JEAN

Quand j'entends la sonnette de la porte d'entrée, j'ai, comme à chaque fois depuis trois semaines ce même espoir. 

Je n'ai aucune nouvelle de Mike depuis tout ce temps, je ne sais pas comment il va et ça me détruit. Il reste mon fils malgré tout.  Je pense qu'il va bien, car Jeanne n'a pas du tout le comportement d'une maman stressée, je suis sur qu'il lui donne des nouvelles. Je lui en veut un peu de ne pas me rassurer mais comment le pourrait-elle sans le trahir? Alors je ne dis rien, je ne veut pas en rajouter. 

Je sais que je lui demande un sacrifice, mais cette mutation est une chance énorme, pour moi comme pour lui. Combien d'ados rêveraient de partir là-bas ? Je pensais qu'il avait plus d'ambition que ça. C'est quand même le pays d'origine de sa passion, en lui parlant Base-ball je pensais marquer des points mais même pas.

En m'approchant, j'aperçois par la fenêtre de l'entrée, une voiture de police, je jubile intérieurement, enfin, le cauchemar va prendre fin. Je ne dois pas lui montrer que je suis content et soulagé, ça lui ferait trop plaisir de voir que son plan a marcher. Je suis son père et je me dois de garder cette autorité :

« - Chérie ! »

Jeanne doit être à l'étage :

« - Je crois qu'on nous ramène le fils prodigue ! »

Quand j'ouvre la porte, je m'attends à trouver un policier tenant par les épaules mon fils tête basse, mais non, l'homme est seul :

« - Bonjour monsieur. Je dois vous parler. »

Il m'inquiète là, mais bon, je ne vais pas dramatiser maintenant, peut être qu'ils ne le ramènent pas à la maison, qu'il faut venir au poste, histoire que le gamin ai peur et comprenne la leçon :

« - Un problème monsieur l'agent ? Vous avez retrouvé notre fils ? »

Jeanne nous a rejoints :

« - Votre fils a été arrêté ce matin, il est en garde à vue l'hôtel de police monsieur.

- Très bien, allons le chercher. Vous allez voir il va m'entendre...

- Il est en état d'arrestation, il sera mit en détention provisoire cet après midi.

- En état d'arrestation ? Pour quel motif ? Il n'a fait que fuguer, enfin j'veux dire...

- Pour tentative d'homicide sur un agent des forces de l'ordre.

- Quoi ??? C'est impossible vous devez vous trompez de gamin, mon fils est incapable de faire une chose pareil...

- Son identité à bien été confirmée monsieur, je suis désolé. »

Je sens les ongles de Jeanne s'enfoncer dans mon bras :

« - On peut aller le voir ?

- Non, il va être interrogé et dirigé vers le quartier de détention des mineurs de la prison Bonne Nouvelle. Vous devez faire une demande auprès du juge des enfants. »

C'est un cauchemar, je vais me réveiller, c'est juste impossible. Comment il a pu en arriver là ? Cette petite bande de branleurs a détruit la vie de mon fils, ils ne vont pas s'en sortir comme ça: 

« - Qu'est ce qu'on va faire ? »

Jeanne sanglote dans mes bras :

« - Je vais appeler François, c'est le meilleur. Ne t'inquiète pas ma chérie, on va le sortir de là je te le promets. »

Je la serre contre moi, je ne dois pas craquer, je dois rester fort pour elle.

Jeanne est totalement bouleversée, je peine à trouver des paroles réconfortantes.  Je salut l'agent qui retourne à son véhicule. 

Nous rentrons, serrés l'un contre l'autre, nous soutenant mutuellement.  Jeanne s'installe dans le canapé pendant que je vais à la cuisine:

« - Je vais te faire chauffer un bon café ma chérie. »

Je mets la tasse dans le four à micro-onde et m'installe sur un tabouret de bar, mon téléphone dans la main, je trouve rapidement son numéro dans mon répertoire :

« - François ? C'est Jean.

Je sens sa surprise à l'autre bout du fil :

« - Jean ? Il y a longtemps.

- Oui je sais. J'ai un gros problème. J'ai besoin de tes services.

- Qu'est ce qui se passe ?

-  Mon fils vient d'être arrêté, il va être placé en détention pour tentative de meurtre.

- Je quitte mon bureau immédiatement, j'arrive tout de suite.

- Merci. »

Je savais que je pouvais compter sur lui.

Je retourne au salon et donne la tasse fumante à Jeanne :

« - François arrive. »

Je m'installe à ses côtés, tentant de la consoler de mon mieux.

François arrive quelques minutes plus tard. Il s'installe dans un fauteuil et nous fait face :

« - Expliquez-moi. »

Je lui réexplique ce que nous a dit le policier et lui demande s'il n'y a pas de possibilité de voir Mike sans devoir passer par une demande écrite :

« - Malheureusement non, soupire t'il.

- Il est mineur pourtant !

- Mais de plus de 15 ans, les lois ne sont pas tout à fait identiques et puis vu la gravité, je pense qu'ils vont essayer de le faire juger comme un adulte.

- Ce qui veut dire ?

- Qu'il n'aurait pas le droit au huit clos afin de préserver son identité. Et surtout qu'il effectuerait sa peine avec les adultes, pas dans une prison adaptée.

- On doit pouvoir faire quelque chose, non ?

- Déjà je vais faire une demande pour que son jugement soit à huit clos, comme n'importe quel mineur. Vous de votre côté, faites une demande au juge, le délai peut être long et Mike va vraiment avoir besoin de vous voir. »

François se lève et prend la main de Jeanne :

« - Je vais faire mon maximum, je vous le promets. Je vais tout de suite à Brisous de Barneville et demander à assister à son audition.

- Dites lui que je l'aime, gémie Jeanne.

- Evidemment. »

Je raccompagne François à la porte :

« - Merci, vraiment.

- Ne me remercies pas trop vite Jean, Mike n'est pas encore dehors.

- Tu pense pouvoir le faire libérer ?

- J'en saurais plus avec les éléments de la police et la déposition de Mike. Je ferais mon possible, tu le sais.

- Oui mon ami, je le sais. »

Il me fait signe avant de monter dans sa voiture.

Je rejoins Jeanne au salon, elle fouille frénétiquement dans un tiroir du bureau :

« - Qu'est-ce que tu cherche ?

- Une feuille, pour faire le courrier. Il ne faut pas perdre de temps. »

Elle s'installe au bureau, je prends une chaise de la salle et m'installe à côté d'elle.

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