20 Octobre 2055
Deux semaines plus tard
Bip. Bip. Bip.
Qu'est-ce que c'était ?
Bip. Bip. Bip.
Régulier. Agaçant. Étranger. Un tantinet familier, pourtant. Mon cœur eut des ratés et je m'attendis, sans savoir pourquoi, à voir le ciel se teinter de rouge et des voix hurler d'horreur. Mais rien ne se produisit. Tout était calme et presque silencieux. Parallèlement, mon cerveau me disait que ce bruit était un son étrange et inhabituel que je n'aurais pas dû entendre.
Ma tête était lourde, mon cerveau engourdi, mes paupières closes et mes membres immobiles.
Je n'avais aucune notion du temps.
Égaré.
Confus.
Il y avait des visages sous mes paupières closes, des promesses, des sourires et des larmes, des géants semant la discorde, la terreur et le malheur, mais aussi une forge, un appartement, une maison dans un arbre, un arc-en-ciel lumineux, un sapin de noël.
Rien d'autre.
Pas même de demi-conscience. Juste le néant, et autre chose.
Bip. Bip. Bip.
Ce son marquait le rythme du temps qui fuyait.
Je me sentais mal. Je savais que je devais me dépêcher. C'était un sentiment pressant, tellement urgent, ancré tellement profondément en moi, pourtant je ne parvenais pas à savoir pourquoi. D'où venait-il ?
22 Octobre 2055
Deux jours aprèsJe sentis mes membres tenter progressivement de retrouver leur mobilité, mes paupières lourdes s'efforcer de s'entrouvrir. C'était lent, long, fastidieux et douloureux. Mon cerveau me hurlait d'abandonner, de cesser de lutter et de me faire tant de mal. De nous faire du mal. Car il était fatigué, usé, à deux doigts de céder, lui aussi, de s'éteindre pour entrer dans un sommeil végétatif dont il ne s'éveillerait jamais.
Pourtant, je poursuivis ma lutte. Parce que j'étais profondément convaincu que c'était ce que je devais faire. Parce que je savais que cette douleur n'était pas vaine et qu'elle me guiderait vers la lumière. Même si j'ignorais pourquoi.
Je perçus les échos d'une voix. Je n'entendais pas ce qu'elle disait et elle m'était étrangère, mais je m'y accrochais comme à une main tendue dans l'obscurité.
Bip. Bip. Bip.
Des images fugaces m'apparurent au rythme régulier de ce son, par flashs : un salon avec une cheminée, un chalet en bois, un quai sur un lac, des traces de pas dans la neige, un dortoir, un lit de mousse, des visages par dizaines, et des voix. Des voix qui criaient mon nom, m'appelaient comme pour me ramener à elles.

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Skyline Emrys
Fiksi Ilmiah"- Combien de temps crois-tu que nous ayons encore à vivre ? demandai-je. Je le voyais dans ses yeux, elle s'était déjà posé la question. - Je l'ignore, Lyall. Peut-être une semaine, un mois, un an... Je sais juste que nous touchons à la fin. La fin...