Chapitre 19 : «Bienvenu chez moi.»

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— OK, c'est parfait pour l'atterissage. On pourrait carrément essayer avec le Cronos maintenant. On ne sait jamais, en situation de crise, un bon Ranger doit savoir piloter un grand vaisseau. Gaïa ? Tu m'écoutes ? Oh hé, ici Ankor, Ranger Rey, vous me recevez ?

— Hein ? Quoi ?

— Depuis tout à l'heure, j'ai l'impression que tu es sur une autre planète, me reprocha-t-il.

— Désolée, désolée, je pensais à quelque chose.

Il prit le parti de s'en tenir à cette excuse et se leva de sa chaise de bureau pour aller chercher sa tablette. Après le footing avec mon nouveau coach, j'étais rentrée prendre une douche et manger un bout. Thomas était directement venu me chercher quelques minutes après. D'habitude, on s'entraînait au Siège, mais on s'était rendu compte que l'on prenait trop de risque. Wild ou un autre Ranger pouvait débarquer à tout moment. Et être aidé de Rangers confirmés n'était pas la décision la plus judicieuse pour montrer à Wild que je pouvais m'en sortir seule. Quand la voiture s'était garée devant l'immense maison de la famille Robinson, j'avais failli en perdre ma mâchoire. 

Depuis le portail, la maison ou plutôt la villa était impressionnante ! Il devait y avoir deux étages et de nombreuses pièces à en juger le nombre de baies vitrées dans mon champ de vision. L'architecture était moderne et dégagée, c'était une maison tout droit sortie de l'imagination de quelqu'un qui avait les moyens. Une seconde... Je rêvais où il y avait une terrasse en hauteur ?

— Bienvenu chez moi, m'avait dit Thomas avec un petit air gêné.

J'avais compris qu'il n'était pas dans ses habitudes de présenter là où vivait sa famille à ses connaissances. Pour détendre l'atmosphère, je l'avais rassuré :

— Déride-toi, jamais il ne me viendrait à l'idée de te prendre pour un gosse de riche.

— Je te remercie de ta compréhension, avait-il dit.

Thomas,n'avait pas tort. Depuis tout à l'heure, j'étais distraite. Les paroles de Matthieu me revenaient en boucle dans la tête. Pourquoi partir à Ginenzhu n'était pas une bonne nouvelle pour lui ? J'avais tourné le problème dans tous les sens et vraiment, je ne voyais pas pourquoi. Curiosité oblige.

— Tu penses à quoi ?

— Oh, à rien, répondis-je en faisant mine de remettre en place une mèche rebelle.

— Gaïa, fais-là à tout le monde mais pas à moi. Je suis obligé de te répéter trois fois un truc pour que tu le fasses. Et il y a trois jours, tu le faisais du premier coup. Sans compter les erreurs d’inattention.

— Je vais me concentrer, je te le promets.

— Dis-moi ce qui ne vas pas et ça passera sûrement après.

Il était si encourageant et j'avais l'intime conviction qu'il n'avait pas l'intention de me lâcher si je ne lui disais pas. Croyez-moi, Thomas savait être très convainquant quand il le voulait. Il aurait très bien pu être politicien dans une autre vie, mais monsieur ne vivez que pour l'informatique. 

Je lui révélais donc l'objet de mes soucis, à savoir pourquoi Matthieu ne voulait pas aller à Ginenzhu. D'abord, il me regarda de façon neutre. Puis il enleva ses lunettes. J'avais fait une boulette encore ? Le blond remit sa monture, puis en commençant à taper une suite de code et cliquant à droite à gauche, il mit en place le programme de simulation.

— C'est normal, ne t'en fais pas.

— Comment ça c'est normal ?

— Disons qu'il a vécu quelque chose là-bas et... Bref... Il a été brisé. Je n'aime pas parler de la vie de Matthieu quand il n'est pas là. Je préfère qu'il le fasse lui-même.

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant