Chapitre 61 : «Qu'est-ce que tu fais sur liste rouge ?»

84 12 2
                                    

La porte de l'appartement s'ouvrit immédiatement sur notre passage.

— Tu peux dire la vérité, tu sais.

— Je te dis que je n'ai pas eu peur. Ça c'était un film d'horreur ? Laisse-moi rire, capitaine, rigolais-je. Et pourquoi un film d'horreur, d'ailleurs ? Je pensais que tu détestais, me rappelais-je.

— Parce que devant un film d'action il n'y a pas d'occasions pour te pousser à venir dans mes bras, ajouta-t-il en se rapprochant.

— Si tu veux mon attention, il suffit de demander.

— Je peux ?

— Si tu...

Sans attendre ma réponse il s'empara de mes lèvres dans un doux baiser, ce qui devenait monnaie courante entre nous et c'était toujours aussi agréable qu'aux premières semaines de notre relation.

— J'ai horreur quand tu fais ça.

— Quand je fais quoi ? s'inquiéta-t-il.

— Quand tu fais comme si je pouvais te dire oui à tout.

— Si ce n'est que ça.

Il avait fait un de ses sourires malicieux que je n'aimais pas trop, présage d'un mauvais coup et je n'avais pas tort car quelques secondes plus tard je me retrouvais suspendu dans les airs, les pieds dans le vide, cahotée aux rythmes de sa marche. Ça aussi j'en avais horreur.

— Matt, s'il te plaît pose-moi, je n'aime pas être en hauteur.

— Tu ne disais pas ça avec tes boots anti-gravitées la semaine dernière.

— Matt, rigolais-je.

Subitement, je me retrouvais allongée sur le lit, complètement étendue et à sa merci. Il m'embrassa tendrement dans le creux du cou puis remonta pour par la suite redescendre tout en parsemant ma chair de baiser. Ce qui avait le don de m'envoyer une cascade de frisson dans le creux du ventre. Dans un réflexe de contentement, ma tête se pencha sur le côté gauche du lit et ce que je vis me surprit.

— Tu déménages ? m'alertais-je.

— Quoi ? fit-il à son tour en relevant la tête pour me regarder droit dans les yeux.

— Ton placard est vide sur trois étages.

Je connaissais très bien ce placard et je l'avais toujours vu remplit. Cela m'étonnait de le voir vide et m'angoissait. Matt n'était pas du genre à agir comme Perséphone, c'est-à-dire : vider son placard pour s'acheter de nouveaux vêtements afin de les remplir de nouveaux.

— En fait, commença-t-il en se détachant de moi et adoptant une posture présageant une sérieuse discussion. Je voulais t'en parler... plus tard. Mais maintenant que tu l'a découvert.

Je me redressais à l'approche de ce qu'il allait m'annoncer. J'espérais de tout cœur qu'il ne me dise pas qu'il avait été muté je ne sais sur quelle planète Colonie. J'avais du mal à imaginer notre relation à distance. Fébrile j'attendais qu'il m'explique.

— Je ne me suis pas débarrassé de mes habits, ils sont dans le nouveau tiroir du bas. J'ai voulu faire de la place.

— Trois étagères ?

— C'est suffisant pour une personne tu crois ?

— Heu... Oui. Si cette personne n'est pas comme Perséphone, plaisantais-je.

— Tant mieux alors, souffla-t-il soulagé. C'est pour toi.

— Pardon ?

J'avais du mal entendre. Il ne venait pas de dire que... Cet espace... Enfin, qu'il m'avait fait une place dans son armoire... Moi ? Voyant que je n'avais toujours pas formulé une réponse ou une remarque, il continua, visiblement apeuré de connaître mon sentiment sur cette initiative.

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant