De retour en France, il me fallut encore passer quelques semaines à l'hôpital avant d'être autorisé à retourner chez moi, sous conditions. Je devais notamment ne jamais me retrouver seul, et un infirmier devait passer une fois par semaine pour suivre mon état de santé. Je n'avais rien à y redire.
Les médias du monde étaient partout après moi, à m'assaillir, ce qui avait provoqué la mise en place d'une sécurité tout autour de la propriété, gardée nuit et jour par un minimum de cinq gardes et de deux chiens, sans compter nos propres Bergers Allemands, Ezy et Bolt. Je réagissais mal aux intrusions des journalistes et leur agressivité, raison pour laquelle je restais confiné à la maison. J'étais aux bons soins de mes frères et de Jessica, ainsi que de Jérémy. Tous deux s'étaient mariés à peine quelques mois avant mon réveil.
Comme j'avais du mal à rester tout bonnement sans rien faire, ils m'aidaient tous à retrouver des bribes de mémoire, et Lucas m'enseignait quelques-unes de ses connaissances en informatique. Par on ne savait quel miracle, j'avais réussi à négocier la sauvegarde de Valhalla et de l'intégrité de ses super-ordinateurs. De même que j'avais pu conserver mon ID et continuer à jouir d'un accès privilégié au serveur par le biais d'un ordinateur particulier que Monsieur Yamazaki en personne avait fait livrer de Tokyo à Paris. Pour le moment, il était stocké dans le grand cabanon du jardin, surprotégé par des systèmes mis au point par la Yamazaki Entertainment, et physiquement gardé par un garde armé. Je ne savais pas encore ce que j'allais en faire, mais je n'avais pas pu me résoudre à accepter la liquidation de Valhalla quand la société japonaise m'en avait averti. Ils ne voulaient plus avoir affaire avec cette intelligence et souhaitaient la détruire ; mais à moi, elle pouvait encore servir. J'ignorais en quoi, cependant j'avais la conviction profonde que son rôle dans cette histoire n'était pas terminé.
23 Décembre 2055
Un mois plus tardÀ mesure que le temps passait, le besoin inconditionnel de revoir mes compagnons d'aventure devenait impossible à ignorer. C'est alors que je songeai à mon ami Clément avec qui toute cette histoire avait commencé. Peut-être n'était-il pas connecté au moment fatidique, mais il y avait fort à parier que si. Par conséquent, il était la personne la plus proche avec qui je pouvais parler de tout cela et à qui j'étais capable de rendre visite pour m'enquérir de son état de santé. Tout le monde avait-il perdu la mémoire, comme moi ? Ou peut-être confondaient-ils le virtuel et le réel, comme cela m'arrivait par moment.
Je me rendis dans la cuisine où se trouvaient Jess et Jérémy. Kyle était là, lisant un livre sur la neurologie, et Lucas, dans le salon, bidouillait quelque chose sur sa tablette transparente dernière génération.
— Je vais aller voir Clément. Ses parents doivent bien savoir dans quel hôpital il se trouve, leur annonçai-je, les mains dans les poches.
— Je t'accompagne, réagit aussitôt Kyle en fermant son livre d'un geste sec, bondissant littéralement vers moi.
J'entraperçus à peine Jess et Jérémy échanger un regard hésitant. Ils étaient tous les deux aux fourneaux pour préparer le déjeuner de ce midi.
— Eh bien..., commença Jess, visiblement nerveuse à l'idée que je sorte.
Il fallait dire que depuis que j'étais rentré, je n'avais encore pas mis un pied à l'extérieur. Je pouvais donc comprendre son inquiétude, que Jérémy semblait partager.
— Je l'accompagne, Jess, insista Kyle, derrière moi. Je serai avec lui. Laisse-le aller voir Clément.
Le regard atterré de ma gouvernante me fit presque pitié. Elle s'inquiétait tellement pour moi...
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Skyline Emrys
خيال علمي"- Combien de temps crois-tu que nous ayons encore à vivre ? demandai-je. Je le voyais dans ses yeux, elle s'était déjà posé la question. - Je l'ignore, Lyall. Peut-être une semaine, un mois, un an... Je sais juste que nous touchons à la fin. La fin...