Chapitre 60 : «Merci beaucoup, madame Lyn.»

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Je n'arrivais pas à croire ce que j'avais fait. Est-ce que l'appât de la vérité m'avait rendu si dénuée de sentiment ? Comment avais-je bien pu faire une chose pareille ? Quand j'étais allée chez Matt pour notre petit rendez-vous quotidien et qu'il m'avait prévenu qu'il allait se doucher, je n'avais pas hésité une seule seconde. Je m'étais littéralement jetée sur l'étagère où je savais qu'il rangeait son carnet d'adresse. Je l'avais trouvée, là n'était pas le problème. Mais j'avais carrément fouillé comme une voleuse dans les affaires personnelles de mon petit ami et ce n'était même pas pour vérifier s'il voyait quelqu'un d'autre, c'était pour trouver le numéro des parents de Jenny, son ex.

J'avais déjà cherché aux préalables le numéro de la famille Lyn, hélas, après plusieurs recherches infructueuses, je devais me rendre à l'évidence, les parents de Jenny ne voulaient aucunement qu'on les appelle. C'était sûrement là le résultat des journalistes, qui avaient dû les harceler pendant des jours sur la mort tragique de leur fille et je ne pouvais que les comprendre. Mais il fallait que je leur parle.

Le numéro était là maintenant. Il était affiché sur l'écran de mon téléphone. Et maintenant que j'étais à deux doigts d'avoir ce que je voulais... j'hésitais. Quelle fille stupide j'étais. Il fallait juste que je prononce la phrase magique et c'est bon j'aurais ce que je voulais. Bien évidemment, c'est ce moment qu'avais choisis mes remords pour faire surface. Perséphone n'avait pas tort. Cette histoire, maintenant qu'elle impliquait Jenny, devenait glauque. J'étais quand même en train d'enquêter sur l'ex-financée de mon petit copain, et derrière son dos. S'il l'apprenait par le plus grand des hasards, il y avait fort à parier qu'il ne me le pardonne jamais. Si on y rajoutait aussi le fait que je lui avait promit d'arrêter de fouiller plus loin. C'est pour cela qu'il valait mieux que ce soit moi qui lui apprenne et personne d'autres. Enfin... je lui dirais si j'apprends que Jenny a elle aussi été assassinée à cause de l'histoire des Rantadiens, sinon il n'y avait aucune raison qu'il l'apprenne. Thomas ou Perséphone ne vendraient jamais la mèche donc... Voilà comment j'allais procéder. Un : je vais arrêter de me morfondre. Deux : j'appelle les parents de Jenny, je me renseigne davantage sur leur fille et si je ne trouve plus rien, j'arrête tout.

Résolue à faire de nouveau le point sur cette affaire, je lançais l'appelle après avoir commandé d'un simple « appelle ». Le bruit répétitif, angoissant et si familier de la sonnerie en attente raisonnait dans ma chambre. Jupiter qui m'avait suivit dans mon refuge regardait mon smartphone d'un œil méfiant, plus à cause de la sonnerie que de l'objet en lui-même. Les secondes passaient lentement et toujours personnes au combiné. Ça allait bientôt être le moment de raccrocher ou de leur laisser un message.

— Allô ?

Jupiter à l'entente d'une voix étrangère, après un miaulement mi-surpris et mi-agressif alla se cacher sous le lit. Moi encore, plus étonnée, je cherchais d'où venait le son avant de m'apercevoir qu'il provenait de mon téléphone. J'avais tellement prit mes rêves pour des réalités que voilà que je pensais que quelqu'un m'avait répondu.

— Allô ? Ici Li Mei Lyn à l'appareil, j'écoute.

Non, je ne rêvais pas ! Quelqu'un avait bien répondu. Et il s'agissait de madame Lyn. Je savais de sources sûres que Jenny habitait qu'avec ses parents et qu'elle était fille unique d'après ce que j'avais soutiré à Matthieu lors de nos échanges. Donc c'était bien sa mère. Une dernière vague de remord me pris. Et si je mettais en danger la famille Lyn ? Qui sait, peut-être que depuis le début j'étais observée à mon insu et qu'au moment voulue, les personnes derrière tout ça chercheront à m'éliminer moi et tous les gens avec qui je serais entré en contact. Je m'occuperai de ces détails plus tard. Il fallait que je réponde, au risque que l'on me raccroche au nez avant même que je n'ai pu demander ce qui m'avait conduit à les contacter.

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