Chapitre 30

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Ma tranquillité dure environ une demi-heure.
Puis, l'ouragan Mirajane-Jubia-Meldy fait irruption dans l'appartement. En résultent des cris et des gloussements. Elfman, le frère incroyablement musclé de Mirajane, ainsi que le petit-ami de la coach Evergreen, lui apporte toutes ses affaires dans notre chambre. Il mesure six pieds neuf et ses bras sont aussi gros que des troncs d'arbre, sans parler de ses énormes mains. Putain, mais c'est quoi ce mec ?
- Où veux-tu que je pose la télé ? demande-t-il à Mira.
- Là-bas, peut-être.
Après avoir posé la télé sur la commode de sa soeur, il regarde par la fenêtre.
- Tu as une jolie vu de la cour, lui lance-t-il.
- Merci de m'avoir laissé le lit près de la fenêtre, Lucy, me dit Mira en souriant. Vraiment, ce n'était pas nécessaire.
- C'est vrai que c'est très gentil de ta part, renchérit Elfman en me serrant la main. Oh merde, je vois plus ma main... Elle est passée où ?
Gray arrive, parce que, même si sa vie en dépendait, il ne pourrait sans doute pas rester loin de Jubia, et tombe en pâmoison devant Elfman, lui tapant dans la main et se tordant le coup pour le regarder dans les yeux.
- Dis donc, ça fait un bail Strauss !
- Salut, mon vieux, lui répond Elfman.
- Gray, viens m'aider à porter mes affaires, s'il te plaît, lance Jubia en faisant irruption dans la petite pièce.
Elle referme la porte et vient s'assoir sur le lit de Mirajane aussitôt suivit de près de Gray qui lance un petit :" Plus tard..."
Cette dernière me lance un petit regard et me chuchote :
- Il est complètement sous mon charme.
Gray n'arrive pas à se tenir tranquille.
- Je n'en reviens pas qu'on soit enfin ici. Vous vous rendez compte, on peut faire tout ce qu'on veux, maintenant.
Ma mère n'a jamais été trop sévère, parce qu'elle voulait que j'expérimente le monde, mais, son père étant l'adjoint de maire de Franklin, Gray a toujours été surveillé de près.
- Pas de couvre-feu ! dit Jubia d'une voix aigüe.
Gray couvre sa bouche de son poing et bâille.
- Mais de toute façon, tu n'es pas capable de rester éveillé passé vingt-deux heures, ajoute Jubia.
- Évidemment que oui ! rétorque Gray, et tout le monde lève les yeux au ciel.
- Ton couvre-feu à toi est toujours à minuit, précise Elfman à sa soeur, qui lui envoie un baiser soufflé pour le narguer.
Meldy entre dans la pièce en faisant des manières et tend la main à Elfman.
- Êtes-vous notre surveillant ? lui demande-t-elle.
- Quoi, lui lance-t-il.
- Vous semblez capable de vous faire obéir.
Mirajane articule en silence :" Obéir !"
- Tu plaisantes ou quoi ? lui demande Gray. Tu ne sais pas qui est Elfman Strauss ?
Mira s'effondre sur le lit, terrassée par un fou rire, et Elfman, qui ne trouve visiblement pas cela drôle, vérifie son téléphone.
- Allez, Mira, j'ai promis à Lisanna que nous irions souper avec elle.
Peu après, Jubia et Gray partent, eux aussi. Gray prétend avoir besoin de l'aide de Jubia pour organiser sa chambre.
Meldy décide d'aller s'inscrire à l'association bahaïste, peu importe ce que cela peut bien être.
Et je reste toute seule.
Il n'est que dix-neuf heures. Il est vrai que je dois me coucher tôt, ce soir, parce que je cours seize km demain matin. Il ne reste que deux mois avant le marathon. Mais dix-neuf heures, c'est tout de même trop tôt pour aller au lit. Les couloirs de la résidence résonnent de rires et de musique. Je me sens tout à coup prise de panique, comme si je ne savais plus qui je suis, ni ce que je dois faire. Peut-on perdre son identité quand on se retrouve dans un endroit qu'on ne comprend pas ?
Ai-je seulement une identité ?
Sting m'aurait-il aidée à déménager, aujourd'hui ? Serions-nous allés souper dans les environs, aurions-nous exploré le campus ensemble ? Ou aurait-il dû rester travailler à la caserne ? Si j'avais accepté sa demande en mariage, je n'aurais probablement même pas été ici. Nous aurions sûrement déjà emménagé ensemble, dans notre propre appartement.
Si je n'avais jamais rencontré Sting, Jubia et moi aurions-nous fini par régler nos différends et serions-nous sorties ensemble, ce soir ?
Les larmes me montent aux yeux, et je promène mon regard autour de moi, dans ma chambre vide. Il faut que je trouve des affiches le plus vite possible.
J'allume mon téléphone et regarde l'écran. Pas de message texte. Pas de courriel.
Je tape : "Je cours 16 km demain. Tu viens emmagasiner les glucides ?"


Respire, Lucy, respire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant