Chapitre 43 : «C'est pas Thomas, en face, là-bas ? »

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Nerveusement je tapais sur le plat de la table du restaurant dans lequel j'avais élu domicile, pour ma matinée du moins. Flora et moi avions convenu d'un rendez-vous lors de notre pause de midi à quatorze heures. Toutes les deux étions d'accord sur le fait que ce que l'on s'apprêtait à se dire nécessitait que l'on soit face à face, et non à l'autre bout du fil. On était jamais trop prudente avec tout ce qui se passait.

Le restaurant dans lequel, j'attendais mon amie se trouvait au centre commercial et avait une connotation hispanique. Après réflexion, je ne sais pas si cela avait été une bonne idée de se donner rendez-vous ici. J'avais l'estomac complètement noué, trop impatiente de savoir de quoi il en retournait.

Il faut dire qu'à part le message de Flo : tu n'as jamais été dans le coma, je ne savais rien d'autre. Mais j'avais déjà commandé pour Flora. Elle, elle ne devait pas être habitée par la même angoisse que moi. Justement celle-ci arriva. Elle portait ses habits de civile mais elle avait gardé sa coiffure de travail, c'est-à-dire le chignon parfait et austère qu'arborait toutes les femmes de l'étage Santé.

— Salut Gaïa, dit-elle en venant me faire la bise.

— Salut, saluais-je à mon tour.

Nous n'avions pas tout le temps pour les mondainités et après avoir parlé de tout et de rien le sujet épineux vint. C'est Flora qui l'aborda la première et j'en fus particulièrement heureuse. Je ne voulais pas qu'elle croit le moins du monde que je ne faisais que l'utiliser dans cette affaire.

— Alors, pour ton coma. J'ai analysé les scans une dizaine de fois au moins et j'en suis sûre, tu n'a strictement rien qui prouve que tu étais dans le coma. Ton cerveau est impec, ton corps aussi, même en fouillant plus loin... rien, mima-t-elle avec ses mains. C'est le vide complet.

— On m'a dit que je n'avais aucunes séquelles.

— Gaïa, OK tu n'a aucunes séquelles, admettons. Mais quand-même, tu te rends compte ce que ça voudrait dire ? Que tu as passé au moins deux semaines dans le coma, alimenté par une pilule, souligna-t-elle. Il te manquerait des tas et des tas de protéines. Grâce à Thomas j'ai pu récupérer ton vrai bilan médical que le docteur avait fait de ton auscultation après ton sauvetage...

— Et ?

— Pour quelqu'un qui n'a strictement rien mangé pendant deux semaines c'est comme si au contraire tu avais mangé suffisamment. Certes il manque quelques acides gras ou vitamine mais rien de grave. La pilule que l'on donne au Ranger est une sorte de complément alimentaire qui ne dure que trois jours. Tu serais morte de faim à l'heure qu'il est. Tiens.

Sur ces mots elle me donna son portable sur lequel reposait tout le bilan médical... l'original, le vrai, celui sur lequel on m'avait mentit. Et tout correspondait à ce que Flora venait de ma révéler. C'était vrai. On m'avait mentit.

— Mais pourquoi le gouverneur et le commandant te mentiraient sur ça ? C'est gros quand-même ! Où est l'intérêt de te faire croire que tu étais dans le coma et que tout ce que tu as vu n'était que le fruit de ton imagination ? s'indigna-t-elle. Si on met à part les extraterrestres.

— Justement, relevais-je. Je pense bien que c'est les Rantadiens qui sont au cœur de cette histoire. Mais pourquoi ? Il faut que je le découvre. Mais je n'ai pas de preuve tangible concernant l'implication du gouvernement dans cette affaire.

— Il faut qu'on le découvre. Mais... Hé ! s'exclama-t-elle en me voyant faire. Qu'est-ce que tu fais ?

— Je te préserve.

Pendant que j'avais parlé, mon doigt avait volontairement éffleuré l'écran, pile sur la touche « supprimer » du portable de Flora. À présent, nul ne pouvait se douter de son implication dans ma mission secrète. Pour en être complètement sûre, Thomas devait passer par là, mais je doute que ce ne soit vraiment nécessaire.

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