12 - Retrouvailles

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3 Septembre 2050
Trois semaines plus tard

Les Fils de la Lumière avaient pris de l'importance. Nous ne comptions pas plus de membres, mais nous bénéficions d'une petite renommée, à présent. Après deux mois et demi, nous déménagions enfin. J'avais suffisamment d'expérience pour atteindre Oftar par mes propres moyens. J'avais même été plus loin, avec Iriko notamment. Et puis, tous autant qu'ils étaient, ils me fournissaient le métal qu'ils trouvaient, en échange de quoi je les hébergeais dans le placard à balais qui me servait de chambre : moi sur le lit, Shaïn dans le seul fauteuil, Iriko contre un mur, et les deux autres à même le sol.

Nous avions investi dans la ville de Malka, après Oftar. C'était un petit appartement de trois chambres, avec une pièce à vivre, et une forge. C'était l'avantage d'évoluer dans un jeu : une chose aussi farfelue qu'une forge dans un appartement était tout à fait possible.

Il était donc temps, à présent, de faire mes adieux à Bellal et à la forge dans laquelle je venais de passer pratiquement trois mois. D'ici un jour ou deux j'aurais lâché mon affaire, et elle ferait alors le bonheur de quelqu'un d'autre.

Avec application, je frappais le métal qui prit tout seul la forme d'une tête de hache. J'avais déjà taillé un manche dans du bois, et il ne me restait plus qu'à assembler le tout. Une fois finie, je l'envoyais de mon inventaire au magasin. Iriko me filait un coup de main pour écouler mes créations à bon prix, et j'avais cessé de prendre des commandes depuis plusieurs jours. Je me contentais d'achever celles que j'avais acceptées, afin de me faire à mon nouvel environnement à Malka avant de reprendre des commandes.

Je venais donc de sortir une épée émoussée et ébréchée que l'on m'avait confiée pour réparation lorsque la porte de la forge s'ouvrit et que la voix d'Iriko, un peu affolée, me fit relever la tête.

— Non, non, attendez !

Mais les personnes qu'il interpellait firent la sourde oreille et un ouragan se précipita sur moi sans que je n'aie le temps de le voir venir.

— Lyall !

Stupéfait, je contemplais Aramise qui me dévorait des yeux comme si nous ne nous étions pas vus depuis des années lumières. Ce n'était pas tout à fait exact, mais avec tous les incidents qui étaient survenus depuis notre séparation, j'avais le sentiment de l'avoir perdue de vue dans une autre vie.

Par quel miracle avait-elle atterri dans ma forge ?

— Aramise !

Sans réfléchir, je la serrais contre moi avec un mélange de joie et de soulagement. La retrouver là était pour le moins inattendu, mais la savoir en vie était encore plus réconfortant.

Je la libérais enfin pour la détailler de la tête aux pieds. Elle était plus forte que moi, à présent, et elle aussi avait changé son équipement. Elle semblait beaucoup plus sûre d'elle que le soir de notre rencontre.

Contre toute attente, même la mienne, je me mis à la sermonner, les sourcils froncés.

— Ou étais-tu ? Shaïn et moi t'avons harcelée de messages !

— Ah ?

Elle vérifia rapidement et secoua la tête en signe de dénégation. Je soupirais. L'hypothèse du bug était certainement fondée. Mais l'essentiel était qu'elle soit bien vivante.

— Va demander à Iriko de jeter un coup d'œil à ta messagerie. Il pourra peut-être t'arranger ça.

L'intéressé nous rejoignit à ce moment précis, la mine déconfite.

Skyline EmrysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant