La victoire.- Lucy, je t'en pris, viens avec moi, me supplie Grey, tandis que je continue de secouer la tête.
On est samedi soir, et j'ai couru mon premier parcours de vingt km aujourd'hui. Mon estomac n'a pas voulu garder une seule bouchée de nourriture de tout l'après-midi, j'ai dû mettre deux fois de la glace sur mon genou et j'ai avalé un comprimé d'acétaminophène extrafort. Mirajane est en train de passer du bon temps avec son copain dans notre chambre, alors je dois camper dans celle de Jubia.
Et, par-dessus le marché, Gray voudrait que je l'accompagne à une fête de DTK et que je le recommande à la fraternité, grâce à mes relations avec Natsu, dont celui-ci ne veut présentement rien savoir de moi ?
- S'il te plaît..., insiste Jubia à voix basse.
Bon... Étant donné que ma chambre a été réquisitionné par Mira et Luxus, je n'ai pas grand-chose d'autre à faire que d'aller à cette soirée. Je finis donc par accepter, principalement parce que c'est Jubia qui me le demande. Elle ouvre son placard.
- Allez, il ne nous reste plus beaucoup de temps pour te préparer et te rendre sexy. Gray, dehors !
Il lui sourit.
- Je vais changer de chemise et je vous retrouve ici.
Jubia et moi montons le volume de la musique pour nous préparer, nous boucler les cheveux et essayer différentes tenues. Elle danse dans la pièce, s'applique du brillant à lèvres. Moi, je danse - non, je claudique - comme si on venait de me remplacer la hanche. J'avale deux autres comprimés d'acétaminophène avant de dire à Jubia :
- Je ne sais pas vraiment où je vais dormir ce soir. Je devrais peut-être retourner à Franklin. Je parie que Mira et Luxus ne vont pas sortir de là avant demain midi.
- Moi, je dirais plutôt qu'ils risquent de ne pas sortir de là avant que Luxus reparte... Pourquoi ne passes-tu pas plutôt la nuit chez Natsu ?
J'ignore Jubia et recommence à essayer ses vêtements. Je me décide pour des jeans, une simple camisole blanche et des talons hauts noirs. Simple, comme j'aime.
Jubia hoche la tête en signe d'approbation en voyant ma tenue.
- C'est super joli. Et ce que j'ai choisi, tu trouve ça bien ?
Elle gigote des fesses dans son petits short rose serré, et nous éclatons de rire. Cela me rappelle les fois où nous jouions à nous déguiser dans le placard de sa mère, quand nous étions petites. C'est fou que nous soyons maintenant adultes, et que nous soyons en train de nous habiller pour aller à une vraie fête.
- Oh, attends, j'ai quelque chose à te raconter !
Jubia m'explique que Meldy parle en dormant, puis ajoute :
- Ce n'est qu'une supposition, mais je crois bien qu'elle sort avec un gars et qui s'appelle Lyon.
- Ce nom me dit quelque chose... Pourquoi ?
- Parce que parfois, en pleine nuit, elle se met à crier : "Lyon ! Lyon !"
- Attends... Mais oui ! C'est le nom du jeune médecin, celui qui m'a ausculté le genou !
- Wow..., souffle Jubia. Je ne pensais pas que Meldy aurait un jour un copain. Elle est si indépendante... En plus, c'est un homme !
- Enlève l'embargo, et t'aura autant de chance qu'elle, dis-je en souriant.
Nous pouffons et, quand Gray passe nous chercher pour aller à la fête, Jubia et moi sommes en pleine crise de fou rire. Les coins de la bouche de Gray remontent pour former un petit sourire ravi quand il voit à quel point Jubia est joyeuse.
Quand nous arrivons à la fête, il y a des voitures partout, alors nous devons nous stationner plus loin. Je vois bien, tout de même, que le pavillon de DTK est immense. Une haute clôture encercle la propriété. Ou devrais-je plutôt dire "le palais" ? Cet endroit ressemble à un château, avec ses murs de briques recouverts de lierre et la belle fontaine... au milieu de laquelle s'élève une statue de sirène, nue à partir de la taille. Hum.
Nous passons la porte et, immédiatement, un gars nous tend un gobelet en plastique chacun, et un feutre pour que nous écrivions nos noms dessus. Ensuite, nous allons nous servir un verre.
Cette soirée ne ressemble en rien aux fêtes du secondaire, où les gars grimpent sur le toit pour sauter dans la piscine, où tout le monde se soûle et prend de l'alcool comme excuse pour coucher avec le premier venu. Bien sûr, il y a des gens qui boivent, ici, mais ils ne font pas de bruit. Enfin, le tournois de beer-pong est bruyant, bien sûr, mais la plupart des gens sont assis sur les canapés et sirotent tranquillement leur verre, ou bien s'embrassent discrètement dans les coins sombres. La musique ne hurle pas. Je n'aurais jamais cru qu'une fraternité pouvait être presque chic. Je dis "presque", parce que je bois tout de même dans mon vin dans un verre en plastique.
Un des gars qui avait accompagné Natsu au restaurant, Loki, qui est aussi son colocataire, se fraie un chemin jusqu'à moi.
- Lucy !
Il m'embrasse bruyamment sur la joue, ce qui me fait sourire. Quel clown !
- Tu as assez à boire ? me demande-t-il.
- Oui, merci. Est-ce que tu connais mes amis Jubia et Gray ?
Tout le monde se serre la main, et je sens que Gray s'entendra bien avec Loki.
- Tu es le colocataire de cette pauvre tache. Je te plains, lance Gray.
- D'ailleurs, où est Natsu ? demande Jubia en prenant une gorgée de bière.
- La dernière fois que je l'ai vu, il était dans la bibliothèque, lui répond Loki. Avec Lisanna, son ex.
Je m'étrangle avec mon vin.
Gray donne une bourrade à Loki.
- Mais tais-toi, mon vieux !
Il me lance un regard inquiet alors que je me couvre la bouche de la main pour tousser.
Natsu a une ex ? Il est là, mais avec une fille ?...
Jubia me pose la main sur le bras.
- Tu veux qu'on rentre ?
Je souris en la voyant inquiète pour moi et je lui tapote la main, mais, intérieurement, j'ai l'impression que les ténèbres m'envahissent.
- Ça va. Tu devrais aller danser avec Gray.
Après avoir longuement scruté mon visage, elle suit Gray sur la piste de danse, et ils oublient bientôt l'existence de ceux qui les entourent.
- Tu veux danser ? me propose Loki, l'air gêné.
Je remercie Loki en déclinant sa proposition, et il expire longuement, avant de marmonner quelque chose au sujet du tonneau de bière et de s'éloigner.
Finalement seule, je me surprends à déambuler vers l'arrière de la bâtisse, à la recherche de la bibliothèque. Je ne peux pas m'en empêcher. Je dois savoir ce que Natsu est en train de faire. Je dois savoir si j'ai fichu notre amitié en l'air.
Je passe devant une salle de billard équipée de trois tables, puis un salon plein de canapés moelleux. Je tombe ensuite sur une pièce meublée de nombreux livres. Ce doit être la salle d'étude. J'entends un petit bruit et tourne la tête vers la droite. Natsu.
Il est assis sur un canapé en cuir, à côté d'une jolie fille. À qui il sourit. Elle lui touche le bras et le regarde droit dans les yeux. En les voyant ainsi, tous les deux, je m'étrangle de nouveau.
M'entendant toussoter, Natsu relève la tête d'un coup. Mon coeur bondit dans ma poitrine et je sens la panique monter. Je n'ai aucun droit sur lui, je le sais bien, mais cette situation est tout de même vraiment pénible. Mes mains tremblent. Je me dirige vivement vers la porte.
- Hé, attends, Luce, me lance-t-il en retenant son souffle et en se précipitant vers moi. Tu es venue, finalement !
- Eh oui !
Je regarde par-dessus mon épaule ; la fille est toujours assise sur le canapé. J'essuie mes paumes moites sur mon pantalon. Les ténèbres qui m'emplissent s'épaississent.
- Je ne voulais pas vous déranger.
Il jette un rapide coup d'oeil derrière lui, mais me refait face aussitôt.
- Tu ne nous déranges pas du tout. Lisanna est dans mon cours Éthique de l'éducation, et on était en train de parler du devoir qu'on doit rendre pour la mi-session.
- Oh.
Je croyais que c'était son ex.
- Mais tu es venue, répète-t-il, un sourire s'étalant sur son visage.
Il se frotte les mains.
- Je te fais visiter ?
Lisanna se lève et s'avance vers nous avec un air furieux, vacillant sur ses talons de quatre pouces.
- La discussion est finie, donc ?
- On pourra reparler du devoir lundi. C'est un crime que de discuter de travail scolaire pendant la fin de semaine.
- Bien sûr que non, lui réplique Lisanna.
- Je suis sûr que ça l'est, dans certains États. Les gens interdissent toutes sortes de trucs débiles. Par exemple, au Minnesota, il est interdit de manger de la crème glacée sur le trottoir le jeudi.
Lisanna lui lance un regard furieux.
- Mais on était en pleine conversation !
- On se reprendra lundi.
Et Nat m'attrape la main et, la laissant derrière, m'entraîne vers un escalier, au fond du bâtiment. Ses jeans foncés, son écharpe et son t-shirt gris ajusté me font perdre mes moyens. Je balbutie :
- Je devrais retourner dans ma chambre... enfin, je veux dire, chez moi.
Même au bout d'une semaine, je ne me sens toujours pas chez moi dans ma chambre.
- Tu peux rester ici avec moi.
- Tu étais avec une fille. Je ne voulais pas vous déranger.
Son expression est douce.
- Tu ne nous as pas dérangés.
- Loki m'a dit que c'était ton ex.
Je fixe le plancher de bois. Il ne me répond pas et, quand je relève enfin les yeux vers lui, je découvre son petit sourire malicieux.
- Nous sommes sortis ensemble pendant quelques semaines, l'hiver dernier, mais ça n'a pas fonctionné... Tu es jalouse ?
- Non !
- Et moi, je crois que tu es jalouse, me chuchote-t-il.
Il hoche la tête tandis que je tripote mon collier.
Je croise les bras.
- Pas du tout. Tu devrais aller retrouver Lisanna, vous pouvez reprendre là où vous avez arrêté.
- Tu es carrément jalouse.
Je change de sujet.
- Je ne m'attendais pas à ça, en entrant dans le pavillon d'une fraternité.
- Ah bon ?
- Où sont les glissades d'eau ? Où est le bar à cocktails avec serveuses topless ?
- Oh, tout ça, c'est plus tard dans la soirée, plaisante-t-il. Tu veux visiter, alors ?
Il me prend la main et m'emmène dans la cour arrière. Il y a effectivement une piscine, mais sans glissade. Les gars ne pouvaient probablement plus se le permettre après avoir acheté cette statue de sirène nue - n'importe quoi. Autour de nous sont disposées des tables de pique-nique et des chaises longues, et je remarque des terrains de tennis et de basket-ball. Le pavillon est quant à lui équipé d'une immense cuisine munie d'un îlot, d'une salle de réunion et d'une salle à manger dont les cinq longues tables peuvent facilement accueillir une centaine de personnes. Je m'exclame :
- Mais on se croirait à Poudlard !
Natsu rigole et m'entraîne vers l'entrée, où Loki est en train de servir des verres et de draguer les filles. Il remarquent que Nat et moi nous tenons la main, et il articule en silence "Ouais !" à l'intention de nous deux. Je demande à Natsu :
- Combien de gars habitent ici ?
- Quarante. Nous comptons plus de cents membres, mais certains plus âgés vivent en dehors du campus, et les étudiants de première année se retrouvent généralement dans les résidences étudiantes.
Faisant glisser sa main le long de la rampe, il me tire dans l'escalier, jusqu'à l'étage. Les murs sont décorés de grandes affiches regroupant les photos des finissants de chaque promotion. Nat me montre celle de Zelef, qui a obtenu son diplôme il y a déjà quelques années.
Natsu ouvre la porte de sa chambre. Elle est meublée comme la mienne : deux lits à une place, deux commodes, deux bureaux. Avec quelques différences : chaussettes, t-shirts, caleçons et shorts sont éparpillés partout.
- Désolé du désordre, s'excuse-t-il. Si j'avais su que tu viendrais, j'aurais fait du ménage.
- Ce n'est pas grave. J'ai un frère, tu sais...
- Un frère qui me tuerait, s'il te savait dans ma chambre en ce moment.
- Oui, probablement.
J'observe les photos de sa famille au mur. Je ris de celle sur laquelle Mavis est en train de l'asperger d'eau à l'aide d'un gros fusils en plastique. Sur une autre, il est au zoo, Wendy assise sur ses épaules. Et puis, je remarque les médailles et les trophées.
- Mais tu dois en avoir au moins une centaine de médailles ! m'exclamé-je en examinant une du marathon de New York.
- J'en reçois une à la fin de presque toutes les courses. Et puis je les gardes.
L'endroit est tranquille, si on fait abstraction du bruit de la fête, en bas. Je m'appuie contre son bureau.
- Je devrais probablement retourner dans ma résidence. Je suis fatiguée.
- Ne pars pas, me dit-il à voix basse.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on n'a toujours pas parlé des raisons pour lesquelles tu étais jalouse, ce soir.
Je grogne :
- Bon sang ! Est-ce qu'il faut vraiment que tu gagnes dans tous les domaines ? Tu ne peux pas simplement laisser tomber ?
- Eh non !
- Je ne suis pas une médaille que tu peux gagner, Nat. Je vaux mieux que ça.
- Ça veut dire quoi, ça ?
- Ton frère m'a expliqué que tu ne te donnais pas dans les relations sérieuses. Es-tu juste en train d'essayer de m'avoir, pour ensuite m'oublier ?
Il recule d'un pas, manquant de trébucher sur une lourde botte de montagne. Ses yeux sont dilatées.
- Comment oses-tu remettre notre amitié en question ?
- Je...
- Non, laisse-moi finir.
Il fait les quatre cents pas dans la pièce en continuant:
- Tu comptes pour moi. Tu comptes comme personne n'a jamais compté auparavant. Plus que ma famille. Plus que mon frère.
Je ferme les yeux et me retiens à sa chaise de bureau pour ne pas tomber. Il continue :
- Je t'aime depuis le moment où on s'est rencontrés.
Mon instinct m'intime de sortir de cette pièce en courant, mais mon désir de rester avec lui est le plus fort.
- Je n'ai jamais voulu vivre de relation avec une fille avant. Tout allait trop vite dans ma vie et je n'avais pas envie de freiner pour qui que ce soit. Mais tout cet été, cet été magique, j'ai ralentit la cadence. Je t'ai attendue, toi. Et je peux continuer aussi longtemps que tu le voudras. Je ne peux pas prétendre savoir ce que tu ressens, et je ne peux pas non plus te dire quoi faire pour que tu te sentes mieux, mais je peux t'attendre. Je serai toujours là pour toi, même si je dois seulement rester ton ami. Mais ne m'insulte pas, Luce. Depuis que je t'ai rencontrée, je n'ai rien fait avec aucune fille. Je ne te vois absolument pas comme une médaille à gagner.Après avoir débité tout cela, il halète un peu et son regard trahit une certaine vulnérabilité que je n'avais encore jamais vue. Cela me fait peur. Mais cela libère aussi quelque chose en moi.
Il veut bien m'attendre.
----------------------------------——--------------------------------------Oufffffffff ! Un gros chapitre chargé d'émotions !
Enfin, Natsu se déclare à Lucy !... Ne vous inquiétez pas, il reste quand même quelques chapitres avant l'épilogue ! Espérons seulement que Lucy réponde à ce pauvre petit Nat !!! Et, surtout, espérons qu'elle se libère du poids de la mort de Sting qui l'empêche d'avancer, dans la vie.
Et j'espère aussi que vous laisserez des commentaires, car j'adore les lire😋.
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Respire, Lucy, respire.
FanfictionLucy déteste la course à pied. Et pourtant, la voilà qui se met à courir, plusieurs fois par semaine. Courir pour lui. Peu importe la distance parcourue, elle n'arrive pas à effacer la culpabilité qu'elle ressent... Ce jour-là, si Sting n'était pas...