Chapitre 71 : « Il y en a assez de cette comédie ! »

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« — Ce qui nous arrive est terrible. Une véritable tragédie, inattendue qui plus est. Les terroristes qui se sont introduis au Palais Gouvernemental ne se sont pas seulement attaqués aux pauvres gens qui sont à présent leurs otages, mais à Ankor tout entier en commettant cet affront. Je vous promet que cette histoire se réglera dans les plus brefs délais et que votre sécurité est ma priorité. Je vous remercie.

— Sans transition maintenant, le gouvernement ne s'est toujours pas exprimé sur l'étrange prise d'otage du Palais Gouvernemental. Seul le gouverneur Allan pour l'instant a fait une apparition. Sans plus attendre... »

Le Rantadien éteignit rageusement la TV. Dï-Ego traduisit à Dï-Orkar ce qui avait été dit aux infos et cela n'avait pas l'air de plaire au chef. Tout comme moi, ses plans ne se déroulaient pas comme il l'avait prévu. Il avait attaqué le domicile de son ennemi pour le tuer ou du moins lui donner une bonne leçon et celui-ci n'était même pas là. Il y avait seulement une vingtaine de personnes, dont la plupart : des employés de la villa. Mais il y avait aussi des scientifiques reconnaissables à leurs blouses blanches. Leur présence m'étonna. Il y avait donc un labo ici. Je me demandais à quels fins le gouverneur s'en servait.

Toujours, parmi les otages, quelqu'un détonnait dans ce paysage, une jeune fille de quinze ans à peine, vêtue à la dernière mode. Je savais que le gouverneur Allan avait une fille. Se pourrait-il... Si c'était le cas, je devais la garder à l'oeil et essayer de maintenir les Rantadiens loin d'elle. Si ils n'avaient pas réussi à avoir le père, j'avais bien peur qu'ils s'en prennent à elle. Les Rantadiens avaient l'air de s'agiter de plus en plus et il y avait de quoi. Quelle allait-être l'issue de cette histoire ?

L'un des extraterrestres commença à s'adresser au chef dans leur dialecte incompréhensible pour toutes les personnes dans la pièce. Au ton autoritaire et révolté qui se percevait dans la tonalité de sa voix, cela ne présageait rien de bon. J'essayais d'interpréter ce qu'ils pouvaient bien se dire, en analysant de plus près leurs gestes ou leurs expressions faciales. Le guerrier mécontent a deux doigts, avait l'air de demander au chef quelque chose. Lui proposait-il un nouveau plan ? Le chef ne cessait d'agiter négativement sa tête, secouant par la même occasion sa couronne de feuille et de perle. S'en était déconcertant, il était flagrant qu'il y avait un réel litige juste en face de nous.

Les autres Rantadiens commencèrent à prendre part au conflit. Certains prenaient partie pour le révolté et d'autres ne disaient rien, sûrement étaient-ils loyaux à Dï-Orkar. L'augmentation du niveau sonore de leur conversation effrayait sérieusement les otages les plus sensibles qui gémissaient et sanglotaient de peur. Que pouvais-je bien faire dans cette situation ? J'étais totalement impuissante. Une phrase de Dafne me revint en mémoire : « sans ton arme, tu n'es rien ». Elle n'avait pas eu si tort au final. Je regrettais de m'être emportée ce jour-là.

Par surprise, les évènements se bousculèrent. Plongée dans mes réflexions, je venais de me rendre compte que les Rantadiens s'étaient tus subitement. Je me concentrais de nouveau sur eux pour découvrir qu'ils avaient le regard posé sur... un cadre photo. Comme ce qui se faisait le plus au XXXVIème siècle, c'était un cadre photo nouvelle génération qui en fonction des désirs de ses détenteurs, pouvait afficher en diaporama un album entier sans être interrompue ou même des vidéos si le cœur en disait.

Étant dans l'un des bureaux privés du gouverneur, du moins, c'est ce que je pensais, il n'avait pas dérogé à la règle d'en mettre un. Un geste anodin qui allait sûrement faire des dégâts. En effet, le cadre faisait défiler avec une animation en fondue des photos personnelles et par personnelles, je voulais dire, des clichés qui relevaient de la vie privée d'Allan et plus particulièrement sa famille. Il ne suffisait par d'être devin ou avoir un quelconque doctorat en relations humaines pour comprendre que les personnes sur ces clichés étaient de la famille du gouverneur. Et l'un des membres de cette famille était ici, dans cette pièce, à quelques mètres des ennemis de son père. Cette découverte ne pouvait pas mieux tomber, en toute ironie. Bien vite, les Rantadiens arrivèrent à en venir à la même déduction que moi. Les choses allaient se détériorer.

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