Chapitre 18 : «Matthieu.»

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Je ne sais pas si je devais me réjouir ou me mordre les doigts. Quand Carmen, Thomas et Akinyele parlaient d'entraînement, ils ne rigolaient absolument pas. Ils en avaient fait une affaire personnelle. Entre Akin qui m'apprenait tout ce que je devais savoir sur les armes et qui ne se gênait pas pour me titiller lorsque je donnais la mauvaise réponse. Carmen qui m'emmenait faire du footing m'entraînait au combat à mains nues et me demander d'apprendre des pages et des pages sur le règlement des Rangers. Et Thomas qui s'évertuait à me faire apprendre tous les systèmes de pilotage (même si on avait beaucoup avancé lors de nos leçons secrètes au Siège), en fin de journée, j'étais rompue de fatigue.

Mon réveil sonna huit heures. Je l'éteignis en le frappant de toutes mes forces et m'enveloppais dans les chaudes couvertures avant de me rendre compte que j'avais du pain sur la planche. Le repos après l'effort comme on dit. Plus que deux jours avant le jour J. Et, je n'étais pas totalement prête. Cette journée promettait d'être chargée en action. Carmen voulait à tout prix me faire le marathon du siècle en me faisant courir jusqu'à la grande colline qui surplombait la cité. Cela allait nous prendre la matinée. L'après-midi, je devais retrouver Thomas chez lui pour une autre de nos leçons.

Je quittais enfin les draps de mon lit et me préparais un déjeuner digne de ce nom. Si j'allais courir pendant des heures autant que ce soit avec le ventre plein. Mais pas trop, parce que l'envie de tout régurgiter ne me charmait pas non plus. J'ouvris le frigo à la recherche d'œuf et de bacon. Jupiter miaulait et se trouvait toujours entre mes jambes. Pendant que j'avais accès au frigo j'en profitais pour lui donner son traditionnel bol de lait. Je ne sais pas pourquoi mais le chat avait pris la nouvelle habitude de déjeuner en même temps que moi. Il ne touchait à rien si je n'étais pas levé.

Après que ce soit fait, je retournais à mes petites affaires, sur le point de me faire griller deux bonnes tartines dorées sur lesquelles mettre mes œufs. Une faible lumière verte, brillait sur l'écran de mon portable pour me signifier que j'avais reçu un message, je l'ouvris aussitôt et mis le haut-parleur. Je commençais à casser les coques quand la voix de Carmen retentit :

— Salut, Gaïa. C'était juste pour t'informer que j'ai une urgence. Je dois partir voir ma grand-mère à l'extérieur d'Andromède pendant quelques jours. Et je ne serai pas de retour avant mercredi. Mais ne t'inquiète pas, copine, je me suis trouvée un remplaçant. Donc ça ne change rien à ce que l'on a prévu. Je te fais de gros bisous. Et si on ne se voit pas d'ici là, bonne chance.

Loin de moi l'idée d'en vouloir à la grand-mère de Carmen, mais j'aimais bien ces moments entre filles. Même si elle agissait plus en temps que tortionnaire qu'amie. Elle aurait pu au moins me dire qui était son remplaçant. Tant pis, l'heure des comptes n'avait pas encore sonné. Il fallait que je me prépare. Inutile de me laver, j'allais être trempée comme une serpillière dans quelques minutes. Après avoir enfilé mon jogging, mon débardeur, accroché mes cheveux en un petit chignon et m'être muni de mon sac de rechange, je sortis laissant l'adorable chat à sa dégustation.

***

Un vent frais se levait sur la cité d'Andromède. Durant le trajet, je savourais cette grande bouffée d'air. J'avais à présent pris l'habitude de me promener dans la cité le matin et cela me faisait un bien fou. Je grimpais dans l'aérotrain. Il n'y avait presque personne et c'est avec délice que je m'installais près d'une vitre afin de regarder le paysage défiler devant mes yeux. La petite sonnerie me prévint que j'étais arrivée à destination à la cinquième station. Je descendis du transport en commun et commençais à traverser la route pour aller au Parc naturel. Près de là se dressait le Centre Sportif.

C'était devenu notre lieu habituel de rendez-vous avec Carmen. Je rentrais dans le bâtiment pour y laisser mon sac dans un casier et je commençais à courir à petite foulée jusqu'au parc. Une fois que je fus entourée des immenses arbres verts et de l'herbe fraîche, je commençais à m'étirer en attendant mon nouveau professeur. Peu de gens étaient présent dans le parc à cette heure-ci. Des personnes âgées et quelques sportifs. Un peu plus loin, je crus voir un groupe d'enfants tous en uniforme scolaire. La sonnerie de mon portable m'arracha à la contemplation du parc. J'arrêtais mes étirements là et m'emparais de mon mobile. Je fus étonnée de voir le nom de celui qui cherchait à me contacter, je décrochais tout de même :

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