Chapitre 39

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- Zelef !
Ce dernier se tient près du poste de ravitaillement des neuf km. Il pique un sprint dans ma direction.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es fait mal ? C'est ton genou ?
En arrivant à son niveau, je lui attrape le bras.
- Il me faut de la vaseline. Maintenant !
Il se mord la lèvre, mais n'arrive pas à retenir l'éclat de rire qui lui monte dans la gorge. Il fouille dans son sac et en sort la fameuse vaseline. Je m'en saisis. Me hâte de sortir de la piste. Me cache derrière un arbre. Prends une grosse noisette de gelée et l'étale sur la face interne de mes jambes, en poussant un gros soupir bruyant.
- Lucy ?
La voix de Zelef traduit son inquiétude.
- Si tu parles de ça à ton frère, je te tue !
Il éclate de rire. De bon coeur.
Aujourd'hui, nous courons vingt-deux km, notre plus longue distance avant le marathon, qui a lieu le mois prochain. J'ai déjà parcouru treize km. Il m'en reste neuf.
Après m'être tartinée de vaseline, je rejoins Jellal et Erza sur le parcours. Ils sont tous les deux en train de se moquer gentiment de mon petit "incident". Je leur lance un regard noir. Il y a quelques semaines, Jellal s'est mis à courir avec nous. Il a même abandonné son iPod et sa précieuse musique pour parler avec nous. Il nous divertis aussi avec des anecdotes loquaces qui ce sont produites durant son travail.
- Attends, m'exclamé-je, les urgences t'on transmis un appel parce que quelqu'un avait laissé son python libre dans sa maison et que celui-ci s'est retrouvé dans un Walmart ?
- Dans le rayon de l'alimentation, me répond Jellal. Je croyais que j'allais devoir tirer dessus, mais l'agent du service de la faune est arrivé juste à temps. Et, maintenant, des gens veulent intenter un procès à Walmart pour le stress qu'ils ont vécu, bien que ce ne soit absolument pas la faute du magasin si quelqu'un a perdu son python.
- Erza est avocate. Elle peut s'occuper de ça.
Mais Erza précise, le rouge aux joues :
- Je suis avocate spécialisée en droit du travail. Les seuls animaux dont je m'occupe, ce sont les humains.
Les assistants de Zelef ont installé des tables tous les quelques km, le long du parcours. Je fais couler de l'eau dans mon t-shirt en plus d'en boire, afin de rester au frais. Je mange des Jolly Rancher. Je m'assure de bien bouger les bras d'avant en arrière. Au bout d'environ quinze km, j'ai besoin de manger quelque chose d'un peu plus substantiel, sans quoi je ne tiendrai pas un km de plus, et certainement pas sept. Je sors d'une de mes poches un sachet de gel énergétique. Je n'en ai encore jamais goûté. Zelef m'a expliqué qu'il faut que je mange de petites quantités à la fois pour éviter d'être malade, alors j'ai repoussé ce moment le plus possible car j'en ai assez de vomir. Avec mon estomac fragile, je ne peux pas prendre de risques. Je déchire le coin du sachet. Une gelée gluante et collante s'échappe et se répand partout sur mes mains.
- Oh, c'est dégoûtant ! s'écrie Erza en regardant mon sachet d'un oeil mauvais.
    Je lèche les gouttes qui se sont étalées sur mon pouce.
- Ça ne goûte pas mauvais. On dirait du miel, en encore plus sucré.
    Un km plus loin, j'ai fini de manger le contenu du sachet, mais, comme je ne vois pas de poubelles et qu'il n'est pas question que je jette mes déchets au sol, je fourre l'emballage tout collant dans mon sac à dos. Je pousse un grognement en pensant que je vais nettoyer ça.
- C'est terrible, dis-je en me léchant les doigts pour essayer de les empêcher de coller.
    Je prie pour qu'on ne soit plus trop loin d'un poste de ravitaillement pour pouvoir me laver les mains. Je pourrais me les essuyer sur mon short, mais je ne veux pas faire encore plus de dégâts. C'est alors que je commence à avoir l'estomac barbouillé.
    Je serre mes mains contre mon abdomen.
- Oh non !
- Ton ventre ? me demande Jellal.
    Je hoche la tête. Heureusement qu'il y a des toilettes chimiques au repère des cinq km. Je trotte pour dépasser mes amis et, tout à coup, je me mets à sprinter, hors d'haleine, le genou en feu. J'ai besoin des toilettes. Il me faut les toilettes maintenant, sinon je vais envoyer la sauce.
    Vite, vite, vite !
    J'y arrive juste à temps. Jellal et Erza sont assez gentil pour m'attendre. Depuis que j'ai remplacé l'ibuprofène par de l'acétaminophène, j'ai moins souvent besoin de m'arrêter, mais je continue tout de même à avoir des urgences. C'est bien ma veine que ça m'arrive pendant une course de vingt-deux milles. Je déteste mon petit estomac fragile.
    Juste quand je crois que la situation ne pourrait pas être pire, j'essaie de me débarrasser du gel qui me colle aux doigts en m'essuyant les mains avec du papier hygiénique. De petits morceaux restent alors accrochés à ma peau. La sueur me dégouline sur le visage. Atroce. Il fait affreusement chaud dans la cabine, j'ai mal au ventre et je ne sais plus si j'ai envie de vomir ou si je devrais plutôt m'assoir sur les toilettes. Je suis suante, dégoûtante, dans un état déplorable. Berk.
    Quand je peux enfin sortir des toilettes, je dis :
- Merci, les amis. Je ne sais pas si je pourrais finir la course, sans vous.
    Jellal me tapote le dos :
- Nous non plus, nous ne pourrions pas finir sans toi, Lucy.
    J'ai les larmes aux yeux. Pendant les cinq derniers km, nous ne parlons plus du tout. Nous n'en avons plus l'énergie. Je n'arrive plus à courir de façon fluide : j'avance en claudiquant. Mon genou m'élance. J'entends la voix du docteur Lyon : Lucy, tu sais... Je ne suis pas certain que ton genou va supporter le marathon.
    Au loin, la ligne d'arrivée se dessine. Je laisse échapper un sanglot.
- Dieu merci, bafouille Jellal, en me regardant souffrir.
    Quand nous achevons le parcours, des acclamations s'élèvent. Je continue à marcher pendant une trentaine de secondes, puis je commence à m'effondrer. Zelef m'attrape par le coude. Me relève. Me mène jusqu'à une serviette de plage étendue par terre. La sueur me coule sur mon visage, me piquant les yeux.
    Je me mets à pleurer. Erza s'étale sur la serviette à côté de moi. Elle me prend la main et la frotte doucement, comme maman le faisait quand j'étais petite.
    Zelef détache mon orthèse pour libérer mon genou et Kana lui tend un sac de glace. Une banane pelée apparaît soudain dans ma main. Dieu merci, parce que je crois que je n'aurais pas été capable de la peler moi-même. Je l'engloutis et manque de m'étouffer. J'ai tellement faim maintenant que je pourrais dévorer une épicerie entière. Zelef approche de mes lèvres un gobelet de Gatorade. J'en avale quelques gouttes, mais finis par renverser le reste partout sur moi. Le jaune du liquide et le bleu de mon débardeur se mélangent pour former de dégoûtantes tâches vertes sur ma poitrine.
    La situation me fais encore plus pleurer, comme une madeleine. Il y a tellement de gens qui m'aident. De toute ma vie je n'ai pas eu grand monde. Jubia et moi nous nous sommes éloignées au début du secondaire, Nick était soit avec ses amis, soi il travaillait. Ma mère a toujours travaillé comme une forcenée pour subvenir à nos besoins. Et je l'ai ignoré un bon moment. Sting est mort, à cause de moi. À cause de mes désirs personnels. Et le pire dans tout cela, c'est mon père. Je ne l'ai jamais dit à haute voix à personne, pas même à maman, mais le fait que mon père nous ai abandonnés à ma naissance me vrille le coeur. C'est peut-être de ma faute, tout est toujours de ma faute...
- Zelef, je murmure.
- Repose-toi, Lucy, m'ordonne-t-il.
    Il s'éloigne pour aller aider Erza à s'étirer. Et Kana est en train de donner de l'acétaminophène à Jellal. C'est complètement fou. J'ai eu tellement de mal à courir ces vingt-deux km, comment vais-je pouvoir survivre à vingt-six ?
    Sting n'a jamais eu l'occasion de courir vingt-deux km.
- Zelef, répété-je, je ne peux pas. Je ne peux pas courir le marathon. Je suis trop nulle.
- Lucy, ne t'inquiète pas, me répond Zelef d'une voix douce. Je ne te laisserai pas arrêter. Aujourd'hui, ton genou est à peine enflé. Nos exercices portent leurs fruits...
    Je renifle.
- Je ne peux pas. Je suis trop nulle... Ma mère, Jubia, Sting, mon père... J'ai toujours tout foiré.
    Je sens deux mains se poser sur mes chevilles. Natsu s'agenouille devant moi.
- Luce. Pas question que tu abandonnes. Tu vas y arriver, tu m'entends ? Tu n'es pas nulle. Tu es la première personne que je rencontre qui a réussit à courir vingt-deux km, alors que tu as commencé à t'entraîner il n'y a que quelques mois !
- C'est pas ça, Nat... J'en ai marre. Qu'est-ce que j'ai fait au gens pour qu'ils me quittent ?
    De la morve coule de mes narines.
- Luce, reprend Natsu d'une vois triste.
    Sa voix me semble lointaine, maintenant, mais je sais qu'elle tremble.
- Tu n'es pas seule, n'est-ce pas ? Tu... tu as Erza et Jellal. Et Jubia et ta mère sont de nouveau auprès de toi. Tu as maintenant comme amies Mirajane et la petite, Lévy. Ma famille t'adore. Zelef et Mavis aussi. Et tu m'as moi.
    Je persistes :
- Je ne peux pas. Je ne peux pas. J'ai mal.
    J'ai l'impression que mon estomac est à l'envers. Je me penche et vomis de nouveau, juste à côté de lui. Je me serre les côtes. Il se lève brusquement. Je l'ai dégoûté.
    Mais je le sens tout à coup s'asseoir derrière moi, passant ses jambes de chaque côté des miennes. Ses bras m'encerclent.
- Tout va bien, je suis là. Détends-toi.
    Je m'appuie contre sa poitrine, luttant pour reprendre mon souffle. Zelef, qui est en train d'examiner la cheville de Jellal, jette un coup d'oeil dans notre direction et sourit en voyant son frère avec moi.
    Natsu me murmure à l'oreille :
- Tu vas finir cette course pour lui, tu vas y arriver.
    À ces mots, mes pleurs redoublent encore. Je cligne des paupières pour chasser mes larmes, regardant Nat par-dessus mon épaule.
- Sting compte sur toi, Luce.

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S'il vous plaît, à lire !

     Yeaaah, enfin le chapitre 39 est sortit !
    Je suis vraiment désolée, si désolée de ne pas l'avoir posté et écrit avant, mais avec les examens de fin de cette étape et mes choix de cours pour l'année prochaine ( dur, dur cette troisième année de secondaire), je n'ai pas eu trop le temps pour Wattpad.

Mais je suis de retour, et je compte bien poster la suite la fin de semaine prochaine !

On approche de la fin. Les questions auront des réponses. Quels sont les sentiments de Lucy envers notre pauvre petit Natsu ? Tel es la question. Vous le saurez lors du prochain chapitre, qui sera plus long que les autres et avec une petite touche de stress à la Smile Girl !!!

J'espère que vous laisserez un petit commentaire, n'importe quoi. Les lires me donne chaud au coeur ; une petite attention comme celle-là pour me montrer que vous aimez cette histoire, n'est pas de refus.

   Je vous adores❤❤❤❤❤

   

Respire, Lucy, respire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant