Chapitre 29 : «Tu as un problème.»

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Le rayon de soleil taquina mon œil, me sortant par la même occasion de ma longue léthargie après cette merveilleuse nuit de sommeil, sans cauchemar. Je m'autorisais à rester dans mon lit un peu plus longtemps. Mais avant je vérifiais l'heure : 7h51. J'avais encore le temps. Le déjeuner était servi à partir de huit heures tapantes au self ou à la cafétéria. Tout dépendait de là où l'on voulait le prendre. Je rejoignis bien vite mon oreiller pour me reposer encore comme je l’avais prévu au réveil. Mais je n'y parvenais pas, trop excitée par les événements d'hier. 

Matthieu m'avait embrassé. Volontairement. À aucun moment, je ne l'avais forcé. Il m'avait embrassé après m'avoir dit toutes ces belles choses. Mais qu'est-ce que je devais penser de ce baiser ? Qu'il s'agissait d'un aveu des sentiments que le Ranger éprouvait à mon égard ? Ou un simple geste qu'il avait l'habitude de faire à l'encontre de n'importe quelle femme ? Au fond de moi, j'espérais que ce soit la première option, même si à proprement parlé, je ne savais pas les sentiments que j'éprouvais pour lui. 

Trouver quelqu'un attirant était une chose. Être amoureux, une autre. L'un n'entraînait pas forcément l'autre. J'étais complètement perdue, une fois de plus. La solution était de demander à Matthieu pourquoi il m'avait embrassé. Et c'est ce que j'allais faire.

Après avoir pris une douche et avoir mis mes habits d'entraînement de Rangers, je m'apprêtais à quitter ma chambre afin de rejoindre celle du capitaine. Le lit était vide, mais le drap au-dessus, était plié dans un fouillis innommable. Un souvenir de notre seconde nuit passé ensemble.

Toute sourire, je sortis de ma chambre et arpentais le couloir avec une certaine peur. Et s'il ne ressentait rien ? Et si son acte avait juste était dicté par sa trop grande bonté d'âme ? La honte si c'était le cas ! Une force me poussait à rebrousser le chemin avant de me retrouver dans la situation la plus gênante de ma vie. Mais le courage qui m'avait manqué hier, refit surface. Si Matthieu me trouvait un temps soit peu indésirable, il ne serait pas resté dormir, même si ce matin au réveil, il n'était plus là. C'est lorsque j'allais annoncer ma présence qu'une porte du couloir s'ouvrit. C'était celle de Thomas. Le blond, me regarda surprit puis vint à ma rencontre en me saluant sourire au lèvre :

— Hey Gaïa, ça va ?

— Salut. Oui, ça va, le rassurais-je.

— Tu t'es remise d'hier soir ? s'inquiéta-t-il. Je t'ai vu quitter la réception précipitamment. Tu étais malade ?

— Un petit malaise de rien du tout. Mais ça va maintenant.

— Cool. Tu viens déjeuner ? Ou tu voulais parler à Matthieu avant ?

— Pourquoi à Matthieu ?

— Tu es devant sa chambre, me fit-il remarquer avec évidence avec une once de moquerie face à ma défense qui ne tenait pas la route.

Quelle idiote je faisais. Je ne voulais pas que Thomas sache ce qui se tramait ou pas, entre moi et Matthieu. Il fallait que je trouve une excuse et vite :

— Ah oui, c'est vrai. Heu... Je voulais lui parler d'un truc. Mais finalement ça peut attendre.

— OK. Bon, on y va.

— Pars devant, je te suis.

Et Thomas commença à rejoindre la cabine argentée de l'ascenseur. Avant de le retrouver, je regardais à regret la porte de la chambre du Ranger. Finalement, ce n'était pas plus mal. Tout à l'heure, je trouverai peut-être mes mots pour lui faire part de mon ressenti sur ce qui s'était passé hier.

***

Toute la matinée, j'avais tenté de lui parler. Toute la matinée, j'avais cherché un prétexte pour lui parler, mais en vain. Matthieu n'était jamais disponible. D'après les autres, il s'était levé plus tôt pour déjeuner et avait planché pendant des heures sur la mission. Ensuite, il avait eu une dernière réunion avec les capitaines Rangers. Et à midi, il avait mangé dehors. Depuis le matin, je n'avais même pas vu ne serait-ce qu'un cheveu de Matthieu. Rien. Seul le drap froissé de mon lit, prouvait que cette nuit, il l'avait bien passé avec moi et encore... Le fait de toujours reporter le moment de notre confrontation, au lieu de me réjouir, ne faisait qu'accentuer mon angoisse. Ne devrais-je pas y voir un signe du destin ? Peut-être que je devais oublier ce baiser et lorsque je croiserai Matthieu, faire comme si il n'en était rien. 

Ankor livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant