Distance parcourue aujourd'hui : quatorze km
Plus que deux mois avant le Country Music Marathon- Allez, viens, il faut marcher.
Zelef me tient par le coude. J'ai la nausée. J'ai envie de vomir. Maintenant. Je vomis dans les buissons qui bordent la piste. Les larmes qui m'envahissent brouillent ma vision et des reflux gastriques me brûlent la gorge. Tout à l'heure, à mi-chemin, j'ai vécu une mésaventure aux toilettes, la pire de ma vie, et j'ai bien l'impression que cela risque de se reproduire d'une minute à l'autre. Je suis morte de honte.
- Bois ça, me dit Zelef gentiment.
Je lui prends le gobelet en papier des mains et j'avale une petite gorgée. Citron. Mmm. Il me tend une serviette pour que je m'essuie.
- Difficile, lui dis-je entre deux gorgée, cette course était vraiment difficile.
Il me serre l'épaule en souriant.
- Tu t'es bien débrouillée. Rends-toi compte : tu es capable de courir quatorze km. Tu en es à plus de la moitié de ton objectif.
- Oui, mais... Si, le jour du marathon, j'ai si mal au ventre que je ne peux pas terminer la course ?
Aujourd'hui, j'ai dû m'arrêter trois fois pour aller aux toilettes. Je n'ai pas pu suivre le rythme de Erza. C'est nul, de courir seule sur une si grande distance. Et, bon sang, utiliser les toilettes chimiques, c'est encore plus nul !
- Je n'ai jamais eu de client avec un estomac aussi fragile que le tien, remarque Zelef en se grattant l'arrière de la tête. Et tu me dis que tu prends du Pepto-Bismol ?
- Oui.
- Tu devrais peut-être te mettre à manger de la pizza sans sauce tomate.
- Quelle hérésie !
Cela le fait rire. Je termine mon verre de Gatorade, puis Zelef m'aide à m'étirer. Il saisit ma cheville, levant ma jambe vers sa poitrine. Je crie :
- Aaaaaaïe !
Il cesse immédiatement.
- Où as-tu mal ?
- Au genou et à la cuisse gauches.
- Ton genou est un peu enflé. Depuis quand est-il douloureux ?
- Il me faisait un peu mal quand je pédalais, l'autre soir. Sinon, aujourd'hui, depuis... Quelques km ?
- T'es-tu arrêtée pour marcher quand tu as commencé à avoir mal ou as-tu continué à courir ?
- J'ai continué...
Je comprends maintenant pourquoi Natsu s'entête malgré la douleur. Je me peux pas concevoir de m'arrêter maintenant, pas après tout cet entraînement.
- La prochaine fois que tu as mal, tu t'arrêtes et tu marches pendant quelques minutes, d'accord ?
Zelef m'aide à plier et déplier mon genou.
- Kanna, peux-tu aller me chercher un sac de glace, s'il te plaît ?
Pendant qu'elle s'exécute, Zelef sort de son camion deux grosses reliures et les feuillettes. Il en sort la décharge que j'ai signée quand j'ai intégré son équipe. Je panique soudain à l'idée qu'il m'annonce que c'est fini. Que je dois arrêter. Qu'il ne veut pas risquer son taux de cent pour cent de réussite. Que je ne vais pas pouvoir courir la marathon en l'honneur de Sting. Et puis je me reprends. Dieu merci, il est seulement en train de consulter les renseignements que je lui ai donnés au sujet de mes assurances.
L'autre reliure me rappelle celle dans laquelle mon frère conserve sa collection de cartes de baseball, mais elle est plutôt remplie de cartes professionnelles.
Zelef en sort une.
- Je vais appeler cet orthopédiste tout à l'heure et te prendre un rendez-vous. Il devrait pouvoir te rencontrer lundi, à la première heure.
Je lui demande d'une voix sourde :
- Tu crois que c'est grave à ce point ?
- Je n'en sais rien. Mais nous n'allons pas prendre de risques. Tu as travaillé trop dur pour laisser quoi que ce soit tout foutre en l'air.
Mes doigts tremblent quand je lui prends la carte des mains.
- Est-ce que cette visite va me coûter quelque chose ?
- Ce médecin accepte tes assurances. Je peux t'accompagner, si tu veux. On pourrait s'assurer de modifier ton entraînement de façon appropriée, au besoin.
- Ça me rendrait service, merci.
Zelef refuse de me laisser partir avant que mon genou ait désenflé, alors je suis toujours là quand Natsu termine son parcours de vingt-quatre km pendant lequel il a donné le rythme à deux hommes. Évidemment, en voyant ma jambe surélevée, il panique.
- Montre-moi ça, exige-t-il.
Je soulève le sac de glace, et il passe doucement les doigts sur ma rotule, me faisant frissonner.
- Oui, c'est bien gonflé, dit-il a voix basse. Certains genoux ne supportent simplement pas les longues distances. À la longue, ils s'abîment et cela devient plus difficile de courir.
- Mais on peut tout de même continuer ?
Il hoche la tête.
- Bien sûr. On peut porter des orthèses, faire des exercices servant à renforcer le muscle autour du genou. Certaines personnes se mettent à manger beaucoup de poisson.
Je me gratte le nez, ayant une petite pensée pour Meldy.
- Du poisson ?
- C'est bon pour les articulations. Maintenant, laisse le sac de glace en place. Je suis sûr que la douleur va s'atténuer plus tard. De toute évidence, tu ne t'es rien fait de grave.
- Nat, tu as couru sur une cheville foulée. J'espère que tu n'es pas en train de me pousser au-delà de mes limites, tout de même ?
- C'est complètement différent. Je ne ferais jamais rien qui puisse te causer du mal.
Son regard se plante dans le mien, puis il sort soudain son téléphone de sa poche et balaie son écran du doigt.
- Est-ce que tu travailles, ce soir ? me demande-t-il d'un ton désinvolte, sans lever les yeux.
- Pourquoi ? Vous allez tous revenir monopoliser ma meilleure table ?
- Pas question. Mes amis n'arrêtent pas de dire à quel point tu es sexy. Il faut qu'ils se trouvent d'autres centres d'intérêt.
Ses amis parlent de moi ?
- En fait, je ne travaille pas, ce soir. C'est l'anniversaire de mon frère, alors je les accompagnes, ses amis et lui, au lac Normandy. Je lui ai promis d'aller camper avec eux.
- Ça s'annonce amusant.
- Tu veux venir ?
Les mots sortent de ma bouche avant même que j'aie eu le temps de les peser. L'invitation m'a semblé naturelle, j'imagine. Ses yeux brillent quand même quand il l'entend.
- Oui, bien sûr. Ce serait génial de pouvoir passer un peu de temps avec ma bonne amie Heartfilia.
Il me donne un petit coup de poing sur l'épaule.
Après le dîner, que je n'arrive pas à garder à cause de mes problèmes d'estomac, Natsu passe me prendre et nous partons pour le lac Normandy, où la plage de sable blanc est bordée d'une grande zone de camping. Je ne l'ai presque jamais vu porter autre chose que des shorts en nylon et des t-shirts usés, alors je n'en revient pas d'apprendre qu'il possède un short kaki, une chemise boutonnée et des lunettes de style aviateur. Et même qu'il lui arrive de les porter.
- Comment va ta jambe ? me demande-t-il en m'aidant à descendre de sa jeep.
J'ai avalé quelques comprimés d'ibuprofène, alors je n'ai plus mal.
- Elle ne m'a vraiment fait souffrir que pendant que je courrais, ce matin.
- Je parie que j'ai raison de penser que c'est à cause des longues distances.
- On verra bien ce que va dire le médecin, lundi.
- Je te parie vingt dollars que j'ai raison.
Je m'offusque :
- Alors, maintenant, tu transforme ma blessure en jeu ?
- Je croyais que tu voulais me battre à quelque chose. J'essaie juste d'être un bon ami et de t'offrir des occasions de le faire.
- "Des occasions"...mon oeil !
- Quoi, votre oeil ? Mais il est très joli, mademoiselle.
- Hmm hmm.
Mon frère toussote pour interrompre notre échange. Natsu et moi tournons la tête et tombons face à Nick et ses amis en train de nous fixer. Evan a le visage qui se couvre de taches, comme si d'invisible petites fées venaient de lui pincer les joues, et, quand il serre farouchement la main de Natsu, celui-ci fait une petite grimace de douleur.
- Mais pourquoi est-ce que tous les gars que tu connais m'écrasent les jointures quand ils me disent bonjour ? Marmonne-t-il en agitant les doigts et en fusant Evan du regard.
- C'est juste leur instinct protecteur, j'imagine.
- Ah ouais ? Eh bien, je vais devoir arrêter de leur serrer la main, sans quoi je ne pourrai pas te battre au badminton, plus tard.
Je glousse.
