Chapitre 47 : «Je prendrai la place d'un autre, c'est ça ?»

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Finalement, Perséphone n'avait pas eu tort. Il avait suffit d'une ballade en voiture, un passage dans plusieurs boutiques et finalement, un autre passage dans un fast-food pour qu'elle finisse par me raccompagner chez moi comme cela avait été prévu dès le départ. Elle ne m'avait pas raccompagné car je l'avais supplié de le faire, mais parce que son cher cousin était bloqué à la tour Orion sans son précieux moyen de transport. Il avait été contraint de rentrer avec son frère. N'empêche, Perséphone était un ange, si on oubliait ses : mon chou, amour et trésor à tout va. C'était une fille haute en couleur et super sympa qui plus est.

Le lendemain, Thomas n'avait toujours pas plus d'information en ce qui concernait l'historique de la montre et de même pour les jours suivants. La vie au Siège reprenait son train-train quotidien avec les entraînements. Bien entendu, tout cela se faisait dans une ambiance tendue avec un certain individu. Depuis notre petite dispute, Matthieu et moi nous parlions soit par monosyllabes ou par l'intermédiaire des autres. J'avais appris que son histoire avec Camille était à présent bel et bien terminée, mais j'avais, par la même occasion, appris qu'il s'était lié d'une forte amitié avec une chercheuse à l'étage supérieur, une certaine Lia. Je crois les avoir entrevue tous les deux monter sur sa moto.

Bref, nous étions de nouveau devenu des glaçons l'un face à l'autre. Lorsque l'un rentrait dans une pièce, l'autre sortait ou faisait mine de n'avoir rien vu. Et si par hasard on se retrouvait seule face à face, l'un d'entre nous arrivait à trouver une sacrée bonne excuse pour ne pas rester une seconde de plus face à l'autre. Mais il était vrai que si on observait les choses objectivement, j'étais celle qui fuyait le plus sa présence pour une raison qui m'était encore inconnue. Ou pas temps que ça, lorsque j'y réfléchissais bien.

Mais le week-end avait enfin pointé le bout de son nez et pour une raison que j'ignore je me retrouvais un vendredi soir à me préparer pour aller chez Matthieu. Enfin évidemment que je savais pourquoi j'y allais. Les autres avaient décidé de faire une petite soirée entre ami chez le Ranger. J'étais bien curieuse de voir à quoi ressemblait le lieu de vie de mon capitaine. Carmen m'avait convaincu d'y aller et elle ne me lâcherait pas de toute mon existence si je ne me pliais pas à son exigence.

Une fois que j'eus finit de me préparer, je pris le dessert dans la cuisine que j'étais chargée d'emmener là-bas, à savoir un gâteau au chocolat d'une simplicité criarde. Après avoir caressé Jupiter, je laissais un mot numérique sur le frigo pour prévenir Grâce. Elle savait où j'allais mais je voulais quand même lui laisser l'adresse et le numéro de Matthieu au cas où. Je mis très peu de temps à trouver l'adresse et enfin j'arrivais devant un immense immeuble. Je gravis plusieurs marches pour sonner à une porte, attendant que l'on m'ouvre. À ma grande joie c'est Akinyele qui le fit en souriant de toutes ses dents blanches.

— Gaïa ! Avec le dessert.

— Tu ne me laisse pas rentrer et il reste avec moi.

— Si c'est comme ça, déclara-t-il en levant les mains en l'air en signe de reddition. Je m'incline. Bienvenue dans la tanière de l'ours.

À la suite de mon ami j'entrais enfin dans l'appartement de Matthieu. Pour une garçonnière je m'attendais à tout sauf à ça. Comme c'était le cas dans la majorité des logis andromédiens tout le style était épuré mais avec de la couleur, du noir, du gris, du marron et du jaune. Certes pas des couleurs très claires mais sobres et classes. La porte d'entrée ouvrait directement sur l'espace cuisine et salle à manger. Un peu plus en arrière plan, éclairé par une lumière tamisée, je devinais sans peine un canapé confortable agencé avec des coussins de la même couleur que le lieu. Il n'y avait rien qui pouvait me dire que Matthieu habitait vraiment ici. Pas de photo dans une tablette, de diplôme trônant fièrement sur un mur. Juste une plante verte et un vague vase à forme futuriste.

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