Skyline Emrys

41 - Notre force

25 Avril 2052
Une semaine plus tard

Cette errance solitaire dura plusieurs jours. J'évitais soigneusement tous les mobs que j'apercevais. Comme les couloirs étaient étroits, je faisais simplement demi-tour avant qu'ils ne me repèrent pour choisir un couloir vide.

Puis, enfin, comme dans un rêve, j'eu l'impression d'immerger de longs mois de recherche pour tenter de trouver la sortie. Parce que j'avais devant moi l'antichambre du boss, une zone sécurisée, la première que je voyais depuis notre entrée dans le donjon. Il n'y avait personne, néanmoins, et j'étais seul.

En vérifiant ma carte, je constatais que mes amis étaient tous sains et saufs mais éloignés les uns des autres.

Indécis, je ne sus pas quoi faire sur le moment. Devais-je rester là, en sécurité, et les attendre ? Ou bien devais-je partir à leur rencontre pour les guider jusque-là ? Après leur avoir envoyé un message pour les informer de ma découverte, je décidais de rester sur place. Pendant, à peu près trois minutes. Finalement, je quittais la zone sûre et décidais de rallier le plus proche point bleu qui symbolisait mes amis. En l'occurrence, c'était Ilya.

J'accélérais. Et si quelque chose se produisait juste avant que je n'arrive ? Et si j'arrivais trop tard, qu'elle disparaissait sous mes yeux ? Je ne voulais même pas y songer, mais un frisson me secoua l'échine et la chair de poule fit se dresser mes cheveux dans ma nuque. Jamais une simple pensée de ce genre n'avait à ce point alourdit mon cœur.

Ça non, ne surtout pas y penser.

C'était la nuit depuis longtemps lorsque je la retrouvais enfin, pelotonnée comme elle avait pu dans la fissure d'un mur pour passer la nuit à l'abri, tremblante de froid et de solitude, très certainement. Le franc succès de mes recherches pour la rejoindre au plus vite m'étonna.

Son visage s'illumina dès qu'elle me vit et ce sourire me troubla étrangement. Cependant, ma joie de la revoir saine et sauve fut de très courte durée. Dans la pénombre de la nuit, une ombre s'était glissée dans son dos. Or, quoi que cela puisse être, cela ne lui voulait aucun bien.

— Ilya, attention !

Elle s'était extirpée de sa cachette et venait vers moi d'un pas rapide. Elle ne voyait pas la menace dans son dos.

Je bondis au moment où nous nous touchions presque. L'impact, violent, nous propulsa – moi en avant, elle en arrière – presque deux mètres plus loin. Une énorme massue explosa la glace à quelques distances seulement de mes jambes, les manquant de peu. Un peu plus et il m'aurait estropié, et s'en aurait été fini de moi...

Nous nous redressâmes aussitôt pour faire face à l'imposante carrure d'un Jötun clairement indisposé. Génial... Il récupéra sa massue, plus grosse que mes deux cuisses réunies, et s'apprêta à attaquer à nouveau.

Le seul avantage que nous avions était le fait d'être deux. Du reste, rien ne jouait en notre faveur. Pour un avantage, ce n'en était pas vraiment un.

Un second coup de massue nous divisa. Nous étions habitués à nous battre ensemble – bon d'accord, deuxième avantage. Diviser pour mieux régner ne nous allait pas nécessairement, mais cet adage s'appliquait étonnement bien lorsque nous n'avions qu'un seul mob à abattre.

Tandis que j'attirais son attention, Ilya se glissa dans son dos pour frapper. Était-il plus intelligent que les autres ? Non, c'était seulement Valhalla à travers lui qui s'acharnait sur nous. Toujours est-il qu'il ne mordit pas l'hameçon de ma diversion et chercha immédiatement ma coéquipière des yeux pour s'acharner sur elle.