Evan a amené une fille, Flare. Elle a mon âge, et nous allons à la même école. Elle traîne toujours avec des gars qui sont en formation professionnelle. Bien évidemment, elle ne peut que remarquer qu'Evan nous regarde sans cesse, Natsu et moi. Elle n'arrête pas de briser en deux les branches qu'elle ramasse pour le feu, avant de les jeter à terre dans un geste théâtral. Ne voit-elle pas qu'elle n'a aucun soucis à se faire ? Je n'ai jamais voulu d'Evan.
- Allez, viens, dis-je à Natsu. Allons installer notre tente.
En réalité, je me retrouve à faire tout le travaille pendant que Natsu étudie longuement les poteaux, essaie de les assembler correctement, et lit et relit les instructions. Cela me sidère que ce gars de la campagne ne soit pas capable de monter une tente.
Ensuite, nous décidons d'aller nager. Natsu attend à l'extérieur pendant que j'enfile mon bikini à carreaux blancs et bleus. Quand je ressors pour le laisser se changer à son tour, il fait glisser subtilement son regard sur moi et enlève soudain ses lunettes de soleil pour en frotter les verres avec son t-shirt. Assis à une table de pique-nique avec Flare, Evan nous observe. Celle-ci s'en rend bien compte, mais fait comme si de rien n'était.
Natsu rentre vivement dans la tente pour enfiler son maillot de bain. Au bout de deux minutes, j'entends un bruit sourd et un gros juron.
- Qu'est-ce qui se passe là-dedans, Nat ?
- Je n'ai pas l'habitude de changer de short en restant assis ! Essaie donc, tiens !
- Je l'ai fait il y a quelques minutes à peine.
- Mais je suis plus grand que toi.
Je marmonne :
- Oh, franchement !
Il émerge de la tente quelques instants plus tard, vêtu uniquement d'un long bermuda marine, ce qui ne couvre pas grand-chose. Abdominaux de rêve...
Nous pataugeons jusqu'à la corde qui délimite la zone de baignade. Je me hisse sur une bouée. Natsu m'imite et s'installe face à moi, en secouant ses cheveux fous pour les égoutter. Dégageant son front, il promène rapidement son regard sur moi. Je lui demande :
- Quoi ?
- J'aime bien ton bikini. Il me rappelle les serviettes de table de ma mère.
Je roule des yeux.
- Y a pas à dire, tu sais vraiment complimenter les filles, Nat.
- Rien de ce qui se rapporte à la nourriture préparée par ma mère ne m'échappe...
- Ah, les gars !
Je prends une grande inspiration et regarde autour de moi, admirant l'eau bleue et les arbres touffus. La forêt ici est si dense qu'elle est une créature à elle toute seule.
Nous restons assis en silence jusqu'à ce que Nick, Kimberly et leurs amis passent près de nous, entassés sur le hors-bord du père de Kimberly.
- Vous venez faire un tour ? nous crie mon frère.
Natsu saute de sa bouée et escalade l'échelle avant même que j'ai eu le temps de répondre. Bientôt, nous voguons autour du lac à toute allure et, après avoir eu le bonheur de conduire lui-même l'embarcation, Natsu veut faire du ski nautique. Et, bien sûr, volant sur les vagues, il se débrouille comme un chef.
- Est-ce qu'il est vraiment obligé d'être aussi bon dans tous les sports ? marmonné-je à l'intention de Nick.
- C'est vrai qu'on a l'air super nuls, à côté de lui, mais je suis quand même content que tu l'aies invité, me répond mon frère en me serrant l'épaule.
Au coucher du soleil, je m'assois sur une grosse bûche pour observer le ciel qui prends des tons de pourpres et d'or. Natsu me rejoint, avec deux bières sous le bras et une assiettes de tranches de melon auxquelles nous nous attaquons immédiatement. Je croque dedans à belles dents, essuyant ma bouche du revers de la main.
Il grignote délicatement son morceau de fruit alors que j'engloutis le mien. Il s'exclame :
- N'avale pas les pépins ! Tu vas avoir un bébé melon !
J'en recrache un juste à côté de son pied pour l'énerver, et cela le fait rire. Un peu plus tôt, cet après-midi, quand tout le monde se promenait en bateau et barbotait, la surface de l'eau était incroyablement agitée, mais maintenant elle est d'un bleu profondément calme, aussi tranquille que Natsu et moi. J'aime passer du temps avec lui, parce que je n'ai pas à me soucier de combler les silences. Nous existons, et c'est tout. Je le détaille du coin de l'oeil. Il a attaché la moitié de sa chevelure en arrière avec un élastique. Je n'aurais jamais cru que les gars à queue de cheval puissent être mon type, mais on dirait bien que c'est le cas. Il n'a pas encore remis de t-shirt, alors je scrute discrètement sa peau, le tatouage de Flash sur son omoplate, les bleus et les cicatrices parsemés sur ses bras et son dos, et qui trahissent son expérience, bien qu'il n'ait que vingt ans.
- Cet endroit est tellement agréable, je n'en reviens pas, me dit-il en jouant avec ses orteils dans le sable blanc. Je ne savais même pas que cette plage existait.
- Peu de gens le savent, je crois. Elle est privée. La petite-amie de mon frère travaille à la base aérienne, c'est pourquoi nous avons le droit d'y venir.
Il ouvre sa bière et en prend une gorgée.
- Kimberly a l'air gentille.
- Tu l'aimes bien parce qu'elle t'a donné de la bière et t'a tiré en bateau tout l'après-midi.
- Tu m'as démasqué ! me répond-il en riant. J'ai adoré le ski nautique. C'était la première fois que j'en faisais.
- Quoi ? Mais tu avais l'air d'un professionnel ! Comment est-ce possible que tu sois aussi bon dans tous les sports ?
- Tu dis n'importe quoi. Je suis nul en ballet. C'est ma petite soeur qui me l'a dit quand j'ai essayé de l'imiter.
Je m'étrangle avec un pépin de melon tellement je ris. Natsu me tape dans le dos.
- Je vous avais pourtant bien dit de ne pas manger les pépins, mademoiselle Heartifillia.
Je lui en crache un dessus et il l'écarte du revers de la main comme un pro.
Intriguée par sa dépendance à l'adrénaline et curieuse de découvrir d'où cela peut venir, je lui demande doucement :
- Au fait, comment t'es-tu lancé dans les sports extrêmes ?
- Au départ, j'essayais de battre mes propres records dans toutes sortes d'activités. De faire davantage d'efforts, toujours. Je voulais en savoir plus sur mon corps et mon esprit, et sur leur limite.
J'ouvre ma bière et en bois une grande gorgée, réfléchissant à ce qu'il vient de me dire. L'alcool me fait un peu tourner la tête, étant donné que je n'ai pas pu garder aucune nourriture après ma course du matin.
- Et quand t'es-tu véritablement lancé ?
Il prend lui aussi une gorgée, tout en jouant du bout du pied avec une racine noueuse.
- Après le secondaire, je crois. J'ai joué au soccer toute ma vie, mais je n'ai pas été pris dans l'équipe en entrant à l'université... J'avais besoin de m'occuper.
Est-ce cela que Zelef ne voulais pas me raconter lui-même ? Est-ce la raison pour laquelle Natsu n'a pas été vraiment heureux depuis un bon bout de temps ?
- Tu essayais d'obtenir une bourse d'études, c'est ça ?
Il hoche la tête lentement.
- Trent, mon meilleure ami, et moi avons grandi en jouant ensemble au soccer. Il est infiniment meilleur que moi, mais je pensais tout de même avoir une chance. Il a obtenu une bourse pour aller intégrer l'équipe de l'Université d'Auburn, et moi, rien... J'avais passé trop de temps à faire le con au secondaire.
Ce gars court un km en moins de cinq minutes.
- Je suis sûre que ce n'est pas vrai.
- Mais ça l'est. Je ne m'étais jamais donné vraiment de mal. J'étais trop occupé à traîner avec les filles et à me croire au-dessus de tout. Tandis que Trent, lui, a travaillé dur et a fini par me laisser derrière.
- Vous êtes toujours amis ?
- On ne se voit pas souvent. Il vit à quatre heures d'ici et il a tout le temps des entraînements, des matchs, des choses comme ça.
Je ne vais pas demander à Natsu si son ami lui manque, parce que c'est évident. Mais je me demande si le problème n'est pas beaucoup plus grand. Peut-être qu'il regrette l'occasion qu'il n'a jamais eue. Peut-être croyait-il devoir prouver qu'il était aussi bon que son ami. Je l'interroge :
- Quel est le premier sport un peu fou que tu aies essayé ?
- Le jour de mon dix-huitième anniversaire, je suis allé faire du saut extrême. J'ai sauté du haut des chutes de Fall Creek. C'était malade.
Bon dieu ! Ces chutes font bien plusieurs centaines de pieds de haut ! Et il a sauté de là-haut, tranquillement ? Je secoue la tête, éberluée par sa folie, tandis que ce souvenir le fait sourire, lui.
- Mais tu ne fais plus ce genre de choses débiles, n'est-ce pas ?
- Ma mère m'a lancé un ultimatum : je devais choisir soit mes sports, soit ma famille. Je lui en veux encore de m'avoir imposé ça... Elle n'a même pas reconnu à quel point je m'en sortais bien, même pas remarqué que je n'ai rien fait de vraiment dangereux depuis un bon moment. On dirait qu'elle est encore en train de me punir pour mes actions de l'année dernière.
- Mais, euh...il me semble que tu fais toujours du saut à l'élastique...et du rafting.
- Je me suis assagi, mais j'ai encore besoin de me mettre au défi de temps à autre.
Mais comment Natsu peut-il adopter un raisonnement aussi bancal ? Il vient de me dire qu'il ne pouvait pas abandonner d'un coup. Est-ce que, comme certains utilisent des timbres à la nicotine pour arrêter de fumer, Natsu saute à l'élastique dans un parc d'attraction dans le but d'abandonner les sports extrêmes ? Je lui demande :
- Mais quand vas-tu complètement cesser ? Quand vas-tu décider que ça y est, que tu as accompli ce que tu voulais ?
Tout en réfléchissant, il essuie la condensation qui s'est formée sur le bord de sa canette de bière, les doigts tremblants.
- Je ne crois pas avoir de but précis en tête. Je sais juste que, de temps en temps, j'ai besoin de ressentir une poussée d'adrénaline.
- Mais tu es très bon à la course, n'est-ce pas ?
Il hoche légèrement la tête.
- J'ai gagné le Marine Corps Marathon dans ma tranche d'âge, l'an dernier. Je l'ai terminé en deux heures et quarante-sept minutes !
Je m'exclame :
- Et ça ne te suffit pas ?
- Eh bien, après avoir fini une course, j'ai un sentiment de fierté, mais déjà, je me mets à réfléchir à un nouveau défi plus difficile ou plus exceptionnel pour lequel je pourrais m'entraîner et que je pourrais relever.
- Si je te mettais au défi de traverser la Manche à la nage, le ferais-tu ?
Il me répond instantanément :
- Bien sûr.
- Est-ce que tu marcherais sur des charbons ardents, comme ces gens de la chaîne Discovery ?
- Si un expert était là pour m'expliquer la marche à suivre et comment ne pas me blesser gravement, bien sûr.
- Mais pourquoi vouloir se faire mal comme ça ?
- Cela n'a rien à voir avec la douleur, Luce. Ce qui m'intéresse, c'est le défi.
Il me fixe droit dans les yeux. Son air sérieux et les rayons du soleil se couchant derrière lui me font voir trouble. Je plisse les paupières et détourne le regard vers l'autre rive du lac.
- Quand tu l'exprime comme ça, j'ai l'impression de n'avoir jamais rien fait de ma vie.
- Peux-tu arrêter de dire des bêtises ? Peu de gens ont le courage et la force de courir un marathon. Et tu travailles fort pour obtenir ce que tu veux.
Je suis heureuse qu'il semble d'avis que, quand on travaille dur, on peut accomplir n'importe quoi. J'aime savoir que je peux contrôler mon futur. Il y a des années, quand j'ai passé l'Examen présidentiel de forme physique, je ne me serais jamais imaginé être un jour capable de courir quatorze km. Et pourtant, je l'ai fait. Mais il faut aussi être un peu raisonnable, n'est-ce pas ? J'aimerais que Natsu n'aille pas trop loin. Je pourrais le supplier d'arrêter, mais ne risquerait-il pas alors d'être aussi fâché contre moi qu'il l'est contre sa mère ? Et, comme nous ne sommes même pas officiellement ensemble, ai-je seulement le droit d'essayer de l'aider ?
Il continue :
- Et puis, comment peux-tu dire que tu n'as rien fait de ta vie ? Je t'ai vue servir en salle. C'est complètement incroyable que tu sois capable de te promener avec dix verres pleins sur un plateau au-dessus de ta tête !----------* * *-----------
Heyyyyy le peuple ! Je suis vraiment désolée de ne pas avoir postés plus tôt, mais avec les vacances, je n'ai pas le temps que j'aimerais avoir pour écrire rapidement un chapitre pour vous. Je vais essayer d'écrire le plus possible dans mes temps libre, pour le prochain chapitre 😘
VOUS LISEZ
Respire, Lucy, respire.
ФанфикLucy déteste la course à pied. Et pourtant, la voilà qui se met à courir, plusieurs fois par semaine. Courir pour lui. Peu importe la distance parcourue, elle n'arrive pas à effacer la culpabilité qu'elle ressent... Ce jour-là, si Sting n'était pas...