MIKE

En voyant la tête de Thomas devant moi je suis prit d'une furieuse envie de rire :

« - Ce n'est pas possible. »

Je le prends dans mes bras et échangeons une longue accolade. Derrière lui, Karine me fixe, les yeux exorbités :

« - Maddy, dis moi que je ne rêve pas. »

Je lui ouvre les bras, j'appréhende sa réaction. A mon grand soulagement, elle vient tout de suite se blottir contre moi. C'est tellement bon de pouvoir la sentir de nouveau, elle m'a terriblement manqué. Je crois que ce moment est celui que j'ai le plus redouter de ma vie, car quand j'entends mon père se racler la gorge, c'est la mienne qui se serre :

« - Il faut que je te parle. »

Je la prends par la main et nous nous isolons dans la cuisine.  Pendant que je lui explique en détails tout ce qui s'est passé, elle me fixe les yeux pleins de larmes, ses mains caressants mon visage, mon torse, mes bras. Je m'en veux de lui avoir fait du mal et je me déteste de lui en faire à nouveau:

« - J'ai eu si mal quand j'ai cru t'avoir perdu.

- Karine...je..."

La panique que je lis dans ses yeux me serre le cœur :

« - Tu sais que je t'aime pas vrai ?

- Mike je n'aimes pas du tout la tournure que prend cette conversation. Qu'est-ce qui se passe?

- Je vais partir Karine, je vais suivre mes parents à Chicago.

- Quoi ? Mais non, tu ne peux pas me laisser, tu...

- Ils refusent de me laisser ici. J'ai tout essayé, je ne veux pas te laisser, je voudrais rester avec toi ici, je t'aime Karine, plus que tout, mais...je n'ai que 17 ans, je n'ai pas le choix. »

A cet instant, je les déteste. Me séparer de Karine est la pire des tortures. Je n'ai pas souvenir d'avoir déjà ressenti une telle douleur :

« - Je reviens dans deux ans, j'espérais que peut-être...

- Ne fais pas de promesse que tu ne pourras pas tenir. »

Mais si je pourrais la tenir, pour elle, pour nous. Je l'aime assez pour l'attendre. Je suis en train de la perdre, c'est horrible :

« - Et tu pars quand ?

- Cette semaine.

- C'est rapide, tes parents ne perdent pas de temps. Bon voyage Mike.

- Ce n'est pas ma faute Karine. Ne sois pas fâchée contre moi, tu es tellement froide.

- Va-t'en. »

Je m'approche, elle me repousse. Je reste comme un con devant elle, je ne sais pas quoi faire. J'ai mal putain, j'ai l'impression de crever sur place:

"- Karine...je...je ne veux pas partir comme ça..."

Elle me tourne le dos, les bras croisés sur la poitrine. 

"- Je t'aime.

- Au revoir, lâche t'elle tranchante."

Je refoule les larmes qui me brûlent les yeux et retourne vers mes parents :

« - Voila, je lui ai dit.

- Elle va s'en remettre, me dit mon père."

Je secoue la tête :

« - Tu n'y comprends vraiment rien. »

Je serre mes amis tour à tour dans mes bras :

« - Prenez soin d'elle. »

Quand je sors pour rejoindre la voiture, mon père me rappel :

« - Tu n'oublis rien ? »

Je fais demi-tour et tend à Thomas un sac ou j'y ai mit mon blouson et mon bandeau:

« - Quoi ? Mais Mike. Tu peux rester un loup, ce n'est pas parce que...

- Mon fils met un terme à ces bêtises. Vous en avez assez fait comme ça.

- Alors tu t'en vas vraiment?  C'est fini? 

- Je suis désolé les gars, mais je n'ai pas besoin d'un blouson ou d'un bandeau pour me sentir un loup. Je le resterais que ça leur plaise ou non. »

Mon père pose les mains sur mes épaules, possessif :

« - Arrête ! lui dis-je, Ce n'est parce que je te suis, que je suis d'accord. »

Je m'arrache à son étreinte et monte à l'arrière de la voiture. Je regarde mes amis, hébétés. Je leur fais un dernier signe de la main avant que le local disparaisse.

les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant