Caroline

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Voila des heures que je scrute à la travers la vitre. La nuit est si noire, si épaisse, les imaginer seuls dans cette forêt me glace d'effroi.  Quand la mère de Jennifer m'a téléphoné pour m'annoncer leur disparition j'ai cru que le ciel s'effondrait, elle était en larme au bout du fil:

"- Les chevaux sont rentrés seuls aux écuries, les téléphones n'ont pas de réseau...tu sais ou il est toi ce foutu ranch, viens avec moi je t'en pris."

Evidemment que je viens, Je n'aurais pas pu rester chez moi à attendre sagement de toute façon.  Ma famille a très bien compris...en même temps l'inverse n'aurait rien changé. Elle est venu me cherché et nous avons prit la route, direction Dieppe. Elle était tremblante et en larme, même sans permis j'aurais volontiers prit le volant, j'avais très peur, je n'ai vraiment soufflé qu'une fois garé sur le parking à côté de la Calibra de Sébastien. Jeanne, la mère de Mike, nous attendait sur le perron de la maison du propriétaire:

"- Venez à l'intérieur, je vous ai préparé du café. On attend des nouvelles, une équipe est déjà partie à leur recherche, la deuxième se prépare pour la recherche de nuit."

Voila des heures que nous sommes là et toujours rien. la première équipe est revenue bredouille et la deuxième ne donne pas plus de nouvelle. Je me demande combien de temps ils peuvent tenir par ce froid, sans nourriture et sans eau. Je suis certaine que Mike saurait les retrouver, Sébastien a certainement suivi un itinéraire qu'ils avaient déjà fait ensemble, il n'aurait pas prit le risque de les perdre. 

Quand je l'ai eu au téléphone il m'a assurer qu'il prenait le premier train. Je sais que ce n'est pas la porte à côté mais les heures me paraissent interminables, je voudrait tellement qu'il soit là.

A l'orée du bois, j'aperçoit des torches, ils reviennent. J'attrape mon blouson avant de sortir et court les rejoindre. Jean n'a pas besoin de parler, son air grave et inquiet le fait pour lui, ils ne les ont toujours pas trouver:

"- Nous essayons de couvrir la zone que la radio géo-localisation a enregistrer sur le cheval de Sébastien, mais ils ont pu faire des détours en revenant aux écuries, la zone à couvrir est vraiment large, c'est...

- Vous ne pouvez pas laisser tomber, lui dis-je, avec ce froid ils pourraient..."

Un pompier me lance une lampe torche dans les mains:

"- Et bien allez-y vous, s'écrit il, vous croyez qu'on ne sais pas les risques qu'ils courent? On n'y voit pas à un mètre entre la nuit et la brume..."

Son ton agressif m'arrache les larmes contenues depuis trop longtemps, j'ai essayer d'être forte pour la mère de Jennifer mais là je n'en peux plus. L'idée de perdre mon chéri et ma meilleure amie me brise, je ne sais pas comment gérer ça, c'est la première fois que je vis un tel drame. Je sens dans mon dos, des mains me serrer les épaules, la mère de Jennifer m'a rejoint:

"- Nous sommes tellement inquiètes, murmure t'elle. Et surtout tellement inutiles."

 Le pompier s'adoucie immédiatement:

"- Oui madame, je suis désolé. Je comprend votre angoisse, à la maison m'attend une fille de l'âge de la votre. Nous reprendrons les recherches des les premières lueurs de l'aube et nous les trouverons, je vous le promets."

Le propriétaire du haras nous invite à aller nous reposer dans ses chambres d'amis. Jean monte à l'étage s'allonger pour être alerte et en forme pour la reprise des recherches. La situation doit être compliquée aussi pour lui et Jeanne, ils sont responsables de Sébastien, ses parents l'ont mis sous leur responsabilité, majeur ou non, si il devait arriver malheur à Sébastien, étant le fils d'un haut responsable, les retombées seraient catastrophiques. On me propose d'aller m'allonger mais je préfère rester au rez-de-chaussé, blottie dans le canapé. Je sombre dans un demi-sommeil, je rejoint Sébastien et Jennifer, je les vois, blottis l'un contre l'autre, tentant de se réchauffer, ils tremblent comme des feuilles, leurs lèvres virent au bleu pâle. je leur crie de venir vers moi mais ils ne m'entendent pas. Quand j'ouvre les yeux dans un sursaut, j'ai le cœur dans un étau, je cherche ma respiration. Le bruit qui m'a sorti de ma torpeur c'est un crissement de pneu sur les graviers de l'entrée. Le claquement de portière me donne une bouffée d'espoir, je fonce à la fenêtre...oui c'est lui, il est enfin là. Quand Mike entre dans le salon, Jeanne le fixe abasourdie:

"- Mike??? Que fais tu là?

- Qu'est ce qui se passe maman? Pourquoi c'est Caroline qui doit m'appeler? Tu comptais me prévenir quand?

- On ne voulait pas t'inquiéter. Nous pensions vraiment que nous les retrouverions vite, mais ça s'avère plus compliqué que prévu."

Jeanne ressemble à une petite fille prise en faute, je m'en veux un peu d'avoir prit l'initiative de l'appeler sans en parler à personne, mais je sais que lui saura quoi faire et surtout ou chercher:

"- Ou est papa?"

Jeanne lui indique l'étage du doigt. Mike monte les escaliers quatre à quatre. J'entend des bruits de porte, des pas sur le parquet et des voix étouffées. Jean a les yeux gonflé du peu de sommeil qu'il a pu prendre, Mike, qu'en a lui est en pleine forme, personne ne pourrait croire qu'il vient de se faire 5h de train pour revenir d'Alsace. Il étale une carte de la forêt sur la table, se servant de nos tasses à café pour coincer les coins:

"- Entoure moi grosso modo la zone dans laquelle leur GPS a émit et celles que vous avez déjà couvertes."

Il tend à son père un marqueur rouge:

"- Les recherches reprennent des l'aube, nous pourront...

- Non, le coupe t'il, je pars immédiatement.

- Tu ne peux pas y aller seul? s'écrit Jean, si il t'arrive quelque chose...

- Papa, je connais cette forêt par cœur, je l'ai arpenté des centaines de fois. Je serais bien plus rapide et efficace seul. caroline, me dit-il, peux tu me préparer un sac avec de la nourriture, de l'eau et un thermos de café s'il te plait? 

- Bien sur."

Je m'exécute immédiatement, trop heureuse de pouvoir l'aider et persuader que maintenant tout aller s'arranger:

"- Je suppose qu'il est inutile que je tente de t'en dissuader? Reprend Jean.

- Exact."

Mike prend un sac à dos dans lequel il y enfourne une couverture de survie, le thermos, la gourde, deux sandwichs et des gants. Un épais blouson sur le dos, une radio clippée à la ceinture, il sort rejoindre son cheval aux écuries. Ce dernier henni d'impatience quand son cavalier s'approche de son box. 

Il dégage une telle assurance, une telle maturité, heureusement que mon regard à croisé celui de Sébastien en premier, car je pense que j'aurais pu faire parti de toutes celles qui sont prêtes à se damner pour lui, il faut dire qu'il a un charisme de fou. Un tel sang froid  à 19 ans est assez rare il faut l'avouer. En le regardant préparer son cheval, je pense à Jennifer, Jennifer qui lui pardonne tout, qui ne vit que dans l'attente d'un coup de téléphone. Je sais quelle relation ils entretiennent je ne suis pas aveugle. C'est la première fois qu'elle est fidèle à un plan cul et surtout qu'il dure si longtemps. Je pense surtout qu'elle se ment à elle même, elle a des sentiments pour lui j'en suis persuader. J'ai peur pour elle, peur qu'elle se brûle à quelque chose qui la dépasse, cette fille au tempérament de feu qu'est ma meilleure amie devient d'une incroyable docilité devant ses yeux verts. 

En selle, un bonnet de laine noir jusqu'aux sourcils, il s'arrête à ma hauteur:

"- Je vais les trouver Caroline, ne t'inquiète pas."

Jean s'approche, lui tend une balise radio qu'il fixe à la selle et une puissante lampe torche qu'il passe en bandoulière: 

"- Les équipes repartent dans deux heures, sois prudent fils."

Mike talonne l'animal qui file en trottant vers l'orée du bois et disparaît sous les arbres. Nous restons à fixer les arbres  jusqu'à ce qu'on ne distingue plus la lumière de sa lampe.

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les loupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant