Chapitre 36

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- Nat ?
- Hmm ?
Je lui tends la main.
- Je suis désolée. Peux-tu me pardonner ?
- Toujours.
Nous restons là, immobiles, à nous regarder, main dans la main. Je lui demande :
- Si je suis prête à faire certaines choses avec toi, mais pas d'autres, est-ce que tu vas te fâcher ?
Scrutant mon regard, il frotte doucement son pouce dans la paume de ma main.
- Je suis prêt à tout pour toi, Luce. Tu le sais, non ?
- Oui...
Je prends une grande respiration.
- J'ai rencontré Sting après lui avoir envoyé un ballon sur la tête.
Natsu penche la tête et sourit tristement, m'écoutant lui narrer mon premier amour. Je lui décris notre première dispute, quand Sting s'était inscrit pour participer à la distribution de baisers de la rentrée, sans comprendre que nous étions engagés dans une vraie relation et que les gens en couple ne distribuent pas leurs baisers, même si c'est pour une bonne cause.
- N'empêche, il avait une colonne, ce gars, plaisante Natsu, et je lui donne une petite tape sur le bras.
Il glisse ses mains sur ma taille et m'attire à lui, comme s'il craignait que je m'en aille.
- Continue de me raconter...
- J'aime le silence, et lui éprouvait toujours le besoin de le combler. En auto, il avait beaucoup de mal à être le passager. Il écrasait toujours une pédale de frein imaginaire quand j'allais trop vite. Il faisait du bruit en mangeant ses céréales, ce qui m'agaçait prodigieusement. Il m'a demandée en mariage... et j'ai dit non, mais je sais que j'aurais fini par dire oui. J'étais à lui et il était à moi.
Je m'étrangle et Natsu me serre longuement contre lui.
- Merci de m'avoir parlé de lui.
J'essuie les larmes qui me barbouillent les joues.
- Il me manque.
- Je sais, ma belle.
Sa voix est douce et caressante. J'appuie mes mains contre sa poitrine, et la mienne me semble moins lourde. Il veut bien m'attendre.
- Je connais un jeu auquel je peux te battre, lui dis-je en caressant doucement son t-shirt du bout des doigts.
- Ah oui, lequel ? me demande-t-il en baissant les yeux sur mes mains.
- Le premier qui embrasse l'autre a gagné.
Et j'appuie rapidement des lèvres contre les siennes. Un petit bisou sur la bouche. Un petit bisou qui explose comme une supernova. Quand il ouvre ses beaux yeux verts qui transpercent les miens, sa respiration est rapide et saccadé. Il m'entoure la taille de ses deux mains. Me soulève pour m'asseoir sur son bureau. M'écarte les genoux et se glisse entre mes jambes.
Il approche sa bouche de mon oreille et son souffle me chatouille.
- Tu as gagné.
    Nos lèvres se retrouvent, et c'est lent, et doux, et cela ne ressemble en rien à ce qui s'est passé, en juin, près de la rivière.
    Puis il me chuchote de ne plus réfléchir, de simplement me laisser aller, et je murmure mon approbation. Je recouvre ses joues de mes mains, prenant plaisir à sentir sa peau sous mes paumes, et lui faisant aller et venir ses mains dans mon dos, m'explorant doucement et faisant monter ma température.
     Il me soulève et glisse ses mains sous mes fesses, pour m'emmener sur son lit. J'enroule mes jambes autour de sa taille et nous nous laissons tomber ensemble sur son couvre-lit, sans cesser de nous embrasser. Je lui enlève son écharpe et la pause précautionneusement sur la table de chevet.
    Je découvre qu'il est bavard, au lit. Il commente tout, que ce soit le fait qu'il aime le goût de mes lèvres ou celui qu'il voudrait bien que le bruit cesse, en bas, ou encore que je passe la nuit avec lui, que demain nous nous entraînions ensemble et qu'il aime ça. Entre deux baisers, je lui dis :
- Mais tu cours tellement plus vite que moi. Tu m'as dit toi-même dans ton texto que j'allais ruiner ton entraînement.
- Et alors ?
    Il me tire par-dessus lui, de sorte que je suis assise sur ses hanches et que je sens, à travers ses jeans, la fermeté de son désir pressée contre moi. Il n'arrive pas à détourner les yeux des miens.
    Cela fait tellement longtemps que je ne me suis pas abandonnée de la sorte à une séance de baisers. J'ai déjà vu Natsu nu, c'est vrai, mais il y a quelques chose de très excitant à seulement s'embrasser et à ne pas savoir ce qui va se passer.
- Tu compte tellement pour moi, me dit-il d'une voix sourde. Je t'ai aimée dès le moment où je t'ai vue - quand tu m'as crié après parce que je courais à reculons.
     Suivant du doigt le motif de cercle de son tatouage, je lui confie à mon tour :
- J'ai eu si peur que tu ne veuilles pas me pardonner, ce soir. J'ai eu si peur que notre amitié soit terminée.
- Tout ce qui compte, c'est que tu sois revenue.
    Nous nous embrassons jusqu'à en avoir mal aux lèvres, jusqu'à ce que mes vêtements soient totalement de travers. Il est allongé sur moi, mais il bascule pour s'étendre à mes côtés. Ses cheveux roses sont complètement emmêlés, parce que j'ai passé les doigts dedans sans arrêt.
    Il pianote doucement mon ventre.
- Donc, tu m'as embrassé la première. Ce qui signifie que tu as enfin gagné honnêtement.
    J'approuve dans un petit rire :
- En effet.
- Veux-tu bien passer la nuit ici ? me demande-t-il nerveux et plein d'espoir.
    Comme je ne réponds pas immédiatement, il ajoute :
- Et, demain matin, après l'entraînement, je t'invite au Bacon N'Oatmeal.
    J'éclate de rire et lui tire la langue. Je viens peut-être juste d'entrer à l'université, mais il y a certaines choses que tout le monde sait. Le Bacon N'Oatmeal est ce petit restaurant crado, juste à l'extérieur du campus. C'est là que les étudiants se retrouvent pour soigner leurs durs lendemain de soirée avec des saucisses et des oeufs graisseux. Je lui fais remarquer :
- Je ne crois pas que ce soit permis d'y aller si on n'a pas la gueule de bois, tu ne penses pas ? Je parie que la nourriture est épouvantable, quand on est sobre.
    Il se relève sur un coude et me dit d'une voix aguicheuse :
- Mais je vais avoir une gueule de bois. Une gueule de bois pour cause d'excès de toi. Je me soûle à la Luce, bébé.
- Oh, bon sang, c'est pas vrai ! Dis moi que je ne viens pas d'entendre ça !
    Natsu s'écroule en hurlant de rire, comme pourrait le faire Wendy, sa petite soeur.
- Si tu avais vu ta tête !
    Je lui lance un oreiller à la tête, puis c'est l'heure de dormir. Il se retourne pendant que j'enfile un de ses t-shirts, puis je me glisse sous les couvertures. Je frissonne. Que dirait maman si elle savait que je vais passer la nuit avec Nat, dans son lit ?
     Après avoir envoyé un texto à Loki pour lui demander de ne pas rentrer cette nuit dans la chambre, Natsu avance le bras par-dessus mon épaule pour éteindre sa lampe de chevet, puis il se colle contre moi. En bas, la fête continue de battre son plein, mais le bruit du coeur de Nat éclipse le tapage, surtout qu'il devient plus fort après que j'ai entrelacé mes doigts aux siens et que j'ai tourné la tête pour l'embrasser avant de m'endormir.

Respire, Lucy, respire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant