Chapitre 64 : « Tu crois que tu vaux mieux que moi ? »

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Le plafond gris blafard de ma chambre me renvoyait en pleine face l'horrible solitude qui s'était emparée de mon être depuis mon arrivée entre ces murs. La prison galactique du Nouveau Système Solaire était d'une originalité sans borne. Un vaisseau. Voilà ce qu'elle était. Un vaisseau en plein espace, qui flottait librement dans un coin reculé de la galaxie. Voici l'endroit charmant où j'avais atterri, pour un crime dont je ne me souvenais pas. Est-ce que c'était une machination du gouvernement pour m'éloigner de mes recherches quand j'arrivais si près du but ou est-ce que j'avais vraiment commis ce crime ? Bien entendu, étant littéralement coupée du monde, rien ne pouvait me donner plus d'informations sur ma triste situation. Je ne savais même pas si j'allais vraiment avoir un procès. Encore fallait-il que je sache si j'avais un avocat. C'est les seuls qui avaient le droit de nous rendre visite. La famille et les amis étaient exclus.

Le bruit lourd, sonore et désagréable de l'alarme perça dans le silence, ce qui m'arracha à mes pensées désordonnées. Une semaine que j'étais ici et je ne pouvais toujours pas me faire à l'idée d'entendre ce son. Un son qui me signifiait que la porte de ma chambre ou plutôt de ma cellule était grande ouverte pour aller manger. Avec une lenteur non feinte, je m'arrachais au matelas dur de ce qui me servait de lit et pénétrais dans le couloir de couleur gris uniforme comme tout ce qui était ici. Les murs étaient gris, les cellules étaient grises, la cantine était grise, les combinaisons des prisonniers étaient grises. Seules les combinaisons rouge des surveillants et des vêtements des quelques rares personnes que l'on croisait, à savoir : les médecins, avocats ou membre du gouvernement, détonnaient dans ce paysage monochrome.

En traversant le couloir, les regards des gardes me firent l'effet de mille couteaux plantés derrière le dos. Pas étonnant, on envoyait rarement des innocents dans une prison galactique. Je devais être un monstre à leurs yeux, comme tous ceux d'ici. Je passais mon chemin et tentais de faire abstraction de ces regards insistants en me dirigeant la tête basse vers la cantine. La porte automatique s'ouvrit sur les centaines de tables et chaises de la pièce, toutes pour la plupart occupés par des individus de toutes les espèces venant des quatre coins de la galaxie. Je me positionnais dans la file d'attente et attendais patiemment mon tour pour me munir de mon plateau et être servit de cette bouillie immonde que l'on nous avait si généreusement permis de manger. De quoi tenir avant le grand jugement ou de quoi tenir jusqu'à la fin tout court pour ceux qui étaient condamnés à mourir entre ces quatre murs. J'espérais que ce ne serait pas mon cas. Après avoir prit mon plateau, j'attendais toujours. Soudain, je sentis une présence derrière moi. Pas n'importe laquelle. Celle qui vous effraie et vous confirme que vous êtes en danger.

— Salut, petite humaine, murmura une voix désagréable à mon oreille que j'avais un peu trop l'habitude d'entendre depuis mon arrivée.

— Lâche-moi, Sax, rétorquais-je sèchement en avançant dans la file.

— Je t'ai manqué ?

Je ne répondis rien. Cela aurait été trop beau pour lui. Je continuais ma vie en essayant de faire fi de sa présence. Chose plus dure à faire. Enfin, après avoir eu ma ration de midi, je quittais la file d'affamés pour me diriger droit à une table au fond où personne ne semblait avoir élu refuge. Je n'aimais pas parler ou me mélanger avec les autres prisonniers. Je refusais d'admettre que j'étais comme eux. Je n'étais pas une criminelle. Il y avait forcément un sens à toute cette histoire tordue. Moi ! Tuer quelqu'un de sang froid ? J'avais du mal à me croire capable d'une telle chose. Mais maintenant que j'y réfléchissais plus à fond... Lors de mon arrivée sur Ankor. La première fois que j'avais tenu une arme chargée dans les mains. Cette excitation mélangée à cette appréhension et une certaine peur, je devais l'admettre. Et si ça avait un lien avec... le meurtre.

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