MIKE

Comme beaucoup ici, on attend le dernier moment pour rejoindre nos cellules, même crevés on résiste pour entendre le plus tard possible le bruit des clés dans les serrures, pour ne pas ressentir tout de suite cette horrible sensation d'enfermement. Avec Julien, nous tenons en jouant au poker, il est marrant parce qu'il est hyper sérieux pour un gars qui ne mise que des cigarettes. Je distribue les cartes. Je distingue son petit sourire en coin, le même qu'il a toujours quand il a un bon jeu. Il pousse son "pactole" au milieu de la table :

« - Tapis ! »

Je l'observe, fais semblant d'hésiter...et le suis...pour le plaisir, parce qu'avec le jeu que j'ai il est certain que j'ai perdu. Mais, mes parents m'ont donné deux, trois choses, dont des cigarettes, alors que Julien il n'a personne qui vient le voir. Il faut bien qu'il se débrouille pour s'en fournir:

« - Quinte flush ! s'exclame t'il. »

Je jette mes cartes devant moi et feint la déception:

« - Merde !"

Il  ramasse ses gains en riant. Derrière lui, j'aperçois un gars qui nous observe :

« - C'est qui lui ? »

Julien me regarde sans comprendre et se retourne pour suivre mon regard :

« - Il s'appel Luc. Reste loin de lui, il est bizarre.

- Comment ça, bizarre ?

- C'est un violent, personne ne sait vraiment pourquoi il est là. »

Luc me fixe, hors de question de baisser les yeux, bizarre ou pas. Je le vois se lever et venir vers nous :

« -  On joue ? »

Je lui désigne une chaise d'un air détaché et commence à mélanger les cartes :

« - Non, à un jeu d'homme. »

Il frappe son poing droit dans le gauche. Je comprends très bien le message :

« - Désolé, je ne suis pas intéressé. »

Je pose les cartes devant Julien et me lève. ce type en a après moi, autant que je m'éloigne:

« - Je retourne dans la cellule. »

Luc me stop, une main sur ma poitrine :

« - Qui t'as autorisé à partir ? »

Je le regarde dans les yeux et pousse sa main d'un geste brusque :

« - Je n'ai pas besoin d'autorisation. »

Je ne vois pas sa droite arrivée et je la prends en pleine face. 

Je m'étale sur la table qui se renverse avec moi. Je prends une profonde inspiration et je me relève en époussetant mon jean. Un coup de pied dans le dos me fait tomber à genoux. putain, il frappe dur. Si je n'avais pas une très bonne raison pour rester calme je lui défoncerais la tête à ce con:

« - Allez ! Défends-toi, me hurle Luc. Montre-moi de quoi est capable un loup. »

C'est donc ça. Il ne cherche qu'à me ridiculisé devant tous les autres. Il est vrai que faire parti des loups m'apporte ici une certaine tranquillité. Personne n'ose trop m'affronter ou me chercher des noises. 

Un coup de pied dans les côtes me coupe le souffle :

« - Pff ! Quelle plaisanterie. Avec ta bande tu la ramène surement mais tout seul tu es aussi dangereux qu'un chiot, tu es pathétique. »

Je suis à quatre pattes, ma poitrine et mon dos me font mal. Je vois ses pieds s'approcher de moi de nouveau.  Je contracte les abdos et attends le prochain coup mais Julien s'interpose :

"- C'est bon maintenant, tu le laisse tranquille.

- Il faut que ton copain te défende en plus ? Eh bien, t'es qu'une merde en fait et j'espère que ce soir tout le monde l'a  bien compris. »

Luc s'éloigne, congratulé par d'autres détenus. Julien m'aide à me relever :

« - Pourquoi tu ne lui en a pas collé une ?

- Je ne veux pas me présenter au tribunal avec un blâme pour mauvaise conduite.

- D'accord mais là tu leur as montré que tu ne répondais pas, d'autres vont te mener la vie dure maintenant.

- Ce n'est pas grave. Si je veux retrouver Karine, il faut que je me tienne tranquille.

- Elle vaut à ce point la peine d'une telle dérouillée ?

- Ho que oui. »

Il m'aide à regagner notre cellule et je lui en suis reconnaissant parce putain c'est qu'il tape fort cet abrutit.

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