72 - La chute

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5 Octobre 2055
Le lendemain

Je m'éveillais en sursaut en plein chaos. Je n'eus même pas le temps de constater que j'étais toujours bien vivant que Bravael fut projeté contre le mur à côté de moi, et sa barre de PV vacilla dangereusement.

Je me précipitai à quatre pattes vers lui.

— Bravael ! Tu m'entends ?

Il se redressa avec difficulté, et bien qu'il fût salement amoché, il me sourit :

— Bonjour la Belle au Bois Dormant. Tu vas mieux ?

C'était le moindre de mes soucis, pour le moment, mais son trait d'humour me rassura quelque peu sur son état de santé.

— Oui... Que se passe-t-il ici ?

Bravael désigna la salle complètement ravagée. Je ne me souvenais pas de tels dégâts lorsque nous nous étions battus contre les Nornes. On aurait dit qu'un ouragan s'était déchaîné là, renversant les meubles, brisant les piliers et fracassant les boucliers décoratifs. Et puis je vis Odin – Valhalla – et l'Alliance qui se battait plus férocement que jamais pour l'abattre.

L'épouvante me saisit à la gorge quand je réalisai enfin dans quelle situation nous nous trouvions, et dans quel état étaient mes amis et camarades. Tout allait mal. Très mal.

— On a perdu la moitié de nos troupes, poursuivit Bravael, son sourire se fissurant avec douleur. Mira aussi est morte...

Cette nouvelle me percuta de plein fouet, avec la violence d'un uppercut de géant. Je crus que le ciel me tombait sur la tête et toute mon horreur s'étrangla dans ma gorge en un nœud serré :

— Q-quoi ?

Perdre Mira... c'était perdre une amie très chère, une sœur d'arme et de mésaventure. Mais la perdre, elle, c'était un peu comme perdre Kallaan une deuxième fois. Tous deux avaient été des amis proches à mon cœur, mais aussi de très bons amis de notre guilde, n'hésitant jamais à sacrifier de leur temps ou de leur personne pour nous aider, pour aider les autres.

Noyé dans un choc trop violent et soudain pour être surmonté dans l'instant, je nageais en pleine confusion. Mon cerveau vacillant fit tournoyer des visages dans ma tête et me donna le vertige. C'est alors que je réalisai que la plupart de ces visages étaient ceux de mes amis. Ma famille.

Parvenant enfin à briser le désespoir qui m'étranglait, j'interrogeai mon ami sur quelque chose à laquelle j'accordais plus d'importance qu'à ma propre vie et à celle de tous les autres :

— Et les Fils de la Lumière ? m'affolai-je en cherchant mes amis du regard.

— Ils sont en vie, me rassura Bravael en se relevant avec difficulté. Pour le moment.

Je me levai en tremblant, sentant les émotions me submerger. Mon cerveau était saturé par trop d'informations. Il était beaucoup trop sollicité et n'avait pas été mis au véritable repos depuis plus de cinq ans. Il n'allait pas tarder à me lâcher, et je commençais déjà à perdre les pédales.

— J'y vais, décidai-je fermement, ma décision prise.

Moi aussi j'avais une revanche à prendre sur la vie, sur ce monde, sur Valhalla. D'autant plus que je venais de faire un rêve très étrange, alors qu'il avait été établi qu'il était impossible de rêver dans SE. C'était comme si, un bref instant, je m'étais reconnecté avec mon corps. C'était peut-être un présage. Un bon présage, espérais-je.

Sans réfléchir davantage, je m'élançai dans la bataille pour rejoindre mes amis.

Odin n'était pas seul, compris-je bien vite, et là était tout le problème. Il était entouré de ses deux corbeaux, Hugin et Mugin, de véritables fléaux. Ils semaient le chaos et le désordre dans nos rangs, décimaient nos alliés et éventaient nos stratégies. L'Alliance avait beau tenter de les éliminer en priorité, personne n'arrivait à les atteindre.

Skyline EmrysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant