En-cas à toute heure

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Phares dans la nuit, les pojangmacha (포장마차) attirent les passants qui s'arrêtent autour de leurs panaches alléchants, pour u déguster la plus typique des cuisines coréennes.

En Corée du Sud, vous serez vite frappé par la multitude de charrettes à bras et bouiboui de fortune – pojangmacha en coréen – qui se pressent sur les trottoirs, souvent aux bords des sorties de métro. Atmosphère locale garantie en fin de soirée, quand un ou deux clients traînent devant un pojangmacha solitaire, vapeurs et arômes tourbillonnant dans la nuit. Manger un morceau après s'être égosillé dans un karaoké (noraebang노래방) ou entre deux clubs : c'est aussi cela, la Corée.

Palette infinie :

Mais que vous proposent donc ces cuistots des rues ? En fait, tout dépend de l'endroit – on ne mange pas exactement les mêmes choses à Busan (부산) et à Séoul (서울) –, mais nulle part vous n'échapperez aux produits de la mer : poulpe séché sous toutes formes, servi avec tentacules entières, en galettes rondes ou en tempura (c'est-à-dire cuisinés en beignets et frit jusqu'à prendre une belle teinte dorée), ou pâtés de poisson dans un bouillon chaud bien goûteux. En fin de soirée, nouilles et potages réconfortent divinement avant de reprendre le chemin de l'hôtel ou de chez vous. Au petit déjeuner, pains et confiseries raviront les gourmands. Au final, personne n'échappera au tteokbokki (떡볶이), gâteau de riz (tteok 떡) cuisiné dans une sauce incendiaire. Les coréens sont près à marcher un quart d'heure dans le froid pour prendre leur tteokbokki favori, souvent servi dans une tasse en papier, et accompagné d'un bouillon de bœuf très épicé. Mais on peut aussi retrouver des pajeon (파전), sorte de pizza aux poulpes et aux noix de pétoncles, les beondegi (번데기) (larves de ver à soie) se servent bouillants lors des fêtes, ou au coin des rue. Très populaires, paraît-il, auprès des écoliers. Ou encore les aliments frits, bouillis, séchés, grillés, rôtis ou à la vapeur, vous n'avez que l'embarras du choix, une partie du jeu constant précisément à tester les plus bizarres d'aspect. Mais pas plus coréen que le fameux kimchi (김치), plat d'accompagnement – servi matin, midi et soir – à base de choux, le plus souvent mariné dans une sauce au piment, aux crevettes séchées, voire aux huîtres, pour l'attendrir et le parfumer à souhait.

Soju à toutes les sauces :

Rien de plus banal que ces bars à soju (소주) (ça c'est pour moi), liqueur de liqueur de riz ou d'amidon de pommes de terre qui accompagne toute une gamme d'anju (안주) (équivalent des tapas), allant des simples cacahuètes aux grillades de lamproie, plus savoureuses qu'il n'y paraît.

Chez les coréens, la boisson joue un rôle essentiel dans les relations professionnelles et sociales (dans les miennes aussi ^-^), et obéit à des rites complexes : par exemples, on ne se sert jamais soi-même, et les plus jeunes, surtout les femmes, doivent montrer leur respect pour les plus âgés en détournant la tête pour boire.

Contrairement aux coutumes d'autres cultures asiatiques, il serait grossier de remplir le verre d'un camarade ou d'un collègue tant qu'il ne l'a pas visé – vous auriez l'air de le bousculer. Mais si vous attendiez trop, vous l'obligeriez à se resservir lui-même, le condamnant – selon le dicton coréen – à ne jamais se marier...

La Corée du SudOù les histoires vivent. Découvrez maintenant