MIKE

Le lendemain, Karine et moi retournons au local, je n'ai pas de nouvelle des loups et avec Luc dans les parages  je veux m'assurer que tout va bien. 

Non loin de la rue des Bons Enfants, mon attention est attirée par un groupe d'ou s'élève des voix. Trois hommes prennent à parti un adolescent acculé, dos au mur. Je m'avance pour lui venir en aide, malgré les protestations de Karine. Un ado contre trois adultes je ne peux pas faire comme si je ne voyais rien. En m'approchant je reconnais un ancien camarade de classe, Jacques, alors raison de plus pour m'en mêler. Il se fait bousculer et fini par tomber sur le sol. Je m'interpose brusquement en bousculant l'homme en face de lui:

« - Ca ne va pas non ? »

J'aide Jacques à se relever :

« - Ca va aller ? »

En se maintenant le menton, il opine du chef .

Je fais face aux trois hommes, hors de question de laisser ça là, mais Jacques me prend par le bras et me fais reculer :

« - Laisse tomber ! Tu ne sais pas à qui tu as à faire."

Je ne quitte pas du regard celui qui me semble être le meneur:

« - Tu as intérêt à nous payer, dit il à Jacques, quand à toi le loup, dit il en me montrant du doigt, je vais te retrouver et je vais te faire regretter de t'être mêler d'une affaire qui ne te concerne pas. 

- Pourquoi ne pas régler ça maintenant?"

Il suit ses deux acolytes vers une berline noire qui les attend, garée prés du trottoir et s'installe sur le siège avant. Avant que la voiture ne démarre, il baisse la vitre, donne la forme d'une arme à ses doigts et me vise en simulant un tir.  Je peux lire sur ses lèvres « t'es mort ». 

Je me tourne vers Jacques :

« - Tu m'explique ? »

Il soupire et remonte ses manches, résigné. Je le sent gêné mais quand je vois ses bras, je me demande lequel de nous deux est le plus mal à l'aise. Ces cicatrices ont l'air ancienne, malgré tout je reste bouche-bée, je n'aurais jamais imaginer ça venant de lui. je l'ai toujours plus imaginer premier de la classe que junkie, comme quoi....:

« - Tu caches bien ton jeu.

- Je n'en prends plus depuis un moment maintenant, Christelle m'aide à m'en sortir, tu te souviens de Christelle?"

J'acquiesce, une jolie rouquine difficile à oublier. Ils sortaient ensemble un moment mais je les croyais séparer... 

"-  ... ces gars ce sont mes fournisseurs, je vendais pour eux et en contre-partie je gardais de la came pour moi. Quand Christelle m'a donné le choix entre elle et la drogue bah je me suis un peu emballé, et au lieu de rendre la drogue j'ai tout jeté dans les chiotte.  Mais maintenant j'ai des comptes à rendre, ils veulent leur argent. Le problème c'est que je ne possède pas une telle somme. C'est sympa d'avoir voulu m'aider mais tu as pris un gros risque Mike, ils sont dangereux.

- Je ne pouvais pas les laisser te démolir sans rien faire. Tu vas faire quoi maintenant ?

- Je ne sais pas. J'ai un compte que je vais vider et vendre deux trois choses et pour le reste je verrais."

Quand nous reprenons le chemin du local, Jacques me remercie encore et m'intime de faire faire attention à moi, il sait que ces types ne sont pas des rigolos, il craint qu'ils me fassent payer cette humiliation. 

Mathilde et Thomas sont là quand nous arrivons. Thomas semble inquiet. Il me tend un message de Joé:

"-  Il y est parti tout seul, mon scoot n'est plus là. Tu crois que c'est Luc? Me demande Thomas.

- Malheureusement oui, dis-je en soupirant. Il faut absolument aller aider Joé, Luc est capable de tout."

Karine se laisse tomber dans le canapé et éclate en sanglot. Interloquée, Mathilde s'assoit prés d'elle et la prend par les épaules:

"- Ca va aller Karine, ne t'inquiète pas. Je suis sur que Maddy et Joé vont bien.

- Ca ne s'arrêtera donc jamais? dit-elle entre en reniflant. il ne manquait plus que ça.

- De quoi parle t'elle? me demande Thomas.

- Je viens de m'embrouiller avec des mecs, c'est rien.

- Des dealers, précise Karine, dont l'un a menacé de te tuer.

- Mais arrête, c'était pour me faire peur, il ne m'arrivera rien.

- C'est qui ces mecs ? me demande Thomas inquiet.

- Tu ne vas pas t'y mettre non plus ?

- Faut être prudent avec ces gars là Mike.

- J'ai défendu un copain, j'aurais du faire quoi ? Le laisser se faire casser la gueule ? »

Face à leurs regards désapprobateurs, je baisse les armes :

« - Bon ok. Vous savez quoi, moi je vais aller aider Joé, parce que là ça me saoul.

- Je prends ma veste, attend moi.

- Non c'est bon, j'ai besoin d'être seul. Je vais demander à mon père de me déposer à Sahurs.

- Et moi je fais quoi? 

- Ce que tu veux, je suis vraiment en rogne contre Thomas. Je pensais que lui me comprendrais mais pas du tout. Tu restes là avec les filles, tu m'y rejoint, je m'en fous."

Vraiment ils me gavent, je ne suis pas un gamin, je sais ce que j'ai à faire et rester sans bouger pendant qu'un pote se fait laminé, je ne peux pas. J'ai assez que mes parents sur le dos.

La pression commence à descendre pendant que je descends la rue Jeanne d'Arc en direction du Palais de justice. Mon père va gueuler que je le fasse bouger jusque là-bas pour un de mes potes, je vais le prévenir que j'arrive. Il va falloir être diplomate vu la tension qu'il y a entre nous depuis quelques temps. 

Merde!!! Répondeur. Je m'apprête à lui laisser un message quand un ronronnement de moteur derrière moi attire mon attention. J'ai la désagréable impression qu'elle reste derrière moi volontairement. J'essaye de rester calme et  je me retourne rapidement. Je reconnais tout de suite la berline noire à quelques mètres de moi. 

Alors là je suis choqué, je ne m'attendais vraiment pas à ça, j'ai vraiment pris ses menaces pour du vent. Je prends immédiatement la première rue sur ma droite, elle me suit. J'accélère le pas, je recompose le numéro de mon père, décroche s'il te plait. Non!  encore une fois c'est le répondeur qui me récite son message d'accueil. Je ne sais pas trop ou je vais, mais j'ai la désagréable impression de faire une connerie, la ou je vais il y a de moins en moins de monde, je dois retourner dans une rue plus fréquenter.  Je tourne à gauche, elle est encore là. Je tente de distinguer la personne au volant mais les vitres teintées m'en empêchent. La panique est en train de me gagner, je n'ai même pas l'idée de téléphoner à Thomas ou à Karine, surtout je suis en train de m'éloigner du centre ville, je ne vois plus que de petites ruelles désertes. je crois y voir mon salut en constatant que la voiture ne peux pas m'y suivre. je vois alors deux hommes sortirent du véhicule et se lancer à ma poursuite. je détale comme un lapin, mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes poumons me brûlent. Je vois au loin la place du vieux marché, sauvé. Mais il reste de la distance encore, 

Je pense les avoir distancés alors je m'arrête quelques secondes pour reprendre mon souffle. J'entends leurs pas se rapprochés, je reprends ma course. Quelques sdf incrédules me regardent passé sans broncher. 

Au bout de la rue, deux phares m'aveuglent. Je suis pris au piège. Je fais demi-tour et cours me réfugier dans une impasse. La peur m'étreint, mon cœur bat à cent à l'heure. Il ne faut pas que je reste la, je dois me tirer. Ils approchent, je ne sais plus quoi faire.

les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant