Chapitre 5: «Je me disais que c'était l'occasion pour ton entrée dans le monde.»

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C'est ainsi que la docteur Grâce Rey devint ma tutrice officielle. Les premiers jours, nous nous parlions peu, mais au fur et à mesure, une sorte de complicité naquit entre nous. L'appartement de Grâce était devenue ma nouvelle maison. Je m'y sentais comme un poisson dans l'eau. La doctoresse travaillait peu ses derniers temps, elle en profitait donc pour passer du temps avec moi et je pus visiter la cité d'Andromède. Entre cinéma, musée, magasins, course et visites, je n'avais pas le temps de souffler. Au point que ma mémoire était passée à côté.

Quelquefois, il m'arrivait d'avoir des flashs la nuit. Des impressions ou des sensations, mais rien de concrêt. Lorsque j'en parlais à Rey, elle se refermait aussitôt. Je ne sais pas si je me trompais ou quoi, mais je pense qu'elle s'était attachée à moi. Et retrouver un souvenir de mon passé, augmentait la probabilité que je sorte pour toujours de sa vie. J'essayais de refouler ses souvenirs ou du moins les oublier l'espace d'un moment. Au final, cela ne servait à rien, car ils ne refaisaient pas surface. Ainsi aller la vie.

J'étais dans ma chambre en pleine étude. J'avais tenu à en faire par correspondance et Rey m'avait fortement encouragé. On ne savait jamais, cela pouvait servir. Les bruits de pas dans le salon raisonnèrent. Je laissais de côté mon ouvrage et rejoignis la pièce beige. Le salon était beau, les murs beiges rendaient la salle conviviale et à la fois moderne. Des plantes vertes l'agrémentaient et le mobilier était soit blanc ou noir. Je vis Rey chargée de deux sachets marqué de deux S entrelacées.

— Coucou, Gaïa, je suis de retour, fit-elle tandis que la porte automatique se refermait et que Jupiter le petit chat roux cherchait à griffer les sachets.

Jupiter était l'animal de compagnie de Grâce. Dès mon arrivée, il m'avait accueillis. Il était tout petit, on aurait presque dit un chaton et il avait une jolie couleur rousse. J'avais du mal à résister à ses miaulements quand il restait près de sa gamelle.

— C'est quoi tout ça ? demandais-je en considérant les deux sacs.

— Ça c'est... commença Grâce en cherchant ses mots. Trois fois rien.

Elle les posa sur le canapé.

— Il y a une réception ce soir pour le retour des Rangers. J'avais déjà commandé ma robe et je me disais que c'était l'occasion pour ton « entrée dans le monde ». Tiens.

Sur ces mots, je pris le paquet qu'elle me tendait et en retirais la surprise. La robe était tout simplement magnifique : longue, dorée à bretelle avec une fantaisie dans le dos qui lui donnait un air moderne.

— Va l'essayer, me conseilla ma gardienne.

Je courus à la salle de bains l'enfiler, c'était exactement ma taille. Et lorsque je pénétrais dans le salon, je vis dans les yeux de Grâce, la fierté d'une mère. Je devais sûrement me méprendre. Cela ne faisait même pas deux semaines que j'étais arrivée.

— Tu es splendide, rayonna-t-elle.

— Merci, Grâce. Elle est très jolie. Mais tu n'es pas forcée de faire tout ça pour moi.

— Allons, pas de ça entre nous, dit-elle en balayant mes propos de la main. Si tu savais comme ça me fait plaisir.

***

Le soir un taxi était venu nous prendre pour nous emmener au Siège. Je n'y avais pas remis les pieds depuis le jour de mon arrivée. Mais cet endroit me laissait toujours un souvenir amer. Il était après tout l'endroit où l'on m'avait emmené sans ménagement comme une folle furieuse dans un hôpital. Mais de l'eau avait coulé sous les ponts depuis et je tentais d'essayer de profiter de cette soirée. Même si je dois dire que les soirées mondaines ne m'intéressaient pas plus que ça. Grâce avait mit une robe rouge pourpre longue à manche courte qui lui allait à merveille, ses cheveux d'un blond parfait étaient bouclés et tombaient en cascade sur ses épaules.

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant