Jennifer

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           J'ai passé une nuit pourrie, je l'ai vu avec elle dans tous mes rêves, je devrais plutôt dire mes cauchemars. Il faut vraiment que je mette un terme à cette histoire, maintenant il va juste falloir que je trouve le courage de le faire une fois devant lui. Le soleil est là et la chaleur aussi malgré l'heure matinale,  je ne pourrais pas me rendormir autant aller profiter de la piscine. L'appartement est silencieux, les filles dorment à poings fermés. En maillot de bain, une serviette sur l'épaule, je me rend à la cuisine et je sors avec deux barres de céréales et une brique de jus d'orange dans mon sac de plage. 

La piscine est déserte, je m'installe sur un transat et ferme les yeux. Seul le bruit des vagues du Golf du Mexique à quelques mètres de moi vient briser le silence, j'ai l'impression d'être seule au monde:

"- Bonjour!"

Bon apparemment ce n'est pas le cas, dommage. J'ouvre les yeux, un garçon se tient accoudé sur la barrière qui sépare la piscine de la plage:

"- Encore besoin de crème solaire? lui dis je en souriant."

Un sourire illumine son visage et ce sourire me fait un bien, c'est inexplicable. Vous savez quand une personne vous fait du bien au moral, vous apaise sans que vous ne sachiez vraiment pourquoi...et bien à cet instant c'est exactement ce qui s'est produit, à cet instant Mike et sa poupée blonde me sont sortis de la tête. :

"- Ça va? me demande t'il.

- Oui très bien, tu es matinal dis moi.

-  Ici il faut se lever de bonne heure pour faire son footing, après il fait bien trop chaud."

Maintenant qu'il me le dis je remarque qu'il porte la parfaite petite tenue de sport comme dans les films américains...short court, torse nu, un casque et le MP3 dans un brassard qui souligne un biceps bien dessiné...:

"- Tu viens marcher?"

Je hoche la tête, après tout pourquoi pas. J'attrape mon sac que je passe sur mon épaule, j'y range ma serviette et mes tongs. Je passe la barrière et le rejoint sur le sable blanc:

"- Tu parles bien français, lui fais je remarquer.

- Ce sont les origines de ma mère, dit il, chez moi tout le monde parle les deux langues, c'est une espèce de tradition, ajoute t'il en riant. Je me doutais en te voyant hier que tu étais française.

- Ha oui? dis je étonnée.

-  Je voulais en être sur, la crème solaire n'était qu'un prétexte pour engager la conversation.  Tu étais différente des filles d'ici..."

Je ne sais pas comment je dois le prendre, je n'ai ni la ligne parfaite ni la blondeur des "filles d'ici":

"- Tu es différente en bien je veux dire...Tu es très jolie."

C'est dingue, j'ai presque l'impression d'avoir penser à haute voix tellement sa réponse arrive du tac au tac:

"- Mais je manque à tous mes devoirs, dit il, je m'appel Jason.

- Jennifer.

- Enchanté Jennifer, répond t'il en m'embrassant sur la joue."

Sans trop comprendre,  ce chaste baisé m'électrise du bas du dos au sommet du crâne, un long frisson me parcoure le dos pour venir se nicher au creux de mon ventre, c'est effrayant comme sensation, mais tellement agréable à la fois. Il retire ses baskets, noue les lacets et les portes en pendulier autour du cou. Nous longeons la plage, les pieds dans l'océan. ce garçon est adorable, vraiment gentil et très drôle. C'est assez déstabilisant, je ne le connais pas et pourtant je me sens en confiance, pleinement sereine, je le laisse même me prendre la main. Il le fait d'une manière si sage, ses cheveux blonds, ses yeux turquoises, j'ai l'impression d'être dans un sitcom des années 80. Il y a encore quelques heures cette scène dégoulinante de sentiments m'aurait fait rire, à cet instant précis je trouve ça adorable. Je me répète en boucle son prénom, Jason, j'adore. Cela fait plus de deux heures que nous marchons quand nous revenons devant ma résidence, c'est Jason qui me l'a fait remarquer et qui a prit la décision de revenir sur nos pas, parce que moi je marcherais encore:

"- Je cours tous les matins, à la même heure et je me disais que peut-être...

- Oui, Je serais à la piscine, exactement à cette même heure...demain"

Il me sourie...ce magnifique sourire, rempli de douceur et de gentillesse:

"- Super, alors à demain, souffle t'il en m'embrassant sur la joue, ou plus exactement à la commissure de mes lèvres. Un baisé doux, un baisé de quelques secondes sans être insistant, je ne saurais pas l'expliquer, c'est la première fois qu'un garçon est prévenant avec moi ou peut-être est ce la première fois que j'en donne l'occasion. Je n'ai jamais été intéressée par les histoires d'amour cul-cul, je sais trop comment ça se termine, j'ai eu l'exemple de ma mère toute ma jeunesse, très peu pour moi, mais là, aujourd'hui, c'est tout nouveau, il n'essaye pas de m'embrasser plus que ça, ni de me peloter, juste envie d'être ensemble, de discuter, de se découvrir...Si Caroline me voyait elle me dirait que je viens de découvrir ce qu'était un coup de foudre, fleur bleue comme elle est...heureusement je ne suis pas si naïve...J'entre dans le hall, je jette un coup d'œil derrière moi, je le voit nouer ses lacets, mettre son casque sur les oreilles et repartir en petites foulées. Quand j'entre dans l'appartement, j'ai encore des papillons plein le ventre, Caroline et Sabrina se lèvent du canapé à mon arrivée, elles ont l'air bizarre, si ça se trouve elles ont voulu me rejoindre à la piscine et on paniquer en ne m'y trouvant pas:

"- Je suis désolée les filles, j'étais à la piscine et il m'est arrivé un truc de fou...vous ne devinerez jamais qui j'ai vu...

- On sait, me dit Caroline, c'est moi qui lui ai dit ou te trouver."

Je la regarde perplexe, je ne comprend rien. Une petite voix me conseille de m'asseoir. Ce que je fais rapidement dans le fauteuil en face du canapé, je ne sais pas pourquoi mais je m'attend à une nouvelle pourrie:

"- Je peux savoir de qui  tu parles?

- De Mike, me dit caroline."

C'est pas vrai!!! 

"- Mike ? Mais je ne l'ai pas vu.

- Je lui ai pourtant dit que tu étais à la piscine, s'étonne Caroline. »

Je me masse les tempes :

« - Il a du me voir avec Jason.

- Jason ?

Elles me regardent perplexes :

« - Le mec à la crème solaire."

Je vois tout de suite le sourire enjoué de Caroline:

"- C'est très bien, ça lui fera les pieds. J'en avais assez de te voir faire ta vie en fonction des disponibilités de Mike...

- Tu t'emballes pas un peu là? On a discuter c'est tout. 

- Et bien excuse moi, mais c'est la première fois que tu parles avec un autre, j'ai le droit d'y voir une once d'espoir que tu mettes un terme à cette liaison malsaine. Il pourrait être l'électro-choc qui te ferait te rendre compte que tu perds ton temps. 

- Ha oui? Parce que tu penses qu'un amour de vacance, peut être la solution ?

- Il pourrait peut-être t'aider à passer à autre chose et à tourner la page. Je n'en sais rien en fait...Mais ce dont je suis sure, c'est que cette relation est destructrice pour toi. Je sais ce que tu vas me dire Jenny, que ce n'est pas la première fois, que tu es habituée à ce genre de liaison, mais là c'est différent. Des plans d'un soir oui, mais là, ça fait deux ans que tu ne vis que pour être à sa disposition, ton quotidien ne s'organise qu'autour de ses disponibilités, tu ne peux pas continuer comme ça. Alors si un "amour de vacance" peut t'aider, j'ai envie de te dire, oui, vas y fonce"



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