Chapitre 24 : «Alors, reste.»

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— Déjà réveillée ? demanda la doctoresse.

— Bonjour, Grâce.

— Bonjour. Dis donc, tu te lèves de bonne heure.

— Oh, c'est juste que je voulais être sûre d'être à l'heure au Siège.

La femme blonde encore endormie se déplaça de la porte jusqu'au côté barre de la cuisine ouverte sur le salon. Pour moi, Grâce Rey était la féminité et la félicité incarnée. C'était presque fascinant de voir que comme tout le monde le matin, elle avait une sale tête. Vivant avec elle depuis des jours maintenant, j'étais en mesure de savoir que lorsqu'elle était en jour de repos elle faisait la grâce matinée. J'avais bien pris soin de ne pas la réveiller en me levant, faisant mon déjeuner et me préparant dans le plus grand des silences. Il n'y avait qu'une explication à sa venue dans la cuisine à cette heure : elle voulait me voir avant que je ne m'envole pour Ginenzhu.

Je posais sa tasse de café devant ses yeux et l'assiette contenant le pain. Je sortis du frigo sa confiture et dans l'un des tiroirs un couteau et une cuillère. Lorsque les effluves de café arrivèrent jusqu'à ses narines, elle ne se fit pas prier. Aussitôt après m'avoir remercié, elle prit une gorgée du liquide sombre régénérateur et chaud.

— Tu es prête ?

— Oui, répondis-je en rangeant quelques affaires. Mon sac est prêt. Je pense n'avoir rien oublié. Au pire, je m'achèterai quelque chose là-bas.

— Je ne voulais pas dire ça.

Stoppée dans mon geste, je la regardais à présent. Rey était belle, très belle, même le matin avec sa sale tête au final. Mais elle dégageait quelque chose ce matin qui n'était pas habituelle. De l'inquiétude ? Avait-elle peur pour moi ? Comme pour la rassurée, je me joignis à elle, en prenant place sur la chaise haute à côté d'elle.

— Je pense qu'on est jamais vraiment prêt, pour ce genre de chose. Il faut saisir sa chance.

— Gaïa, là-bas tu seras entièrement soumise à l'autorité de Wild et seulement lui. Et je sais qu'entre vous deux... Enfin... Pour rester polie, il est la dernière personne avec qui tu aurais envie de faire un tour.

— C'est le cas de le dire.

— Mais Nathan a repris son service, tu le sais ça ?

Nathan. Un prénom que j'aurais bien voulu oublier. Évidemment qu'il allait reprendre du service, mais pourquoi si tôt ? Wild y était pour quelque chose ? Sans doute, du moins j'eus la faiblesse de le penser. Nathan faisait partit du clan Carpenter, l'une des plus grandes familles de la cité d'Andromède. Et à ce que j'en sais, ils n'aimaient pas beaucoup que leur nom soit traîné dans la boue, surtout quand il s'agit d'une tentative de viol. Le mot me faisait l'effet d'une flèche de feu tellement il me paraissait irréel. Mais les intentions de ce pervers, elles, étaient bien réelles. Inutile d'utiliser un décodeur pour les deviner. Et si il voulait recommencer ?

J'allais m'envoler pour la cité de Ginenzhu dans quelques minutes et Grâce tenait à moi comme sa propre fille. Je voulais qu'elle se sente en paix. Alors l'accabler avec mes craintes était tout sauf conseillé. Je gardais donc mes réflexions apeurées pour moi. C'est la plus rassurante du monde que je lui fis mon plus grand sourire :

— Ne t'inquiète pas pour moi. La dernière fois, il ne s'est rien passé. Et il ne se passera jamais rien. Je suis forte et je ne le croiserai pas de sitôt. J'ai changé d'équipe. Et en ce qui concerne le commandant Wild, je saurais être une bonne Ranger.

— Ce n'est pas de toi que j'ai peur, mais des autres autour de toi qui pourraient te faire du mal.

— Pour ça, il faudrait que je les laisse faire. La seule personne qui permet que je sois blessée, c'est moi.

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