35 - Insoupçonnable

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Après l'évènement de la statue, je consenti à passer la quasi-totalité de mon temps avec mes amis à Muspelheim. L'idée que nous puissions être séparés à tout moment par un évènement comme celui qui était survenu avec les statues, comme tant d'autres en avaient fait les frais, me révulsait. Nous révulsait tous.

J'avais promis de finir le monde du feu, et je le ferais. Je le fis.

Le 19 Août 2051, après nous être débarrassé de la statue qui oppressait Muspelheim et l'accès à Jötunheim, Sturt le Noir le boss du donjon de Muspelheim tombait enfin. Pour nous. Nous avions complété un nouveau donjon et pouvions à présent compter une clé de plus à notre actif, nous permettant de voyager dans le monde suivant. Cette clé était la troisième sur les sept. Des clés qui, par ailleurs, étaient sans cesse plus difficiles à obtenir, et sans cesse moins convoitées d'une clé à l'autre. Les sacrifices devenaient de plus en plus grands à mesure que les dangers se faisaient de plus en plus mortels et les obstacles de plus en plus insurmontables.

Aramise comptait à présent une nouvelle créature à sa compétence de beast tamer. En plus de son dragon des glaces, elle pouvait maintenant invoquer un phénix de feu. Comme beaucoup d'autres, de mon côté, j'avais récupéré un peu d'équipement. Mais le plus important était que j'étais parvenu à récolter une grande quantité du minerai local pour mes prochaines créations d'armes et d'armures : du magma en fusion.

A présent que Muspelheim était derrière nous, un nouveau défi s'imposait de lui-même naturellement : Jötunheim et le monde des Géants des glaces. Certains joueurs, eux, en avaient même déjà fini avec Vanaheim, mais les statues empêchaient les plus avancés d'atteindre Svartalfheim, pour le moment. Or, plus nous grimpions dans l'arbre cosmique d'Yggdrasil, moins les joueurs étaient nombreux et plus il était difficile de briser les statues. Plus haut, elles n'avaient effectivement rien à voir avec la statue que nous avions presque aisément écrasée à Midgard.

Les difficultés augmentaient chaque jour un peu plus et entamaient notre endurance morale et physique, petit à petit. Cela avait beau n'être qu'un jeu, nous donnions tout ce que nous avions pour aller de l'avant. Par conséquent, nous avions véritablement besoin de prendre des vacances. De vraies vacances, pendant lesquelles nous cesserions de porter armes et armures, ou nous nous sentirions en sécurité, et où nous pourrions oublier que chaque jour était un combat à l'instar d'un malade luttant pour sa vie et refusant de céder un pouce de terrain à la Mort.

A notre façon, nous étions tous des malades, branchés sur des lits d'hôpital, le corps en pause et le cerveau en dégradation avancée. Des malades qui avaient besoin d'air.


21 Août 2051
Trois mois après

— C'est bon, moi, j'en ai ma claque, s'énerva Wayann en se laissant tomber de tout son long dans le canapé du salon. Je vais faire mes valises et me poser dans le premier coin de paradis que je vais trouver, pour le restant de ma vie !

Aramise tapa dans ses mains, abandonnant soudain la contemplation de son inventaire :

— Ce qu'il nous faut c'est une maison de vacances, tiens !

— Ah oui ? contra Azril, les bras croisés. Et tu comptes nous l'offrir comment ?

La jeune fille releva fièrement le menton et le snoba avec dédain :

— Pour commencer, je ne vous offre rien. Ensuite, si nous fouillons un peu je suis sûre qu'on peut trouver de quoi.

Assis à côté d'Aramise, Iriko consulta sa banque, toujours aussi impassible qu'à son habitude :

Skyline EmrysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant