Chapitre 8 : «Malgré votre provocation, vous êtes faite pour ça.»

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Ils étaient tous là, à me regarder, comme si j'étais une espèce en voie de disparition. Je ne savais pas comment réagir. Avais-je fait quelque chose de mal ? Je n'avais fait qu'aider Thomas à ma connaissance. C'était un crime ici ou quoi ? Mieux valait faire profil bas compte tenu des circonstances.

Je remis à Thomas les lunettes ainsi que l'arme. C'est là que je pus m'apercevoir que mon nouvel ami, me regardait exactement comme tous les autres. J'espérais me tromper, mais je crus voir une étincelle de peur dans son regard, mélangé à un sentiment d'incompréhension et de surprise. Je lui donnais un dernier conseil :

— N'oublie jamais de recharger ton arme, ça peut toujours servir.

Il acquiesça comme un enfant. J'aurai rit si le contexte n'était pas aussi tendu. Je fis un sourire forcé et m'éclipsais comme je le pouvais.

Puis j'entendis un claquement de main, suivit d'un deuxième, puis d'un troisième, un quatrième et toute la salle se mit à applaudir, c'était un vrai tonnerre d'applaudissements. Je me retournais pour voir qui était l'objet d'une telle admiration et je fus surprise de constater que c'était... Moi.

Un peu prise au dépourvu, je me surpris à sourire à mes admirateurs de quelques secondes lorsque je vis Wild me foudroyer du regard. Mon dieu ! Si les regards tuaient, je serai morte depuis au moins une bonne dizaine de minutes. Je détournais vivement la tête. Mince... Il avait réussi à me faire peur.

Les applaudissements arrêtèrent et les médecins s'éclipsèrent. En sortant, je remarquais que le commandant m'observait toujours avec la même envie meurtrière. C'était un soulagement d'enfin quitter cette salle. Je suivis ma bienfaitrice de plus près, effrayée à l'idée que Wild puisse me tomber dessus à tout moment.

— Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? demandais-je anxieuse. Parce que Wild...

— Laisse Wild, Gaïa. Il cherchait à ridiculiser ce pauvre Thomas, mais toi, tu t'es opposée à lui. Je pense qu'il s'en souviendra toute sa vie, dit-elle dans un début de rire.

— C'est ça qui m'inquiète.

— Peu importe. Tu as aussi montré des capacités hors normes, avait-elle dit en s'arrêtant soudainement dans le couloir.

— Vraiment ? dis-je désinvolte.

— Peu de gens savent faire ce que tu as fait. En tout cas pas après plusieurs années d'entraînements intensifs. Tu as fait un score parfait. Niveau temps et tir... Impressionnant !

— Tu dois exagérer.

— Je t'assure que non. Ça fait cinq ans que je travaille ici et jamais je n'ai vu quelqu'un comme toi. Tu n'as pas idée de ce que tu sais faire, finit-elle sérieuse.

Expression qui était d'autant plus amplifiée par le port de ses lunettes. Je restais perplexe après ce flot d'éloges. Elle devait à coup sûr me surestimer. Je n'étais pas une super-héroïne, loin de là. J'étais simplement une fille paumée, qui cherchait sa place et aussi cherchait à savoir qui elle était. Et pour le moment, ce n'était pas gagné. Je savais une chose à présent : les armes et moi, faisions qu'un. Une nouvelle qui aurait dû me réconforter, mais au lieu de ça m'apeurait.

***

Heureusement pour moi, le reste de la journée fut beaucoup plus calme et je pus m'occuper de façon plus intelligente. Grâce avait un tas de papier à ranger et pendant qu'elle effectuait les consultations des Rangers à l'autre bout du couloir, je jouais à la secrétaire. Pour le repas de midi, nous sommes allées manger au réfectoire en présence des autres employés du corps médical. 

J'ai pu faire la connaissance de filles de mon âge dont Flora. Une rousse avec des tâches de rousseur, les cheveux frisés retenu en un chignon ordonné comme la plupart des filles du Siège dans le secteur de la Santé. Elle m'avait raconté qu'elle entamait sa première année de travail au Siège. Et le rythme de travail était très éprouvant pour elle, comparé à ses années de scolarité à l'école tertiaire. Je m'étais gardée durant la conversation de l'informer de mon état : amnésique. Tout ce qu'elle savait était mon prénom que je logeais chez le docteur Rey et que je suivais des cours à domicile. En tout cas, ça lui avait suffit pour qu'elle me passe son numéro. J'étais fière de me faire une autre amie sur Ankor. Mais n'étais-je pas en train de me tendre un piège ? Ma situation n'était toujours pas régularisée et si je devais tous les quitter, j'en souffrirai forcément.

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