12 Mai 2051
Un mois aprèsAllongé dans l'herbe, je tendis la main vers le ciel, me faisant de l'ombre à moi-même avec mes doigts. Il ne restait rien de ma brûlure de la veille qui aurait pu m'être fatale si Eléa n'avait pas maîtrisé des sortilèges de guérison.
Drôlement pratique.
Pour ma part, j'étais fatigué. A tous les niveaux et dans tous les sens du terme. C'était en partie à cause des deux semaines intensives ou je n'avais presque pas dormi, sans parler d'une certaine lassitude. J'étais en colère contre l'injustice du système de Valhalla : les autres continuaient de progresser tandis que je n'avançais à rien. Ilya passait peu de temps à sa couture et dès que quelqu'un proposait une sortie, elle laissait tout tomber pour aller battre la campagne de Muspelheim, ce qui n'était pas mon cas.
A quoi ressemblait Muspelheim ? Il suffisait de visualiser l'intérieur d'un volcan. C'était grosso modo la même chose, mais à ciel ouvert, sur la surface d'un monde tout entier. Du magma, de la lave, de la roche volcanique noire, un ciel constamment obscurcit de cendres et une chaleur infernale.
Un enfer.
C'était autant de raisons d'arrêter de m'y promener, bien que je fusse conscient que, si je baissais les bras maintenant, l'écart allait se creuser encore davantage.
Vivre à Midgard était tellement plus simple, tellement plus paisible ! On ne risquait pas de mourir carbonisé toutes les trente secondes par un torrent de lave en furie ou une irruption volcanique imprévisible. Sans parler du reste.
Cet endroit devait être un vrai terrain de jeu pour les players killer. Il suffisait d'un petit coup d'épaule et... le tour était joué : le joueur victime tombé dans la rivière de feu et le player killer qui n'avait malheureusement rien pu faire.
— Ah, c'est donc bien là que tu étais !
Je baissais lentement ma main et découvris la tête de Shaïn, penché sur moi. D'une bonne humeur évidente, il s'assit à côté de moi, face au lac, le nez tourné vers le soleil, telle une fleur de tournesol.
Nous détendre ici était réellement reposant et apaisant car c'était une zone résidentielle. Normalement, aucun monstre ne pouvait apparaitre ici, et rien ne devait pouvoir nous arriver de dangereux. Néanmoins, Valhalla jouait tellement avec les règles que l'on ne savait plus ce que nous pouvions croire ou non.
— Qu'est-ce que tu veux ? m'enquis-je d'un ton aussi neutre que possible.
J'avais fermé les yeux, les mains sous ma tête. C'était si tranquille, si calme, si apaisant... Pourquoi ne resterais-je pas ici pour le reste de ma vie ?
— Je voulais seulement parler avec toi, admit sincèrement mon meilleur ami. J'ai le sentiment que, ces derniers temps, tu nous parles beaucoup moins, tu ne t'impliques plus avec nous, et tu ne sors pratiquement plus. Et quand tu te mets à ta forge, t'interrompre est encore plus difficile qu'auparavant.
Je me contentais d'ouvrir une seule paupière pour le regarder :
— C'est ce qui s'appelle s'abrutir de travail.
— Mais pourquoi ? Il y a quelque chose à laquelle tu réfléchis et qui te travaille, je m'en doute bien.
Je ne répondis pas aussitôt et fixais le ciel d'un bleu azur sans le moindre nuage pour l'entacher, contrairement à ce à quoi ressemblait mon esprit en cet instant. Il y avait effectivement un truc auquel je songeais depuis quelques temps, mais je craignais sa réaction.
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Skyline Emrys
Science Fiction"- Combien de temps crois-tu que nous ayons encore à vivre ? demandai-je. Je le voyais dans ses yeux, elle s'était déjà posé la question. - Je l'ignore, Lyall. Peut-être une semaine, un mois, un an... Je sais juste que nous touchons à la fin. La fin...