Jacques

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JACQUES

Couché prés d'elle, je la regarde dormir. 

J'entends alors la sonnette. Je me lève rapidement et me dépêche d'atteindre la porte pour que le bruit ne la réveil pas. J'ouvre la porte, Carole se tient devant moi. 

Elle entre, n'attendant  pas que je l'y invite :

« - Il faut que tu me dépanne.

- Tu t'es foutu de ma gueule et maintenant tu rapplique? Certainement pas, dégage. »

Je ne veux pas qu'elle reste là. Bizarrement je n'ai pas envie de la voir, c'est nouveau pour moi qui ne vivait que pour son plaisir il y a de cela quelques heures encore :

« - Allez s'te plait. J'en ai vraiment besoin."

Elle me parait très calme pour une nana en manque:

- Ok, soupire t'elle en voyant que je ne la croyais pas, Ce n'est pas pour moi, c'est pour Joé. Il est vraiment dans un sale état, il est mal.

-  Quoi? Il faut que je le fournisse maintenant? Pas question, qu'il crève cet enculé, c'est ce que tu voulais non? Pourquoi l'a tu entraîné la dedans? C'était notre truc...à nous.

- J'ai juste voulu partager un petit délire avec lui mais il est devenu rapidement accro. Il sniff plus que moi. »

Je suis bien content d'apprendre que cet enfoiré souffre le martyre , mais allez je vais être bon prince. Et puis j'ai besoin de pognon:

"- T'as combien sur toi?

 - Je n'ai pas d'argent, je pensais avoir recours à notre petit arrangement."

Putain, j'ai besoin de thunes moi, pas qu'elle se déshabille. Je ne peux pas la laisser faire ça, même si il faut l'avouer, il est difficile de rester de marbre et puis il suffirait que Christelle l'entende ou nous surprenne,  ça pourrait tout foutre en l'air....  Hé! mais il m'arrive quoi là ? Il faut que je réagisse, il faut que je la fasse déguerpir d'ici. Je prends deux sachets dans une de mes nombreuses cachettes et lui colle dans les mains :

« - Tiens, prends ça et fiche le camp. »

Elle me regarde surprise :

« - Mais il faut que je te paye.

- Je ne veux rien, dégage.

- Qu'est-ce qui te prends ? »

Je la saisie par le bras et la dirige fermement vers la porte :

« - Je ne veux plus te voir. »

J'ouvre la porte et la pousse à l'extérieur sans ménagement :

« - Ne reviens plus. »

Ouf, j'ai réussi à m'en débarrassé, c'était moins une. Mais quand je lève les yeux, Christelle est dans les marches, les yeux fixés sur moi :

« - Il y a longtemps que tu es là ?

- Assez oui. »

Elle descend, attrape son manteau posé sur le dossier du canapé et passe devant moi :

« - Ou tu vas ? »

Je suis surpris par la violence de la gifle qui vient me brûler la joue :

« - Tu comptais m'en parler quand ?

- Te parler de quoi ?

- De ta drogue de merde ! Et de cette pute qui t'autorise à la baisé en échange de quelques doses.

- Tu savais que j'étais avec Carole...

- Je pensais que vous sortiez ensemble, pas que tu acceptais tout juste pour pouvoir la sauter. En fait tu profite d'une pauvre camée pour assouvir tes...Tu n'es qu'un pauvre type. »

Je regarde mes pieds, je ne sais pas quoi dire. Elle a l'air de me prendre pour un dealer sain qui profite de la déchéance des autres, si elle savait...

Elle ouvre la porte, il faut que je fasse quelque chose, je ne peux pas la laissé partir comme ça. Je ferme brutalement la porte, la prend par le bras et l'oblige à me faire face:

« - Ne pars pas, me laisse pas tout seul. Je lui ai dit de ne pas revenir. Laisse-moi t'expliquer.

- M'expliquer quoi ? J'ai vu ce que j'avais besoin de savoir.

- Non justement. Je ne suis pas un simple dealer Christelle. Je suis aussi...consommateur.

- Quoi ? Mais... depuis quand??? 

- Longtemps en fait, on était encore ensemble quand j'ai commencé."

Je lui montre mes bras, elle étouffe un juron :

« - Je ne me servais pas de la drogue pour avoir Carole, c'est plutôt elle qui se servait de moi pour en obtenir. Je pensais simplement qu'elle finirait par m'aimer un peu...à force. Mais je dois me rendre à l'évidence.

- Tu aimes toujours Carole?

- Je le croyais, mais j'ai réussi à la mettre dehors, à lui dire de ne jamais plus revenir, très franchement je ne m'en croyais pas capable. Et j'ai réussi grâce à toi. »

Je place mes mains de chaque côté de son visage et m'approche d'elle. Elle pose les mains sur mon torse et tente de me repousser mais je continu d'avancer vers elle, je l'embrasse doucement, de petits baisés, jusqu'à ce que ses lèvres s'entre ouvrent. Je m'immisce alors plus profondément jusqu'à ce qu'elle partage un baisé plus passionné :

« - Non, souffle-t-elle. Laisse-moi.

- Je ne la reverrais plus, je te le promets. »

Elle me fixe les yeux plein de larmes :

« - Reste, j'ai besoin de toi.

- Je...je ne peux pas, j'ai trop peur. »

Elle glisse les mains le long de mes bras et sans me quitter des yeux, exerce une pression sur les traces de piqûres aux creux de mes coudes :

« - De ça. »

Je monte à l'étage et reviens vers elle avec un sac plastique :

« - Christelle,  j'ai vraiment envie de m'en sortir mais je n'y arriverais pas tout seul. Si je jette tout ce que j'ai ici, tu accepterais de revoir ta décision ?

- Je ne sais pas si je serais capable...

- J'ai envie d'essayer. Ca ne sera pas une partie de plaisir, il y a des jours ou je serais un sale con, mais je suis prêt à tenter le coup, avec toi.

- Et si tu n'y arrive pas ? Si ça gâche tout entre nous?

- Et bien on aura essayé au moins. »

Elle hésite, j'ai peur qu'elle refuse. Je sens qu'avec elle je peux m'en sortir :

"- J'ai envie qu'on tente notre chance. Je ne te demande pas de promesse sur le long terme, juste un jour après l'autre et on verra ou ça nous mène.

- Bon d'accord. Je veux bien essayer de t'aider. »

Elle accepte ? J'y crois pas, je dois avoir un sourire béat sur le visage tellement je suis content :

« - Mais tu me jette tout ce que tu as et si j'apprends que Carole est revenue, je lâche l'affaire, on est d'accord ?

- On est d'accord. Je ne la reverrais plus. »

Je fais le tour de mes cachettes, je sens son regard dans mon dos. Une fois que j'ai réuni tous les sachets, de poudre et de comprimés je vais dans les toilettes et les jette avant de tirer la chasse d'eau :

« - Voila. »

Christelle me prend la main. je la sens fébrile, elle a peur. Je dois lui prouver que j'en suis capable...pour nous.  

les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant