Skyline Emrys

17 - Premier donjon

10 Septembre 2050
Le lendemain

— Lyall ! Lyall ! Tu m'entends ? Réveille-toi !

Lentement, j'émergeais d'un sommeil lourd que j'espérais avoir été réparateur. J'entendais d'ici mon cerveau me remercier pour cette pause bénie. Qui aurait cru qu'un jour ce serait le cerveau et non le corps qui réclamerait du repos et le sommeil ?

Me redressant sur les coudes, je constatais qu'ils étaient tous penchés sur moi, agglutinés autour de mon lit. Cette vision me choqua tout d'abord, et acheva de me réveiller tout à fait. Puis, je me redressais brusquement pour reculer dans le fond de mon lit et m'éloigner d'eux et de la proximité trop marquée qui nous rapprochait en cet instant.

— Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Quelqu'un est mort ?

Aramise poussa un bruyant soupir en allant s'asseoir sur le lit qu'Ilya avait occupé pendant la nuit.

— Aaaaahhh ! Tu es une vraie prise de tête, toi !

Les autres s'écartèrent, visiblement rassurés eux aussi. Pour sa part, Ilya resta muette, assise par terre à ma tête de lit, me jetant un regard assassin que je ne voulais pas affronter.

— Tu as vu l'heure ? me demanda Shaïn en tapotant familièrement son poignet comme s'il avait porté une montre. On devrait déjà être entré dans ce foutu donjon.

Je consultais l'heure, surpris et curieux de savoir pourquoi il me faisait une telle remarque. Se faisant, je frôlais la deuxième crise cardiaque en moins de cinq minutes.

— 12h13 ?! m'étranglais-je. C'est quoi ce bordel ?!

Jamais – jamais – je n'avais dormis aussi longtemps de ma vie entière, réelle ou virtuelle. Personne à ma connaissance, d'ailleurs, n'avais jamais dormis si longtemps dans Skyline Emrys. Alors pourquoi moi ? Etait-ce en lien avec mon saignement de nez, et au fait que je cherchais à « tricher » en occultant le besoin journalier de repos que mon cerveau réclamait ? A voir le regard accusateur d'Ilya, la réponse à ces questions, de son point de vue, était affirmative.

— Allons-y, marmonnais-je en sautant du lit.

— Eh bah c'est pas trop tôt, râla Aramise en m'emboîtant le pas. On a bien cru que tu ne te réveillerais jamais.

Sans faire de commentaire, je sortis, tout le monde à ma suite.

Nous gagnâmes le téléporteur de Sonotra pour rejoindre Argoat et, de là, nous quittâmes la capitale pour nous rendre légèrement plus à l'Est, aux pieds d'une grande et imposante montagne, la première de toute une chaîne que nous apercevions dans le lointain.

L'entrée du donjon était là, devant nous. C'était une grande porte ouvragée à double battants de taille titanesque, gardée par deux PNJ humains en armure ridiculement petits à côté d'elle.

Nous étions là, tous de front, face à cette porte, à la regarder comme si un miracle était sur le point de se produire. Sauf que derrière cette porte ne nous attendait rien d'autre qu'un cauchemar dans lequel nous étions sur le point de nous précipiter, de notre plein gré.

— Alors nous y voilà, murmurais-je, les yeux levés vers l'immensité de la porte. Le point de non-retour...

Aramise, à côté de moi, serra les poings et les dents pour empêcher ses dents de s'entrechoquer.

A notre grande surprise, elle fit le premier pas, s'avança un peu au-devant des portes avant de se retourner vers nous. Elle semblait déchirée.

— Je vous suis reconnaissante à vous tous, pour tout. Shaïn, Lyall, merci pour le début de cette aventure ; Ilya, pour m'avoir prise sous ton aile ; et Iriko pour m'avoir sauvé la vie. Azril, Wayann, je vous remercie également pour tous ces bons moments passés ensemble depuis ces quelques jours, et pour votre soutien même dans les pires moments.