JOE

Il est tard quand je retourne chez Carole mais je m'en fous. Les loups m'ont mis les nerfs à me rabâcher que je faisais une connerie avec cette fille, qu'elle se foutait de moi alors que Maddy m'aimait. 

Je sais qu'elle m'aime et je m'en veux de lui faire de la peine, mais moi, celle qui m'obsède c'est Carole et je ne peux pas me passer d'elle, cette simple idée me vrille les tripes. 

Je me fiche qu'il soit tard, je dois la voir, j'en ai besoin.

C'est sa mère qui ouvre la porte. Elle est surprise de me voir débouler comme ça à cette heure tardive. J'entre sans y avoir été invité, elle panique:

"- Qu'est-ce que tu veux? Sors d'ici."

Elle se plante devant moi, espérant sans doute m'opposer une quelconque résistance. Je n'ai pas besoin de la bousculer beaucoup, si elle comptait sur son statue de parent c'est rater, les miens ne m'ont jamais imposé le respect, ce n'est pas ce ridicule bout de femme qui y arrivera. Je dois voir Carole, tant pis pour elle si elle s'interpose. 

Je passe et monte les escaliers. J'entre sans frapper. Elle est là, étendue sur son lit devant la télé :

« - Joé ? Qu'est ce que tu fais là ?

- Maddy est partie. Elle nous a vus. »

Je m'assois sur son lit :

« - Tu as l'air déçu ?

- Non, pas déçu. Mais j'admets que ça me fais bizarre. »

Elle s'agenouille derrière moi et me masse les épaules en m'embrassant dans le cou, je gémi doucement sous ses baisés. Mes angoisses, mes doutes, tout s'envole d'un coup. Le temps s'arrête des qu'elle est avec moi. On serait tellement heureux si elle m'aimait autant que je l'aime. C'est tellement violent d'aimer sans retour. 

Ses mains glisses sur mon torse :

« - Allez ce n'est pas si grave. »

Elle passe à califourchon sur mes genoux :

"- Elle va revenir.

- Je n'ai peut-être pas envie qu'elle revienne."

Je ne la quitte pas des yeux. Va t'elle comprendre que c'est peut-être l'occasion d'officialisé notre relation?  L'occasion de peut-être se rendre compte qu'elle m'aime un peu et que si elle le désire je peux n'être qu'à elle?:

« - Ca va s'arranger tu vas voir. En attendant, je connais un super moyen pour te remonter le moral. »

Non, c'est raté. Très bien puisqu'elle ne m'offrira rien d'autre, je vais procéder comme elle. Je suis  plutôt partant pour un coup sans préliminaires, j'enlève mon tee-shirt :

« - T'as raison, une bonne partie de jambes en l'air devrait me faire du bien.

- Non, pour une fois je ne parlais pas de ça, dit-elle avec un clin d'oeil."

Elle se lève et attrape sous son matelas une boite contenant une seringue, une petite cuillère noircie, un large élastique et un sachet de poudre blanche.

Quand elle me voit froncer les sourcils à la vue de la drogue, elle ne me laisse pas formuler la question en posant un doigt sur mes lèvres. 

C'est la première fois que je vois de la came d'aussi prés, je n'aurais jamais pensé qu'elle en consommait. J'ai toujours eu une image bien précise des junkies, des épaves, crades et paumés, des voleurs, des menteurs invétérés; des zombies en quelque sorte :

« - Tu vas voir, c'est vraiment cool. »

Elle verse de l'eau dans la cuillère pour mélanger la poudre et du briquet pour faire chauffer le tout. Une fois que la mixture bien dilué, elle aspire avec la seringue. Pas une goutte à côté, elle n'en ai pas à son premier essai c'est clair. 

Je reste comme un couillon à l'observer se mettre l'élastique autour du biceps. Quand elle trouve une veine suffisamment gonflée , elle y pique l'aiguille et injecte la moitié du produit. Je la regarde avec curiosité, à l'affût de la moindre de ses réactions. Elle inspire profondément :

« -Tu en veux ? »

Je ne sais pas. Je panique un peu. Tout ce que j'ai entendu sur la drogue c'était affreux. La déchéance physique, le manque, l'incapacité de réfléchir à autre chose qu'à sa prochaine dose, je n'ai jamais voulu devenir esclave de tout ça, je suis réfractaire à toute forme de dépendance, c'est pour ça que je ne fume pas. Mais quand je regarde Carole, elle a l'air bien, épanouie, pas accro. J'ai passé des heures et même des journées entières avec elle, jamais je ne l'ai vu mal. Peut-être qu'en fait c'est gérable, que ce n'est pas si dramatique que veut bien le dire. Ca pourrait même peut-être me faire du bien, j'ai vraiment besoin de me détendre. Je peux juste essayer une fois pour ne pas passer pour un naze. 

J'hésite un peu mais je fini par lui tendre mon bras. 

Elle serre fort le garrot.  Elle penche la tête plusieurs fois de chaque côté avant de me piquer, si j'avais porter un peu plus attention j'aurais remarquer qu'elle commençait à perdre toute notion de la réalité. J'aurais peut-être paniqué à l'idée d'être dans cet état d'euphorie artificiel mais j'étais trop obnubilé par le combat qui opposait mon coeur et ma tête, entre la perte d'un être aimé et l'envie de conquérir une qui ne m'aimera jamais.  Doucement, elle injecte ce qu'il reste de produit. Une douce chaleur me remonte le long du bras, quasi immédiatement. 

Elle repose tout sur sa table de chevet, s'allonge et m'invite à m'étendre prés d'elle :

« - Ce que je veux Joé, c'est du sexe, dans tout ce qu'il y a de plus primaire. Je ne te donnerais jamais ce qu'elle te donnait, tu comprends ? »

Elle se frotte contre moi :

« - Je ne t'appartient pas Joé, mais...tu pourras profiter de tout ça tant qu'il te plaira. »

Elle prend mes mains et les poses sur son corps en se léchant les lèvres :

« - Et bien profitons alors. »

Je m'empare de ses lèvres et je viens peser sur elle de tout mon poids. J'ai chaud, mes sens m'ont l'air de s'amplifier, j'ai l'impression que mes forces sont décuplés, c'est vraiment bizarre et en même temps super agréable. Elle n'est peut être pas qu'à moi mais pour l'instant c'est moi qui suis là, avec elle.  Je ne sais pas si c'est à cause de la came ou la présence de sa mère qui peut nous entendre en bas, mais je ne me suis jamais senti aussi excité.


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