Ankor livre I

Chapitre 48 : «Mais je veux que tu saches que je t'aime...»

La jeune femme était chez elle. Dans sa chambre. Comme d'habitude avait-elle envie de penser. En ce moment elle passait la plupart de son temps dans sa chambre et quand ce n'était pas dans sa chambre c'était dans les centres d'entraînements spatiaux. Peu importe, les jours se ressemblaient. Elle avait dix-huit ans à présent et elle n'avait plus rien de la jeune fille qu'elle avait été. Depuis que Roland Demanla lui avait dit toute la vérité sur son village elle s'était empressée de rejoindre le Parti Humaniste. Par revanche contre son père adoptif ? Peut-être. Elle-même ne saurait vraiment le dire. Ses amis étaient au courant de sa décision et étaient plus qu'heureux qu'elle les suive, mais Demanla le président Humaniste n'était pas dupe. Il savait que le travail avec Élise était loin d'être terminé et que c'était un membre dur à convaincre.

Même si elle les avait rejoint, il savait que la jeune femme était toujours méfiante et que c'était se tromper de la prendre pour une frêle créature sans défense et dénuée de raison. Certes, c'était elle qui s'occupait du trafic d'arme dans les villages alentours et encore elle qui détournait une partie de l'argent ou des vivres à l'intention des habitants de la Basse-Ville. Tout ça dans le dos de son père adoptif. Mais il savait par ailleurs qu'elle le faisait par justice et non parce qu'elle l'aimait lui ou ses idées.

Avec le temps, l'orpheline s'était éloignée de Jacob Jefferson, cet homme qu'elle avait longtemps admiré. À présent, elle avait du mal à avoir une conversation de plus de dix mots avec lui. Les dîners étaient tous tendus. Mais la jeune femme se méfiait encore plus de Demanla à présent.

Pas plus tard qu'il y a une semaine, avec trente autre candidats, elle avait réalisé le concours destiné à savoir si elle ferait parti du projet spatial en temps que pilote du vaisseau qui allait à destination de la Triade des Dieux. Elle l'avait fait parce que Jacob l'avait supplié de le faire et d'une certaine façon de la même façon qu'elle voulait l'éviter, une autre part d'elle voulait se rapprocher de son père adoptif.

Elle avait était d'autant plus surprise en voyant que Skylar O'Connor faisait parti des candidats. Skylar était doué. Très doué. Mais jamais il ne lui serait venu l'idée de faire partie du projet spatial volontairement, tout comme de faire semblant de rejoindre les Conservateurs qui incarnaient tout ce qu'il détestait. C'était un plan de Demanla une fois de plus. Et cela l'énervait encore plus de ne rien savoir à ce sujet. Pourquoi faire partie des Humanistes si elle ne pouvait protéger son meilleur ami du danger imminent qui se rapprochait à la vitesse grand V.

En fin d'année, les rapports entre les deux jeunes gens s'étaient ternis de plus en plus. Ils arrivaient à se dire bonjour et bonsoir, mais maintenant... Il y avait une sorte de fossé immense quasi infranchissable entre eux, qu'aucun d'eux n'arrivaient à franchir. Ils parlaient comme d'habitude, mais lorsque venait des sujets trop personnel tel que Jacob Jefferson, Roland Demanla ou le projet spatial, ils se disputaient sans ménagement sans oublier de se dire des choses horribles qu'ils regrettaient juste après. Ils ne se reconnaissaient tout simplement plus. Ni l'un ni l'autre. Tout leur groupe d'amis savait à présent, qu'il y avait de l'eau dans le gaz entre Élise-Lucie Mabiala Jefferson et Skylar Alexander O'Connor. Mais personne ne pouvait les aider. Seule eux le pouvaient. Ils ne tenaient qu'à eux d'être meilleurs amis, exactement comme avant.

Du haut de son lit la jeune femme était en train de voir la liste des derniers villages secourus dernièrement par les Nomvikelis et comment elle pouvait leur faire parvenir des armes pour qu'il puisse se protéger et acquérir leur indépendance militaire. On toqua à la porte trois coups. Vite, elle se leva et rangea les papiers dans un de ses tiroirs en veillant à ce que rien ne trahisse leur présence et elle prit un livre au hasard dans sa bibliothèque avant de se remettre exactement dans sa position initiale.