Chapitre 63 : «Tu es le seul...» partie 2

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Le bruit apocalyptique des mess se faisait de plus en plus distinct à mesure qu'elle s'enfonçait dans le couloir. Le son des couverts raclant les assiettes et des ustensiles de cuisines. Les cris, les rires, les différentes langues qui se côtoyaient dans les conversations dans ce joyeux bazar. Comme si elle était une habituée des lieux, joyeuse comme un pinson, elle attrapa un plateau, prit ses couverts, son verre et attendit qu'on lui serve un bol de nouilles chaudes. Elle remercia par un « xie xie » polit avant de rejoindre sa table.

Certes, les mess pour les Wèi shi d'Espérance C était beaucoup plus grande que celle d'Espérance A-S, mais elle n'eut aucun mal à reconnaître les siens. Un : il ne s'était pas mélangé avec les autres. Deux : ils occupaient une table pour les invités et trois : Tom, bien que médusé par sa transformation capillaire lui faisait toujours de grands signes. Sa bonne humeur toujours avec elle, elle arpenta la cantine jusqu'à la table et lorsqu'elle se présenta à ses amis, tous la regardèrent troublés, excepté Altaïr qui avait assisté à la métamorphose.

— Tes cheveux, commença Inès en baissant ses baguettes.

— Alors, vous me trouvez comment ?

Elle n'avait pas fait d'énorme changement, mais cela lui avait fait plaisir. À présent, ses cheveux naguère frisés, long et épais étaient coupés court près de son cou, mais était toujours ponctués de ses éternels boucles.

— Ça passe, assura Inès.

— Ça te va bien, complimenta à son tour Miguel.

Ravie de l'effet qu'elle avait suscité chez ses amis, la jeune femme s'assit parmi eux, toujours joyeuse. Mais son sourire s'estompa soudainement lorsqu'elle s'aperçut de l'absence d'un membre du groupe. La place juste en face d'elle était vide. Une fois de plus. Comme pour répondre à son interrogation silencieuse en considérant la place en face d'elle, Miguel l'informa discrètement. De toute façon personne ne pouvait les entendre.

— Il mange avec ceux d'en haut, le président et toute la bonne société, railla-t-il.

Une fois de plus, l'absence de son meilleur ami freina brutalement sa bonne humeur. Ça en devenait exaspérant à force. Pourquoi sur tous les garçons d'Espérance, c'est lui qu'elle aimait ? Tel un ange gardien, en voyant sa mine contrite, le brésilien ajouta :

— Il sera dans sa chambre toute la soirée.

Étonnée, ça oui elle l'était, mais avec un peu de jugeote et de volonté elle saurait tourner cette information à son avantage. Elle souffla un « merci » à son ami avant de concocter mentalement ce qu'elle allait dire à Skylar après dîné. Cette fois-ci, rien ne pourra l'empêcher de dire à son meilleur ami ce qu'elle ressentait.

***

Arrivée enfin devant la porte de la chambre, Élise frappa deux coups. Sans attendre que le maître des lieux ne lui dise un « entrez » significatif, elle ouvrit elle-même le battant et se pointa dans la chambre de Skylar. En voyant son air ébahi, elle se douta bien qu'il ne s'attendait en rien à sa visite ce soir.

— Élise, dit-il simplement comme pour vérifier si c'était bien elle et pas une hallucination.

— Tu nous a manqué ce soir. C'était bon, là-haut ?

— Oui, c'était bon, répondit-il en fuyant son regard rangeant un de ses vêtements dans un sac.

— Tu as remarqué ? J'ai changé de coupe, montra-t-elle en tournant gaiement sur elle-même. Tu trouves ça comment ? Et s'il te plaît la vérité pas de moquerie.

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