Ankor livre I

Chapitre 13 : «C'est mon ami.»

— Silence ! Les enfants, silence !

L'institutrice tentait tant bien que mal de maintenir l'ordre au sein de la salle de classe. Ce n'était pas évident. Mais  comment les blâmer ? Tous les élèves avaient dans la douzaine d'année. Certains étaient nés à Espérance, tandis que les autres étaient des rescapés des villages trouvés par les Nomvikelis : les protecteurs de la paix. Une minorité seulement avait été adopté par des hauts-fonctionnaires ou des citoyens de la cité mais la majorité demeurait toujours orphelin. Ceux-ci logeaient à l'Internat, bâtiment sans chaleur humaine avec les règles strictes qui s'imposaient. 

Le calme revint petit à petit dans la pièce. Chacun face au regard dur de la professeure arrêta son bavardage. Le tumulte des uniformes bleu se remplaça par des lignes rangées et ordonnées attendant le cours matinal. Enfin le calme. Aucun bruit ne fut perceptible au milieu de la salle de cours. 

— Bien. Qui peut me rappeler ce qu'on a dit hier en Histoire ?

Toujours pas de bruit. Elle chercha parmi les rangées un volontaire mais chacun s'obstinait à éviter son regard par toutes les façons qu'il soit. Un son parasite demeurait cependant dans la pièce. Un bavardage guilleret certes, mais qui n'avait sûrement rien à voir avec le cours. Elle fouilla la classe du regard une nouvelle fois, espérant trouver l'auteur de ce bruit. Il s'agissait d'Élise, Élise-Lucie plus précisément. 

C'était la petite fille que le président du parti Conservateur Jacob Jefferson avait adopté. Comme c'était la plupart du temps le cas, elle bavardait avec Skylar O'Connor. 

— Élise, l'interpella-t-elle.

La petite fille se leva d'un bond au garde-à-vous :

— Oui, madame.

— Peux-tu nous rappeler de quoi avons-nous parlé ?

— On a parlé de ce qui s'était passé entre 2500 et 3200 ans.

— Bien. Alors, vas-y. Tout le monde t'écoute.

Tous les regards se tournèrent en direction de la jeune fille. Celle-ci imperturbable débita sa leçon avec calme et conviction.

— En 2500, après la Cinquième Guerre mondiale, les scientifiques se sont rendus compte que les cataclysmes affaiblissaient la Terre et que tôt ou tard, elle ne pourrait plus produire autant de richesse qu'avant pour l'espèce humaine.

Elle marqua une pause avant de révéler la suite. 

— Les gouvernements ont pris la décision de lancer des missions dans l'espace pour trouver des planètes, les coloniser et permettre la survie de l'espèce humaine. Au final, ils en ont trouvé une.

— Et peux-tu nous dire le nom de cette planète, Élise ? Ou peut-être que ton voisin de table peut t'aider. Skykar ?

Le jeune garçon se leva lui aussi d'un bond, se tenant droit et fière aux côtés de sa camarade :

— Ankor, madame.

— Rassis-toi. Et Élise, que s'est-il passé après que certains soient partis sur Ankor en l'année 3200 ?

— Les populations restantes de la Terre ont décidé de reconstruire ce qui pouvait de la planète malgré les nombreuses catastrophes naturelles. Et c'est à partir de là que sont nés les villes civilisées d'Espérance dans l'ancien Brésil, Russie, Inde et Chine. Plus celle où nous nous trouvons, l'ancien pays d'Afrique du Sud à la capitale Johannesburg.