Chapitre 1 : «Elle est amnésique.»

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Des flashs me venaient. C'était toujours les mêmes. Moi dans le vaisseau tentant d'atterrir dans le bruit alertant de l'alarme et des lumières rouges flamboyantes. Tapant des ordres sur le tableau de bord, pilotant, scrutant et...

Mes paupières s'ouvrirent brusquement, dans un réveil soudain et sans appel. Après ce cauchemar qui n'était en fait que la reproduction des événements de la veille, mes yeux venaient enfin de s'ouvrir sur la réalité. Le front en sueur, la peur constante au ventre, je devais avoir l'air d'une folle à lier.

Je me redressais sur ma couche. Je n'avais même pas pris conscience que j'étais sur un matelas, enveloppée dans de chaudes couvertures immaculées de blanc. Par réflexe, mes yeux se posèrent sur mon bras. Décision qui n'était pas la plus judicieuse, car elle ne fit que m'angoisser davantage. Celui-ci était relié à des fils dont un qui transperçait ma peau.

Mais où j'étais ? Je détaillais la pièce du regard. Elle n'était pas très grande, mais il y avait le nécessaire de mobilier et de soin. Une table, deux chaises, un ordinateur et un écran en hauteur sur lequel il me fut aisé de reconnaître un cardiogramme. Certes, je n'avais pas de diplômes en médecine, mais je pensais ne pas avoir tort en concluant que j'allais bien. Mais où est-ce que je pouvais bien être ?

Et comme pour répondre à ma question, la porte s'ouvrit horizontalement sur une femme blonde d'âge moyen avec un visage avenant aux premiers abords. Elle portait des lunettes noires carrées et une longue blouse blanche. Ses cheveux étaient retenus en un chignon d'une extrême perfection derrière son crâne​. Je remarquais par ailleurs qu'elle tenait à la main une tablette blanche avec un stylet.

À sa suite, deux jeunes femmes qui m'avaient tout l'air d'avoir son âge s'approchèrent. Elles étaient vêtues toutes deux de la même tenue verte eau et étaient coiffées de la même façon que la dame blonde. L'une était châtain et l'autre brune. La jeune femme, à n'en pas douter, la docteur, s'avança dans ma direction et commença avec une voix des plus douce et rassurante :

— Bonjour, ça va mieux ?

— Oui... balbutiais-je d'une voix étonnamment rauque. Merci.

— Je suis Grâce Rey. Enfin... Pour être exact, Docteur Rey.

Elle me tendit la main en guise de bonjour. Un peu interloquée par ce geste de confiance, je ne fis rien dans l'instant présent, mais au final, ma main se retrouva à serrer celle de la doctoresse. Rey afficha une mine ravie. Elle continua à me parler pendant que les deux autres femmes s'activaient derrière à consulter l'ordinateur ou à ranger des objets de si et de là. L'une d'elles, la brune, était allée chercher une seringue. Aussitôt, je sentis mon rythme cardiaque s'accélérer.

— Tout va bien, me rassura la femme médecin. Ce n'est rien. On va parler un peu d'abord.

— OK.

— Vous êtes sur le vaisseau spatial Cronos. Le vaisseau des Rangers de la cité d'Andromède sur la planète Ankor.

Je ne sais si c'est mon état précédemment comateux, le manque d'oxygène pendant un bon moment ou les tas de médicaments qu'on avait dû me faire ingurgiter... Mais je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'elle venait de me dire. Pour moi, c'était du japonais de A à Z. Dans tous les cas, elle se rendit compte de mon incompréhension face à ses paroles car elle me demanda toujours aussi avenante :

— Cela vous dit quelque chose ?

Je réfléchis un moment cherchant dans ma mémoire une quelconque info... Rien. Toujours absorbée par la seringue pointue, je répondis presque effrayée :

— Non, désolée.

— Vous rappelez-vous de votre âge ?

— Dix-huit ans, fis-je subitement comme soudainement réveillée.

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant