Chapitre 35 : «Ma Gaïa, tu m'as tellement manqué...»

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Après cette découverte, je ne voyais plus les choses de la même façon. Les Rantadiens vivaient en même temps que nous sur Ankor et tout le monde l'ignorait. Et à ceux que disaient les fresques de la caverne, les humains étaient aussi responsable de leur exil dans la forêt tropicale. Mais pourquoi étaient-ils tombés dans l'oubli ? Pourquoi est-ce qu'on cachait leur existence ? Cela n'avait aucun sens. J'aurais dû trouver quelque chose sur les Rantadiens, même si c'était une info minime, j'aurais dû la trouver !

La main consolable de Dï-Ego me tira de mes pensées. Je le regardais essayant de déceler un sentiment qui pouvait montrer que c'était les humains qui étaient à l'origine de cela. Par principe, il aurait dû me détester. Surtout lorsque je l'avais électrocuté ! Mais non. Avec ses grands yeux sombres, il me regardait, me dévisageait et me souriait. Notre échange silencieux fut interrompu par le peuple de mon ami qui s'empressa de courir vers la caverne afin de me kidnapper ! Me couvrant de collier et de fleur au passage. Sans que je m'en sois aperçue, ils m'avaient conduite dans un cercle où chacun avait déjà pris sa place. Dï-Ego réussit à se frayer parmi les siens et à se placer à côté de moi. Après quelques mots du chef de la tribu, la fête commença.

Toute la soirée ne fut que danse, chant et dégustation. Je pensais que bien vite, ils oublieraient ma présence ou me mettraient volontairement à part. Au contraire ! Ils me considéraient comme l'une des leurs. M'invitant dans leurs danses aux rythmes endiablés, partageant avec moi leur nourriture et parlant avec moi. Même si je ne comprenais pas un traître mot de ce qui me racontait, j'avais l'impression d'avoir toujours était ici, c'était étrange mais rassurant à la fois.

Lorsque les derniers coups de tambours raisonnèrent parmi les Rantadiens, la fête se termina et chacun alla à sa cabane se reposer de ces réjouissances qui avaient eu raison de ma forme physique. Comme une évidence, mon ami m'emmena chez lui et me fit dormir sur une natte en paille tressée. Je n'eus pas le temps de découvrir son logis que quelques minutes plus tard, je tombais dans un sommeil profond.

***

Des cris raisonnaient dans ma tête. Des bruits d'armes à feu, des pleurs vinrent s'ajouter à des images toutes plus abominables les unes que les autres. Le sang s'étalant sur le sol. Les maisons saccagées. Et cette peur, cette peur qui me tiraillait le ventre. Je fermais les paupières afin de me réveiller de ce cauchemar dont je ne voulais voir davantage en pensant que tout cela allait cesser à mon réveil. Lorsque mes yeux se fermèrent dans le rêve, mes paupières s'ouvrirent sur le monde réel.

J'étais toujours dans la cabane de Dï-Ego, couchée par terre. Je me redressais pour vérifier que mon cauchemar n'était bien que le fruit et seulement le fruit de mon imagination. Je fus bien contente de me rendre compte que c'était bel et bien le cas. Pas de trace de sang, ni l'ombre d'une arme à feu. Les Rantadiens préféraient les lances. Cependant, il y avait toujours cette horrible odeur de brûlé et de sang dans les parages qui m'avaient suivi jusqu'à mon réveil. Ce n'était pas normal. En regardant la fenêtre, je m'aperçus d'un détail qui allait changer ma soirée en un instant.

Une lumière étrange brillait dans le village et les Rantadiens couraient en tous sens, telles des ombres chinoises derrière le rideau. Elles se déplaçaient dans un brouhaha peu commun remplacée bientôt par des silhouettes ressemblant trait pour trait à celles... d'humains ! Des humains les poursuivaient ! Je me levais rapidement afin de sortir de ma léthargie, me rendre compte que ce n'était pas un cauchemar, mais bien la réalité. On attaquait le village ! Je courus presque à l'entrée de la cabane pour regarder de plus près le spectacle macabre qui se jouait devant moi et les bruits que j'avais entendu il y a quelques minutes devinrent de plus en plus distincts à mes oreilles. On criait et on pleurait. Le village avait pris feu dans la plupart des cabanes d'acajou ! Des Rantadiens avaient pris leurs armes afin de défendre les leurs contre les assaillants qui étaient nombreux, mais aussi bien armés. Je reconnaissais très bien les armes lasers et les protections qu'ils avaient. Ils étaient masqués par des casques et portaient une tenue que je n'avais jamais vue de ma vie, du moins pas dans la seconde. Une combinaison qui ressemblait de près à celle des Rangers, mais qui ne l'était pas. La nôtre était noire et seulement noire. Tandis que la leur était noir mais rouge par endroits. Et le vaisseau qui avait atterrit en plein milieu du village n'était pas un Space Motor. C'était déjà ça. Ceux qui nous attaquaient, n'étaient pas des alliés.

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