Chapitre 52 : «Tenez-vous loin de cette histoire.»

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En dirait bien que toutes les mères du Nouveau Système Solaire s'étaient passés le mot. Docteure Rey mère, était arrivée plus tôt que prévu. À dix- sept heures pile, elle était arrivée à Andromède et à dix-sept heures vingt, elle était devant l'appartement. Bien sûr, Grâce n'avait rien vu venir, elle attendait sa mère plus tard, tout comme moi. Voilà que notre programme était chamboulé. J'allais arriver avec les paquets, échevellée et collante de sucre. Moi qui voulait lui faire bonne impression, c'était raté !

J'arrivais enfin devant l'immeuble. Je pris directement les escaliers qui menaient à l'étage auquel je logeais avec ma tutrice. Une fois devant la porte, je mis mes empreintes sur la petite plaque métallique. La porte s'ouvrit et se referma aussitôt sur mon passage.

— C'est bon, je suis là ! J'ai fait aussi vite que j'ai pu, m'excusais-je déposant les paquets à l'entrée et enlevant mon foulard, tout en traversant le couloir jusqu'au salon.

Je m'attendais à voir Grâce dans le canapé. Mais au lieu de ça, je trouvais une femme d'une soixantaine d'année, assise dans un calme inquiétant. D'une main elle caressait Jupiter et de l'autre elle lisait sur une liseuse transparente, seule les écriteaux étaient visibles. Au tapage qu'elle avait entendu, elle leva délicatement la tête, comme si elle allait se briser la nuque et elle me considéra du regard sans arrêter de s'occuper de l'animal.

Elle me dévisagea un long moment et j'en fis de même trop surprise par sa présence dans le salon. Je ne lui trouvais absolument aucune ressemblance avec ma tutrice. Si ce n'est peut-être les cheveux blonds et encore, le siens étaient pour la plupart blancs. Son air pincé et hautain ne la rendait en aucun cas sympathique. Son visage marqué de rides était sans attrait mais bizarrement son regard bleu avait quelque-chose de... rassurant et magnétique ! C'était déroutant, malgré son allure, j'avais l'impression qu'elle n'était pas aussi stricte qu'elle en avait l'air.

Elle portait une robe noir mi longue et pour tout bijoux, un simple bracelet argenté autour du poignet droit. Voilà donc à quoi ressemblait la première docteure Rey. Elle était presque comme je me l'étais imaginée.

Enfin, je me ressaisis et en enlevant le peu de mon foulard qui était resté suspendu à mon cou, je la saluais le plus poliment possible en espérant me faire pardonner mon égarement d'il y a quelques secondes.

— Bonsoir, madame Rey. Excusez-moi d'avoir réagit comme ça. Je ne savais pas que vous étiez au salon. J'ai cru que c'était Grâce.

— Bonsoir, fit-elle sur un ton neutre mais où perçait un je ne sais quoi, qui me laissais sceptique quant à la véritable signification de son bonsoir.

Était-elle fâchée, vexée, déçue ? Nul ne pouvait vraiment le dire. Après les salutations, elle retourna à sa tablette me laissant dans l'incompréhension la plus totale.

— Vous avez fait bon voyage ? demandais-je sur le ton de la conversation.

— Oui, un trajet très calme, répondit-elle en affichant un sourire polie.

J'étais en train de l'importuner visiblement et où était Grâce ? Il aurait été des plus impolie de sortir du salon pour la chercher.

— Vous voulez quelque chose à boire ? me risquais-je à lui demander.

— Non, merci. Cela ira parfaitement, Gaïa, me rassura-t-elle.

Elle connaissait mon prénom ? Ah, oui ! Comme j'étais stupide. Grâce lui avait forcément parlé de moi. J'allais partir dans le couloir des chambres à la recherche de ma tutrice quand je la vis arriver avec une tablette.

— J'ai trouvé le livre que tu cherchais, maman. Oh, Gaïa, tu es arrivée, je ne t'ai même pas entendu rentrer. Maman, tu a fais connaissance avec Gaïa ?

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