13 - Malka

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4 Septembre 2050
Le lendemain

Quand je m'éveillais le lendemain matin, bien que j'eus indéniablement plus travaillé que les autres, je fus le premier à me lever. L'exploration et la chasse fatiguaient davantage le cerveau que la forge, raison pour laquelle ils avaient certainement tous besoin de davantage de repos que moi.

J'en profitais pour livrer mes dernières commandes, passer à la banque, acheter deux ou trois bricoles utiles, et revint à la forge. Ils dormaient tous encore ou faisaient semblant.

— Il y a le feu à la forge ! hurlais-je sur le palier, en haut de l'escalier qui menait à mon lieu de travail.

— Quoi ?! s'écria Shaïn en bondissant sur ses pieds.

Visiblement, lui, il ne dormait pas.

Il inspecta les moindres recoins de la petite pièce tandis que les autres ouvraient lentement les yeux. Puis il se tourna vers moi, me découvris hilare, et me menaça de son poing.

— Tu ne paies rien pour attendre !

— Si, justement, répliquais-je. Parce que je vous attends.

— Il est en forme, ce matin, grommela Wayann.

Iriko s'étira soigneusement, bien qu'il n'en n'eut pas besoin, et monta à ma rencontre.

En bas, Aramise se frotta les yeux, le cerveau encore tout endormi.

— Où suis-je ?

— Dans la forge de Lyall, répondit Ilya.

Elle était à présent assise en tailleur à côté de son amie, aussi fraîche qu'une rose cueillie le matin même.

— Bon, vous sortez ou il faut que je vous vire ? Le nouveau forgeron doit arriver d'un instant à l'autre, insistais-je.

De fait, je ne voulais pas m'attarder. C'était tout de même difficile de laisser tout ça derrière moi. Surtout que ce matin-même, en sortant, j'avais croisé nombre de connaissances qui avaient l'habitude de venir me voir régulièrement au magasin et qui habitaient les environs.

Il fallait l'admettre, c'était devenu plus qu'un jeu ; c'était devenu ma vie.

Parvenant à extirper tant bien que mal mes amis de la forge, je les vis tous jeter un regard en arrière. Pour les Fils de la Lumière, c'était un nouveau départ, le début d'une nouvelle aventure. C'était tourner la page sur laquelle nous avions écrit des jours, des nuits, des discussions et des fous rires, des souvenirs. Pour les deux Filles du Gel qui nous accompagnaient, c'était malgré tout le symbole de rencontres, de retrouvailles, d'une soirée intemporelle passée loin de la réalité et des soucis du jeu.

Aramise me rattrapa en faisant la moue, tandis que nous nous dirigions vers le téléporteur.

— Es-tu sûr de vouloir...

Elle s'interrompit brusquement, se doutant que c'était certainement un sujet actuellement sensible pour moi, et se mordit la lèvre. Elle n'avait pas tort, mais je ne lui en voulais pas.

Je la rassurais gauchement.

— T'inquiètes pas, c'est rien.

Elle gonfla les joues comme une enfant, irritée.

— Bien sûr que si, c'est quelque chose !

Oui, c'était quelque chose. Je me sentais mal, pour être honnête. Mal d'abandonner ce lieu rassurant auquel je m'étais attaché. C'était comme renoncer à un foyer et sa sécurité pour aller au devant de l'inconnu et du danger. Mais il n'y avait pas que cela.

Skyline EmrysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant