Caroline

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            J'ai du mal à garder les yeux ouverts, cette nuit m'a épuisée. Je suis mal installée dans ce fauteuil, mon dos me brûle de douleur. Sébastien a l'air paisible, il n'a pas reprit conscience, mais les médecins m'ont dit qu'il était stable, c'est déjà une bonne nouvelle, il n'y a plus qu'à attendre qu'il se réveille. Je pose ma tête sur son bras, je voudrais tellement essayer de dormir un peu. La respiration calme de Sébastien et le bip régulier de la machine à laquelle il est relié commencent à avoir raison de moi, je bat des paupières quelques secondes avant de sombrer dans un sommeil sans rêves.  Je suis réveillée par un mouvement brusque, ma tête tombe lourdement sur le drap, je met quelques minutes à rassembler mes esprits et a me souvenir ou je me trouve. C'est quand je croise le regard paniqué de Sébastien que je retrouve toute ma tête. Il a les yeux exorbités, ses mains battent l'air en direction du tube qui lui obstrue la gorge. Je lui agrippe les poignets et tente de le calmer:

"- Chut..., je lui murmure, tu es à l'hôpital, tout va bien."

Il me fixe intensément, il se concentre sur ma voix pour retrouver son souffle:

"- Je vais chercher un médecin, d'accord?"

Il hoche lentement la tête pour me dire oui. Je le lâche et ses bras retombent mollement sur les draps.  Je sors dans le couloir à la recherche d'une infirmière ou d'un médecin. J'en vois un sortir de la chambre voisine, je me précipite vers lui:

"- Mon ami vient de se réveillé."

 Il a l'air soulagé, voir presque étonné, pensé t'il qu'il ne se réveillerait pas du tout? je ne le saurais jamais et puis franchement ça ne compte plus, mon Sébastien est revenu:

"- Restez calme jeune homme, je vais vous retirer l'appareil respiratoire. Ça ne va pas être agréable du tout mais ça ne dure que quelques secondes. "

Il enfile une paire de gants de caoutchouc blanc, un de ses doigts vient entre la machine et la joue de Sébastien, il bouge l'appareil de droite à gauche très doucement et commence à tirer. Malgré la délicatesse dont il fait preuve, je vois les larmes jaillir des yeux de Sébastien, mon cœur se serre. Il fait des haut-le-cœur, ses doigts se crispent sur les draps. Soudain, il bat l'air de ses bras, frappant le médecin au passage. Ce dernier presse la sonnette en essayant de maintenir Sébastien qui se débat comme un diable. Deux infirmières entrent en courant:

"- Venez m'aider à le maintenir, il fait une crise de panique. Sanglez-lui les poignets, je vais lui faire une injection de calmant."

Prostrée contre le mur, je regarde les deux femmes tentées de le maîtriser, mais Sébastien est plus fort que les deux réunies, le médecin est obligé d'appeler du renfort. Deux hommes viennent leur prêter main forte. Ils arrivent après quelques minutes à glisser les bracelets de cuir autour de des poignets et à les lui attachés aux barres métalliques du lit. Les infirmières remettent en place quelques mèches de cheveux sorties de leurs chignons au cours de la lutte en reprenant leur souffle:

"- Et bien il est coriace, dit l'un des hommes."

Sébastien me regarde suppliant, il pleure abondamment et moi j'ai envie de hurler de le détacher mais mes cris restent bloqués dans ma gorge, je suis incapable de sortir un son. Une fois la piqûre faite, Sébastien se détend quasi immédiatement, le fauve en furie d'il y a encore quelques minutes somnole comme un petit garçon tranquille c'est hallucinant, vraiment efficace ce produit:

"- Vous avez remarquer ses jambes docteur? Demande une infirmière.

- Oui j'ai vu, dit il en secouant la tête, c'est ce que je craignais. Retirez l'intubation et mettez lui juste un masque à oxygène. Je reviendrai quand il se réveillera."

les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant