma main et détourne mon regard. Pendant au moins cinq minutes un silence de mort régnait dans la voiture avant qu'il ne décide de sortir de l'automobile. Au même moment, mes yeux essayent de le rencontrer mais trop tard, il est déjà sortie. Il s'assoit sur le capot de la voiture. J'observe chaque faits et gestes ; minutieusement, il sort son paquet de sa poche, prends une cigarette, pose le paquet à ses côtés, sort son briquet, allume, et commence à fumer. Je regarde la fumé voyage comme ses pensées. Je passe ma main sur mon visage et sens cette dernière mouillé. Je décide de sortir.

Je regarde autour de nous. On se trouve dans un endroit vide, où il n'y a même pas une mouche. Je le fixe un instant pour attirer son attention mais rien. Je m'assois à ses côtés. J'ai besoin de sa présence, besoin de comprendre ce qui se passe dans sa tête à ce moment précis. L'odeur de la cigarette me répugne mais n'osant rien dire je le laisse continuer. Il enchaîne cigarette par cigarette. Je met ma tête sur son épaule et attends. Le vent souffle sur mon visage. Les étoiles brillent dans le ciel, et la lune nous sourit. Un semblant de bonheur se dessine dans le ciel... les étoiles et tout ce qui s'en suit semble heureux de nous accueillir, ils accueillent deux âmes morose, l'une maussade, l'autre dans un autre monde. Pour attirer son attention, je pose ma main sur son cœur comme il a l'habitude de le faire lui et me colle à lui. Je sens sa tête se tourner vers moi puis reprendre son activité.

Chronique d'Hâyat - « Destin enflammés, cœurs carbonisés.»Où les histoires vivent. Découvrez maintenant