Chapitre 56 : « Mais tu me caches des choses.»

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Depuis la mort du professeur, c'était exactement comme si ma vie était au ralentie. Une longue agonie dont je ne voyais pas la fin. L'épée de Damoclès menaçait de tomber à chaque moment. J'angoissais au moindre regard de travers du commandant Wild et à chaque fois que je me présentais à l'accueil. Je redoutais le jour où l'on me convoquerai dans l'un des bureaux de mes supérieurs. Pour moi c'était clair. Le professeur n'était pas mort naturellement, bien-sûr que non. Quelqu'un l'avait assassiné et par « quelqu'un » mes soupçons étaient tous portés vers le gouvernement en personne ! Qui en particulier ? Je ne sais pas. Pourquoi ? Les Rantadiens. En tout cas, sa mort avait sonné comme un glas pour moi. Je devais arrêter mes recherches avant de mal tourner moi aussi.

Pendant les semaines qui avaient suivis la mort du professeur, j'avais regardé avec minutie les infos, tentant de tomber par hasard sur une quelconque information au sujet de son décès. Rien. C'était toujours la même chose. Il était mort tragiquement suite à un AVC. Quelque chose qui était courant pour un individu de son âge même avec la technologie d'aujourd'hui. J'étais bien la seule à croire qu'il s'agissait d'un assassinat. Tout le monde avait l'air d'avaler cette information comme si de rien était.

Pour ma part, je restais convaincue que ce n'était pas dû à une quelconque pathologie cardiovasculaire. Plusieurs éléments le prouvaient. Sa voisine m'avait bien certifié qu'il était en bonne santé. Moi-même je l'avais remarqué lors de mon entrevue avec lui au restaurant. Si ça, c'était pas une preuve ! Thomas m'avait assuré que je devenais parano et que je devais arrêter de croire à cette sottise. Le professeur avait succombé à un arrêt cardiaque point final.

Et pour ne rien arranger, il n'avait pas eu l'occasion de me révéler sa précieuse information. Ce que la galaxie toute entière devait savoir. Me voilà de nouveau à mon point de départ. Peut-être que je devais abandonner une fois pour toute mes recherches après tout et ne pas juste me contenter d'une courte pause en attendant que les choses se calment. L'univers entier semblait m'envoyer un message. De mauvaise grâce, c'est ce que je fis. En vu des évènements, il valait mieux que je fasse profil bas.

Angélique Rey avait regagné la planète Colonie après les fêtes et dès la fin des vacances de fin d'année, la rentrée au Siège n'avait pas tardé à arriver. Aucune mission nous avait été assignée pour le moment. Si bien que nous étions tous à l'entraînement dans les quartiers de Rangers du matin au soir.

Je venais d'arriver, saluant des connaissances au passage en parcourant le long couloir qui menait aux vestiaires. Après avoir enfilé ma tenue d'entraînement, je retrouvais mon escouade essentiellement composé de mes amis. Aujourd'hui on avait le droit à un entraînement au tir. Discipline dans laquelle il était coutume que j'excelle. Ils étaient déjà tous en train de s'entraîner, Matthieu leur donnant de précieux conseils via son micro étant donné qu'ils portaient tous des casques.

— Salut, dis-je à son intention en lui embrassant la joue.

Les autres trop concentrés sur leur cibles ne devaient même pas avoir remarqué que je venais d'arriver.

— Bonjour, salua-t-il froidement sans m'accorder un seul regard. Plus droit, Thomas, ordonna-t-il, comme si après ma salutation, il était déjà passé à autre chose.

J'avais manqué un épisode ? Quoique après réflexion, il était comme ça depuis trois jours. Il me répondait par monosyllabes, m'évitait, reportait nos sorties et quand on arrivait à être tous les deux, il avait l'air de souffrir le martyre ou de vouloir prendre ses jambes à son cou. La discussion s'imposait. Au départ j'avais mis ça sur le compte de la rentrée mais trois jours ça commençait à faire long.

Je laissais le capitaine bouder à son aise, m'emparais d'une arme d'entraînement à balle chargé à blanc, me plaçais dans mon box et avec concentration j'effectuais mes exercices. Comme d'habitude, c'était un succès. J'avais atteint le mille plusieurs fois. Quand il fut l'heure de terminer, je rangeais l'arme en dernière volontairement pour parler à Matthieu calmement afin de ne pas attirer les oreilles indiscrètes.

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant