Chapitre 7 : «Il faut attendre le bon moment et quand tu l'a, tu tires. »

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Les mots défilaient devant mes yeux, et je les regardais sans la moindre émotion. Voilà une heure que j'étais sur la toile du spaceternet. Après le gala, j'avais reconsidéré les paroles de Rey. Il fallait que j'augmente mes chances d'être acceptée au sein de la cité d'Andromède. Et avoir un métier allait grandement m'aider à atteindre cet objectif. Et ce n'était sûrement pas en poirotant du midi au soir que j'y parviendrai. Il fallait que je me fasse une raison. Je n'avais pas de famille et ni de proche dans mon ancienne vie, tenant assez à moi pour venir me chercher. Cela faisait des semaines que j'étais arrivée sur Ankor et personne n'avait signalé ma disparition. J'avais tout de même essayé de chercher encore des choses sur mon passé en commençant par le mot : Terre. Les seules informations que je réussissais à trouver n'étaient pas encourageantes. C'était simple. Il n'y avait aucun espoir de trouver quelqu'un là-bas.

Il fallait que j'avance. Mon passé était le passé. Ankor et la cité d'Andromède étaient mon futur. Et je devais me faire accepter coûte que coûte. Seulement la société d'Ankor était très bien organisé. Même trop, je dirais. Dès la fin du collège, les jeunes entraient en secondaire où ils choisissaient dans quelle branche ils voulaient exercer plus tard : scientifique, lettre, économie, sociale et accessoirement artiste. C'est en tertiaire qu'on se spécialisait pour de bon dans son métier. Et malheureusement, le changement de voie était quasi impossible et si on ne se sentait à sa place nulle part, on finissait dans les Bas-fonds de la société. Bref que de la joie !

Plusieurs professions m'intéressaient, mais je pense que j'étais dans l'incapacité de postuler. Qui prendrait une étrangère sans identité fixe avec le statut de citoyen provisoire​. C'était peine perdue. La voix de Rey retentit dans le couloir.

— Gaïa, le dîner est prêt.

— J'arrive.

C'est à grand regret que Jupiter le petit chat roux quitta mes cuisses. Je me levais rapidement et gagnais déjà la salle à manger. L'animal me suivait en miaulant. Le pauvre, il ne pouvait plus se passer de moi. Je le pris dans mes bras et rejoignis Grâce. De l'entrée, on pouvait déjà sentir la bonne odeur de viande cuite.

— Ça sent bon, complimentais-je.

— Merci. J'espère que c'est aussi bon que l'odeur.

Je pris place à table et lorsqu'elle me donna mon assiette, j'attaquais sans gêne. La viande était délicieuse comme toujours, ainsi que la sauce, les légumes et tout le reste. Je me demandais si « les rejetés de la société » mangeaient aussi bien tous les jours. Car plus le temps avançait et plus la probabilité d'être l'une des leur grandissait à pas-de-géant !

— Tu vas bien ? me demanda ma protectrice.

— Oui, pourquoi ?

— Depuis quelque temps, je te sens angoissée.

Elle avait parfaitement su lire en moi. Mais je tâchais de rien lui montrer par un sourire, espérant qu'elle ne pousse pas ses interrogations plus loin. Mais Rey et moi, nous côtoyons depuis des semaines à présent. Et elle était en mesure de savoir lorsque ça n'allait pas. Comme une mère. D'ailleurs, c'était étonnant qu'elle n'ait personne dans sa vie ou pas d'enfant. Elle était superbe pour son âge, gentille, intelligente, prévenante, douce... À moins que son travail ne lui prenne la majeure partie de son temps et ne lui permette pas de mener une vraie vie de famille. 

— C'est à cause de ce que je t'ai dit, au sujet de ta place dans la société ?

— Un peu, avouais-je. Mais ça va aller.

Ce n'est pas avec le ton le plus convaincant que j'avais répondu, mais elle ne revint pas à la charge.

— Demain, il faut que j'assiste à l'Observation des Rangers au Siège. Tu veux m'accompagner ? Tu as le droit de venir.

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant