Chapitre 22 : «Bonne chance, mademoiselle Rey.»

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L'épreuve tant redoutée. L'épreuve de combat. Quelle bonne idée de la mettre en avant-dernière. J'étais complètement épuisée, autant mentalement que physiquement. Et le sprint pendant l'épreuve de tir et athlétisme, ainsi que le stress accumulé pendant celle de pilotage y étaient pour beaucoup. Qu'importe, comme le dit Carmen : un bon Ranger doit savoir encaisser, même quand cela paraît sur-humain.

***

On m'avait demandé de me rendre dans les vestiaires enfiler ma tenue habituelle d'entraînement, pantalon de sport moulant, débardeur et basket. Après avoir attaché mes cheveux en une queue de cheval ridiculement courte, je tentais de ma calmer du mieux que je le pouvais. J'allais réussir, Matthieu m'avait entraîné une fois et Carmen plein de fois. Il n'y avait pas de raison que je ne réussisse pas. La vraie question était contre qui est-ce que j'allais me battre ? Si c'était le commandant Wild, j'étais déjà morte. Quoique il était un peu bedonnant en y repensant, un coup de pied bien placé... Non, non, non, il fallait que j'arrête de mettre tous mes espoirs dans la faiblesse de mon adversaire. Qui que puisse être cette personne, elle n'était pas venue me faire des cadeaux, mais me tester. Et c'était à moi de lui montrer que je pouvais le faire.

Inutile de rester plus longtemps dans les vestiaires, je laissais à regret l'endroit dans l'obscurité, soufflais un grand coup et rejoignis le plus tranquillement possible le lieu de l'affrontement. Je fredonnais une mélodie pour me calmer et me donner du courage. Une seconde, je ne l'avais jamais entendu ! D'où est-ce que je la connaissais ?

— Mademoiselle Rey, m'interpella une frêle jeune femme en robe grise, oreillette à l'oreille.

— Oui.

— On vous attend à l'intérieur.

— J'arrive.

Je pressais le pas et pénétrais dans la salle. Elle était grise et terne avec un ring au centre en béton armé. Il y avait bien quelques lumières alentours pour éclairer le lieu, mais cela ne suffisait pas à le rendre chaleureux. Il était froid, gris, et neutre. Ce décor avait sûrement était imaginé par des gens qui voulaient que cet endroit représente le combat et tout ce qu'il implique. Un affrontement sans merci qui n'a que pour fin, la victoire. Rien de plus ou de moins. Rien ne pouvait remonter le moral dans cette pièce immense, même pas un arbuste vert. Elle était divisée en deux parties.

En bas, le ring et en haut une petite salle à part où siégeait le Comité. Ce n'était pas leurs hologrammes, mais bien eux. De là où je me trouvais, il était aisé de voir qu'ils avaient été bien lotis. Contrairement à la salle de combat, leur salle ou devrais-je plutôt dire le mot « salon » contrastait avec la pièce grise. Les tentures étaient brunes et rouges, presque royal. Une grande table prenait place au centre où était disposé des ordinateurs et négligemment une coupe de fruit avec quelques coupes de champagne. Comme si c'était le moment ! Ils avaient l'air de dieux grecques là-haut. En quelque sorte, ils l'étaient, c'était d'eux que dépendait mon admission au sein des Rangers. Ils avaient le pouvoir de sceller mon destin.

— Génial, il ne manque plus que le pop-corn, ironisais-je.

— Mademoiselle Rey.

C'est le président du Comité qui avait levé la voix. Est-ce qu'ils pouvaient m'entendre là-bas ? Non, aucun danger. Il y avait une vitre et il parlait dans un micro. Je me redressais de tout mon long.

— Oui, monsieur.

— Prenez place sur le ring.

J'aurais ajouté : et faites nous rire, mais assez d'humour noir pour la journée. Je montais sur l'imposante estrade et l'arpentais pour être plus en contact avec le sol. Prendre mes marques comme le répétait cent fois Carmen. Un bruit robotique retentit sur le ring. Des cubes bleu s'assemblèrent pour former un corps​ humain, de femme à en croire les formes. Plus mon adversaire se matérialisait et plus mon angoisse grandissait. Ses cheveux noirs ne m'était pas indifférent, cette bouche pulpeuse non plus. Le nez légèrement recourbé. Cette peau couleur café clair, ses grand yeux marrons sombre. C'était... moi ! Enfin pas totalement moi. Il s'agissait d'un hologramme qui me représentait en tenue de combat. Tout de suite Gaïa... enfin la femme en face de moi adopta une posture. Et je la connaissais que trop bien, étant donné que je la faisais à chaque fois avant de commencer à m'entraîner au combat. Flippant ! Donc voilà mon test, me battre contre moi-même !

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant