Prologue

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— DANGER ! DANGER ! DANGER ! SYSTÈME EN MODE ARRÊT.

La voix robotique venait de s'éteindre brusquement après l'annonce de son message d'alerte. Les lumières d'alarmes me renvoyaient à la face un spectre rouge clignotant. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je ne m'entendais plus penser, mais une chose était certaine, il fallait que j'attérrisse ou que je m'écrase ! Peu importe, l'un ou l'autre, il fallait limiter les dégâts. Je n'avais plus rien à perdre. Mais le mieux était tout de même la deuxième option : la mort. Je ne pouvais prendre le moindre risque...

Les alarmes hurlaient toujours plus fort à m'en casser les tympans. Et me trouver au système de navigation n'arrangeait en rien la situation. Ajoutez-y le stress et le mal de tête. Soudain sur l'écran relié au tableau de bord, je la vis : une planète ! Et d'après les informations pas de source de vie repérée. Je n'avais pas le temps pour un autre scan. C'était la destination idéale. Après avoir lancé l'atterrissage violent en tapant sur le clavier, le vaisseau subit une grosse secousse qui fit tomber mon corps à quelques mètres plus loin, me cognant la tête la première.

Je m'apprêtais à me relever et rejoindre mon poste, mais une autre secousse me fit chuter de nouveau. Toutes les lumières s'éteignirent. Seuls les bruits de jais électriques persistaient dans l'obscurité. La voix retentit de nouveau :

— EXPLOSION DU VAISSEAU ! EXPLOSION DU VAISSEAU ! EXPLOSION DU VAISSEAU !

Je ne sais ce qui se passa à cet instant présent dans mon esprit, mais machinalement, je réussis à me lever. Difficilement, je dois l'admettre, mais j'avais réussi. Ma jambe, mon bras, ma tête et mes habits étaient maculés de sang.

Trouver la sortie et vite.

Je tentais de sortir de l'immense monstre de ferraille, rasant les murs en me tenant le bras droit et traînant la jambe. Telle une zombie, je sortis du vaisseau avec le message alarmant de la voix robotique en bruit de fond. Dans un suprême effort, je réussis à ouvrir la porte et à m'extirper du vaisseau en me jetant par terre. Mon corps resta inerte sur la terre, dans le noir. Et soudain, ma gorge se mit à me brûler et l'air vint à me manquer. Je suffoquais, je ne respirais pas, je tentais de survivre ! Au plus profond de mon être j'entendais les battements de mon cœur, qui comme moi tentait de survivre. Mon heure était proche !

Mon organe vital cognait toujours autant dans ma poitrine et mes oreilles à présent bourdonnaient. Je cherchais désespérément de l'oxygène. J'avais réussi à m'éloigner de plusieurs mètres du vaisseau en rampant malgré ma respiration saccadée. Je ne sais si c'est l'instinct de survie ou autre chose, mais j'étais en train de me battre pour vivre. C'était à n'y rien comprendre. C'était comme si une part de moi voulait toujours rester vivante. Ironique. La mort était l'option choisie il n'y a même pas deux minutes.

Mes efforts avaient le son de ce qui me paraissaient être des gémissements d'animal désespéré. Ma gorge était sèche. C'était fini. J'allais mourir, mais j'aurai au moins accompli ma mission. Mais j'allais mourir seule, sur une planète inconnue, loin des miens... Une vague de chaleur traversa mon dos et un bruit d'explosion retentissant m'ébranla plus loin. Il avait explosé, envoyant dans toutes les directions des bouts de métal. Plus d'oxygène... Plus de survie... Seule... Seule au monde. La vie était en train de me quitter et je continuais à suffoquer sur cette terre de sable rouge. Ma tête me faisait mal, le bruit persistait et sifflait dans mes oreilles. Mes yeux se fermaient lentement. Mes paupières presque closes, je vis au loin deux masses noires s'approcher.

Derrière eux une lumière bleutée aveuglante et un bruit de moteur. En perdant de l'oxygène étais-je en train de perdre la raison ? Je ne sentais plus le sol au contact de mes membres. J'étais comme soulevée dans les airs. Peut-être que c'était ça la mort. Un contact froid autour de ma bouche et une immense bouffée d'oxygène qui pénétra subitement dans mon organisme. Non, je n'étais pas morte, du moins pas encore. Je me sentais revivre. Ma respiration avait de nouveau pris un rythme normal. Je crus voir un casque et entendre des sons. Peut-être qu'on me parlait. Je ne savais pas. Des flashs me vinrent en mémoire : une maison dans le désert, une ville, des gens que je connaissais, des paysages, des sensations, une vie qui n'était plus la mienne. Je l'avais quitté et c'était mieux ainsi. Plus jamais je n'y retournerai.

La personne qui me tenait me parlait toujours, mais à mes oreilles sa voix était plus un bourdonnement qu'autre chose. Je ne pus dire qu'un mot :

— Terre.

Et je sombrais dans les ténèbres.

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant