36 - Négociation

479 78 42
                                    

Plusieurs centaines de pas, quelques araignées, trolls et loups plus tard, nous nous retrouvâmes aux pieds de la montagne que la forêt entourait. Iriko tourna alors la tête de gauche à droite, à l'affût de quelque chose. Mais il paraissait ne pas trouver ce qu'il cherchait, les sourcils froncés.

J'ouvris la bouche pour l'interroger au moment où il trouva enfin.

— Ah !

Un peu plus loin sur la droite, il s'approcha d'un affleurement rocheux à la forme singulière... et disparu. Je bondis aussitôt à sa suite et découvris une sorte de faille étroite dans la roche, invisible de face, de gauche ou de droite à cause d'un jeu de couleurs, et à cause de notre appréhension de la réalité par notre cerveau connecté au jeu. Il fallait donc pratiquement être au pied pour la voir.

M'engouffrant à mon tour dans l'étroit passage, il ne me fallut pas trois pas pour franchir la distorsion numérique qui marquait, entre autres, l'entrée dans une zone résidentielle. Et de l'autre côté, le spectacle qui m'attendait était tout simplement ahurissant. Iriko avait raison, il existait bel et bien des choses insoupçonnables dans Skyline Emrys.

La zone résidentielle était pareille à une gigantesque vallée cernée de toutes parts par les montagnes, avec pour seule entrée et sortie le passage que nous venions d'emprunter. Il y avait un grand lac tout au centre avec des eaux bleues et cristallines, si transparentes qu'on en voyait le fond. Il y avait de petites forêts de sapins aussi, de-ci de-là, avec des champs de fleurs colorées, des troupeaux de moutons et de brebis dans des pâturages.

— Bon, tu viens ? me secoua Iriko qui me fixait avec insistance avec des points d'interrogation dans les yeux, planté à quelques pas devant moi.

Je lui emboîtais le pas, sidéré :

— Comment as-tu découvert cet endroit ?

— Je connaissais son existence, c'est tout, répondit-il, le plus succinctement possible.

Je ne relevais pas.

Il nous fit prendre une promenade de bois aménagée autour du lac. J'aurais pu – je voulais – rester là pour toujours.

— Alors, ou veux-tu nous emmener ? demandais-je tout en étant incapable de me détourner de ma contemplation environnementale.

— Là, répondit-il.

Je fus bien obligé de me détourner de ma contemplation pour observer la direction qu'il m'indiquait du pouce. Ce qu'il me désignait, l'objet de notre venue ici, attirait à présent toute mon attention comme une flamme un papillon : c'était un chalet en bois de type savoyard, sur la rive d'en face, légèrement avancé sur le lac.

Incapable de m'en empêcher, je fonçais droit sur le chalet en suivant la promenade, filant à une vitesse que j'aurais été incapable d'atteindre dans la réalité. Mais le chemin cessa de longer la berge pour s'éloigner un peu plus dans les terres et mener... directement à la porte du chalet, gardée par un PNJ à l'air jovial.

Iriko, qui m'avait suivi de près, se porta à sa rencontre :

— Bonjour à vous ! Que puis-je faire pour vous être utile ? demanda le PNJ.

— Nous venons pour le chalet, répondit mon ami.

Deux choix apparurent alors dans une fenêtre devant nous : visite ou achat. Iriko soupira de soulagement et choisi la visite. Je l'imitais. L'instant d'après, nous étions dans l'entrée, du chalet, d'un claquement de doigt.

Tout était fait en bois et respirait l'espace et un semblant de liberté. Cela sentait les vacances, en tout cas. Un chalet tout en bois avec un grand salon séjour qui ouvrait sur une terrasse à demi au-dessus de l'eau. Une petite cuisine était encastrée dans un coin avec le strict minimum. Et puis, il y avait le dortoir.

Skyline EmrysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant